C'est un nouvel épisode de l'affrontement entre les monarchies du Golfe (avec l'Arabie saoudite à leur tête) d'une part et, d'autre part, l'Iran et ses alliés régionaux. Parmi ces derniers, le Hezbollah libanais, qui est à la fois un parti politique et une organisation armée issue de la communauté chiite du Liban. Le Hezbollah intervient en Syrie, où il soutient militairement le régime de Bachar al-Assad. Les monarchies du Golfe – arabes et sunnites – l'accusent d'être actif dans d'autres conflits régionaux, notamment au Yémen aux côtés de la rébellion chiite contre laquelle une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite intervient militairement depuis près d'un an. Ces derniers jours, ce face-à-face régional entre les monarchies du Golfe et l'Iran a eu des conséquences au Liban. L'Arabie saoudite a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban. Elle a déconseillé les voyages dans ce pays. Elle a suspendu le programme d'équipement de l'armée nationale libanaise (de 3 milliards de dollars). Elle a également imposé des sanctions à des sociétés et des hommes d'affaires jugés proches du Hezbollah. Ces gestes interviennent dans un contexte libanais extrêmement fragile. Le pays est paralysé depuis près de deux ans par une grave crise politique avec, d'un côté, le Hezbollah et ses alliés et, de l'autre, un camp politique soutenu par l'Arabie saoudite. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a indiqué le 1er mars dernier que l'Arabie saoudite ne devrait pas punir collectivement le peuple libanais au seul motif qu'elle a des divergences de vues politiques avec le mouvement chiite libanais. «Terroristes» ? Le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, a dénoncé le cessez-le-feu en Syrie entré en vigueur vendredi et a appelé tous les rebelles syriens à intensifier leurs attaques contre les forces du président Bachar al-Assad et leurs alliés chiites libanais et iraniens. Dans un message audio diffusé par la chaîne de télévision Orient News, le dirigeant du Front al-Nosra, Abou Mohamad al Golani, ajoute que si le conflit en Syrie n'est pas réglé, il va s'étendre d'ici dix ans aux pays sunnites de la région, y compris l'Arabie saoudite. Il critique dans ce message le Haut-Conseil pour les négociations (HCN), coalition de l'opposition syrienne soutenue par Riyad, qui a accepté une trêve de deux semaines. «Méfiez-vous de cette tromperie de l'Occident et de l'Amérique car tout le monde vous pousse à revenir sous la coupe du régime oppresseur», a indiqué le chef de la branche syrienne d'Al-Qaïda dont les forces combattent aux côtés des rebelles dans plusieurs régions du pays. Le plan de cessez-le-feu présenté par la Russie et les Etats-Unis exclut de la trêve le Front al-Nosra, l'Etat islamique et tous les «groupes terroristes».