Quel avenir pour les révolutions arabes ? De vraies révolutions ? Il ne semble pas que les pays arabes, ou les peuples, vont s'en glorifier. La Libye est dans le chaos. La Tunisie n'en est pas mieux lotie. Et l'Egypte qui est une civilisation millénaire et riche ? L'Egypte fournit des éclairages grandeur nature sur l'avenir des «révolutions» sur le mode arabe. De quoi seront faits les court et moyen termes ? Sans céder à la tentation de produire une vision sur le long terme, une vision dont la marge d'incertitude serait d'autant grande que l'on vise loin, très loin, trop même, il est tout de même bien visible et palpable. Le lendemain d'une «révolution» donne le signal de l'amorce d'une autre révolution ou d'une correction de trajectoire. Pas une simple correction. Pourquoi une simple correction quand les forces en présence produisent des visions incompatibles entre elles, ont des convictions non négociables, ont des conceptions complètement antagonistes de la nature de l'Etat, ne se reconnaissent mutuellement, en fait pas, le droit à l'existence politique comme si elles vivent chacune sur sa propre planète. C'est ainsi que cela semble se passer dans le cas égyptien. Une correction qui se suffira des urnes ? Certainement pas, car les distances «politiques» sont assez trop longues pour espérer, malgré ça, pouvoir les réduire. S'il est plus facile de passer d'une dictature non islamiste (on ne parle pas de dictature laïque car aucun pouvoir arabe ne veut se reconnaître comme tel) à une dictature islamiste, il sera encore plus difficile de passer de la dictature islamiste à la démocratie. Ça sera très probablement une transition sanglante. C'est à ce niveau de transition que l'armée est appelée à s'interroger.