Depuis vendredi dernier, Gianni Infantino est devenu le nouveau patron de la Fifa. A l'issue d'un duel âpre avec Cheikh Salman, président de la Confédération asiatique, le candidat italo-suisse de 45 ans l'a emporté au deuxième tour en obtenant 115 voix, contre 88 pour son principal rival, et succède ainsi à Sepp Blatter à la tête de l'instance mondiale du ballon rond avec un mandat jusqu'en 2019. Désormais propulsé à la tête du football mondial, l'ancien juriste, passé par le Centre international d'études du sport (le fameux CIES) de Neuchâtel, va devoir relever le challenge qui se présente à lui, à savoir restaurer auprès du grand public et des sponsors la crédibilité d'une institution qui a vécu au rythme des scandales de corruption ces derniers mois. En attendant, Infantino pourra remercier bon nombre de pays issus du continent africain, plus grand réservoir de la planète avec pas moins de 54 fédérations, pour leur soutien, et ce, en dépit du soutien officiel apporté par la CAF à son opposant, Cheikh Salman. D'ailleurs, le président de la fédération du Liberia de football, Musa Bility, avait indiqué, quelques jours avant la tenue de ces élections de la Fifa, que 26 fédérations africaines ne voteraient guère pour Cheikh Salman. Parmi ces pays ayant soutenu Infantino, figure l'Algérie et son président de la FAF, Mohamed Raouraoua. Ce dernier aurait, nous dit-on, usé de ses contacts dans différents pays africains afin d'appuyer la candidature d'Infantino. Il faut dire aussi que depuis le fameux épisode de l'attribution de la CAN 2017 au Gabon, alors que l'Algérie était fortement pressentie pour abriter une telle compétition, les relations entre Raouraoua et Issa Hayatou ne sont plus au beau fixe. Ce qui expliquerait en grande partie cette position de l'Algérie de se démarquer de la CAF et de s'allier avec Gianni Infantino. Les bonnes relations entre le désormais ex-secrétaire général de l'UEFA et Raouraoua ne datent pas d'aujourd'hui. L'on se rappelle qu'au mois de novembre 2015, lors de sa visite en Algérie où il avait assisté au match face à la Tanzanie, Gianni Infantino avait assuré que le président de la FAF était un bon ami à lui. Le soutien de l'Afrique, Infantino n'est pas près de l'oublier. « Je pense que j'aurais du succès en Afrique. J'ai visité beaucoup de pays et rencontré des gens influents. Je pense obtenir plus de la moitié des votes car j'ai quelque chose de concret à offrir au continent », avait-il d'ailleurs annoncé quelques jours avant ce scrutin qui le hisse au plus haut rang. Un camouflet pour Hayatou et la CAF En tout cas, cette élection d'Infantino à la tête de la Fifa est un cuisant échec pour la CAF et son président, Issa Hayatou. Une gifle. Comme en 1998 où il avait soutenu le Suédois Lennart Johansson, le patron du football africain est une nouvelle fois passé à côté de la plaque. Pire, Hayatou aura été incapable de convaincre la majorité des fédérations africaines à respecter la consigne de la CAF, à savoir voter pour Cheikh Salman. Il y a comme un vent de révolte qui souffle sur la CAF, plus que jamais divisée. Une énième preuve que Hayatou ne fait plus l'unanimité au sein de l'instance qu'il gère.