Alors que l'OMS poursuit son action pour la riposte internationale au virus Zika, le directeur général, le Dr Margaret Chan, est arrivée dans le nord-est du Brésil pour visiter la région la plus touchée par les troubles neurologiques, notamment la microcéphalie du nourrisson que l'on suspecte d'être liée au virus. Le Dr Chan a visité un hôpital et un centre de recherche clinique à Recife, la capitale de l'Etat de Pernambouco où un nombre important de femmes enceintes ayant contracté l'infection à virus Zika pendant la grossesse ont donné naissance à des enfants atteints de microcéphalie. L'Institut de médecine intégrale Professeur Fernando Figueira (IMIP) est le centre national de référence pour les programmes de soins aux mères et aux enfants et ses programmes de proximité soutiennent les soins dispensés aux populations vulnérables dans les favelas situées aux abords de la ville. L'année dernière, alors que le virus Zika se propageait dans le Nord Est du Brésil, des milliers d'enfants sont nés dans la région avec une suspicion de microcéphalie. Bien qu'il existe de nombreuses causes à cette affection, les suspicions se sont orientées sur le virus Zika du fait que l'incidence de ces cas a augmenté dans des zones où le virus s'était implanté. De plus, plusieurs pays, dont le Brésil, ont notifié davantage de cas de syndrome de Guillain-Barré, un trouble neurologique pouvant entraîner une paralysie. Le Dr Carissa Etienne, Directeur de l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a également participé à la visite qui contribuera à l'évaluation continuelle de la situation du virus Zika et de la riposte. Le Bureau régional de l'OMS pour les Amériques (AMRO/OPS) a travaillé en étroite collaboration avec les pays affectés depuis mai 2015, alors que les premiers rapports sur le virus Zika dans cette région du Brésil ont été transmis. Riposte stratégique La semaine dernière, l'OMS a lancé son cadre mondial de riposte stratégique et son plan opérationnel conjoint axés sur la mobilisation et la coordination des partenaires, des experts et des ressources pour riposter à la propagation du virus Zika, ainsi que des malformations néonatales et des troubles neurologiques qui y sont associés. Flambée de maladie à virus Zika : plan mondial de l'OMS pour l'intervention d'urgence Dans le cadre de cette visite de haut niveau au Brésil, le Dr Chan a visité le Centre national brésilien pour la gestion des risques et des catastrophes (CENAD) à Brasilia et a rencontré la Présidente, Mme Dilma Rousseff. Au début du mois de février, suite à la première réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international sur le virus Zika, le Dr Chan a annoncé que le groupe de cas de microcéphalie et de troubles neurologiques signalés au Brésil, survenant après un groupe de cas similaires en Polynésie française en 2014, constituait une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). «Il faut une action internationale coordonnée pour améliorer la surveillance, la détection des infections, des malformations congénitales et des troubles neurologiques, pour intensifier la lutte contre les populations de moustiques et pour accélérer la mise au point de tests diagnostiques et de vaccins afin de protéger les populations à risque, notamment pendant la grossesse», a déclaré le Dr Chan. La microcéphalie est une malformation néonatale définie par une taille de la tête beaucoup plus petite que celle des autres nouveau nés du même âge et du même sexe. Elle s'accompagne d'une croissance insuffisante du cerveau, les nouveau-nés atteints pouvant présenter des troubles du développement. La gravité de la microcéphalie va de bénigne à sévère Ampleur du problème La microcéphalie est une affection rare. Les estimations rapportées de son incidence varient très largement en raison de différences dans la définition de l'affection et dans les populations cibles. Même s'il n'est pas prouvé, les chercheurs étudient le lien potentiel entre cette augmentation brutale du nombre de cas de microcéphalie et l'infection par le virus Zika. Diagnostic Le diagnostic précoce de la microcéphalie peut parfois être fait lors de l'échographie ultrasonore du fœtus. Les capacités de diagnostic de cette échographie sont optimales si elle est pratiquée à la fin du deuxième trimestre, à environ 28 semaines, ou au cours du troisième trimestre de grossesse. On mesurera le périmètre crânien des nouveau-nés au minimum 24 heures après la naissance et on comparera le résultat avec les normes de croissance de l'OMS. Ce résultat sera interprété en relation avec l'âge gestationnel de l'enfant ainsi qu'avec le poids et la taille de celui-ci. Les cas suspects devront être examinés par des pédiatres, subir des scanners du cerveau et faire l'objet de mesures du périmètre crânien à intervalle d'un mois pendant la petite enfance, dont les résultats seront comparés aux normes de croissance. Les médecins devront aussi rechercher les causes connues de microcéphalie Causes de microcéphalie De nombreuses causes peuvent être à l'origine d'une microcéphalie, mais la cause réelle reste souvent inconnue. Parmi les causes les plus courantes, figurent: les infections de l'utérus: toxoplasmose (causée par un parasite présent dans la viande insuffisamment cuite), rubéole, herpès, syphilis, cytomégalovirus ou VIH ; l'exposition maternelle à des produits chimiques toxiques: métaux lourds comme l'arsenic ou le mercure, alcool, rayonnements ou tabac; des anomalies génétiques comme syndrome de Down; et une malnutrition sévère pendant la vie fœtale. Signes et symptômes De nombreux enfants nés avec une microcéphalie peuvent ne présenter aucun autre symptôme à la naissance, mais ils grandiront en souffrant d'épilepsie, d'infirmité motrice cérébrale, de troubles de l'apprentissage, d'une perte d'audition et de problèmes visuels. Pour certains d'entre eux, le développement sera entièrement normal. Traitements et soins Il n'existe pas de traitement spécifique de la microcéphalie. Il importe que les nouveau-nés et les enfants atteints de microcéphalie soient évalués et pris en charge par une équipe multidisciplinaire. La mise en œuvre précoce de programmes de stimulation et de jeux peut influer positivement sur le développement des enfants. Il est aussi extrêmement important de conseiller et de soutenir les parents touchés.