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Des milliers de diplômés universitaires occupent la rue
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 03 - 2016

Les statistiques avancées sur le chômage en Algérie suscitent moult interrogations. Des jeunes diplômés sans emplois restent méfiants quant à la véracité de ces chiffres et pointent du doigt les responsables politiques qui « ne font pas assez pour leur garantir un avenir meilleur ». Mohamed, Hassiba et Younes, sont des exemples vivants d'une catégorie de jeunes auquelle la vie refuse toujours de sourire. Leurs témoignages, à la fois émouvants et accablants, démontrent sans équivoque les maux dans lesquels se baigne la société.
Tout a commencé un certain mois de juin pour Mohamed. Ce jeune homme de 27 ans avait quitté l'université de Bouzaréah à Alger en 2011 après avoir accompli une formation en psychologie. Ce devait être un grand jour. Diplôme en poche, Mohamed ne met pas beaucoup de temps pour tourner la tête vers le travail et commença alors à déposer son Cv un peu partout : entreprises, centres de santé, administrations, écoles.. Au bout de deux mois, il a quasiment sillonné la majorité des entreprises basées à Boumerdès, sa wilaya de résidence, mais sans parvenir à décrocher le moindre contrat. Quel est le problème alors ? Commençait t-il à se demander. Suite aux multiples résultats négatifs dont il faisait objet après chaque demande d'emploi, le jeune homme commençait à avoir quelques explications et décidément un seul moyen pourra le satisfaire : le piston. «Quand tu es fraîchement diplômé en Algérie, il ne faut pas que tu comptes sur ta fameuse attestation ou ton savoir-faire pour trouver du boulot», dit-il ironiquement. On te trouve mille et une raisons pour ne pas te recruter; des explications comme : «tu n'as pas fait ton service militaire, tu habites très loin, ton profil ne nous convient pas etc». «Mais en réalité c'est pas ça le problème car si je me présente au nom d'une personne qui connait le boss ou qui possède un certain pouvoir, je serrais sans doute nommé au poste dès le premier jour sans subire aucun entretien». La population algérienne recèle d'importantes capacités humaines et matérielles susceptibles d'en finir carrément avec le fléau du chômage. La population algérienne a atteint selon les dernières statistiques officielles le seuil de 40.2 millions d'habitants dont 63,1 % en âge d'activité. C'est une force qui se cache dans notre société, mais rien ne marche sur le terrain. Responsables tueurs d'espoir Parmi les mésaventures que Mohamed ait vécues dans sa quête au travail, il y a celle-ci avec un Directeur de Ressources humaines d'un centre réservé aux personnes handicapées qui vient tout récemment d'ouvrir. Dans des structures de ce genre, le jeune Mohamed sait bien que la présence d'un psychologue est indispensable, donc il s'est dit que c'est l'endroit parfait pour s'y rendre. Ce jour-là, on m'a laissé attendre des heures et des heures dans la salle de réception avant de me montrer la porte du bureau du DRH. C'était un type d'une cinquantaine d'années, il m'a contemplé d'un œil vipérin comme je m'y attendais. Ça a commencé très vite, d'abord par une une brève discussion avant de passer au Cv qu'il a bien examiné. Au bout d'un moment, il m'a dit tout bonnement que mon diplôme ne me permet de pourvoir à aucun des postes disponibles et qu'aucun métier répondant à mes études n'est ouvert. Et là, ce fut le choc pour moi, c'était comme une gifle que je recevais en plein visage. Dans les pays qui se respectent, tous les centres de santé disposent d'un psychologue, c'est un job très respecté et très bien considéré. En Algérie, c'est tout le contraire, tu finis tes études et on te met dehors. Mohamed était dans un état d'esprit lamentable, il se voyait comme étant «incomplet». Il était dans une situation qui incite à toutes les aventures. De mauvaises intentions commençais à se dessiner alors dans sa tête, «j'avais le moral dans les chaussettes. Après plus de 15 ans d'études je me retrouve dos au mur. Sans aucune perspective. J'aimais tant ma spécialité et je voulais de tout cœur y faire carrière. Mais je me sentait incapable, je voyais tout noir, j'étais confronté à un vrai chaos. La période qui s'en était suivie s'annonçait difficile pour moi, je commençais à perdre confiance et pensais à faire des choses terribles, comme boire de l'alcool ou consommer des psychotropes. Heureusement qu'il y avait des gens qui m'ont soutenu à ce moment là, des amis, ma famille, ils étaient tous à mes côtés, ils m'ont beaucoup parlé pour que je tienne le coup et ne tombe pas dans de mauvaises pratiques». Impossible pour moi de travailler à 15 000 DA/mois, je ne suis pas un mendiant Plusieurs diplômés de l'Enseignement supérieur tombent dans les mains de quelques employeurs opportunistes leur seul but étant de les exploiter au maximum au plus bas coût. C'est le cas de Hassiba, une architecte de 23 ans, victime de plusieurs actes de chantages. A l'instar de tous les nouveaux diplômés, Hassiba s'est lancée dans son périple à la recherche d'e l'emploi et c'était une aventure pleine de «mauvaises» surprises. «Je croyais que les choses allaient fonctionner le plus normalement du monde pour moi, renchérit-elle, mais c'était exactement le contraire qui m'était arrivée. Lorsque j'ai terminé mes études, il y a trios ans, à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger (EPAU), je suis allée à la recherche d'un travail dans des bureau d'affaires et autres sociétés d'architecture relevant du secteur privé et, croyez moi, j'étais énormément surprise du salaire qu'on me proposait..c'était juste minable!» L'espoir de Hassiba de décrocher un contrat de travail digne de nom, a fini par s'évaporer et toutes les propositions ne répondaient ni à ses ambitions ni à son bagage intellectuel. Le plus gros souci pour elle concernait le volet financier puisque d'aucun ne lui a faite une offre intéressante, bien qu'il y ait un cadre de travail plus ou moins acceptable. «Rien ne peut te motiver si tu n'as pas une bonne rémunération. C'est-à-dire un bon salaire qui te permettra d'être à l'aise au quotidien, te déplacer, manger, payer les factures. A mon avis c'est le côté le plus important dans un contrat. Je ne veux pas dire par là que le salaire doit toucher un plafond, mais qu'il soit un peu juste et adapté aux qualités du candidat. On ne peut pas demander à un architecte de bosser à 15 000 ou 20 000 DA, c'est ignoble et personnellement je ne peux pas accepter ça», ajoute t-elle. Comme Mohamed le psychologue, Hassiba ne va pas à quatre chemins pour remettre en question les modalités d'embauche basées sur le piston qu'adoptent certains recruteurs, «c'est une réalité chez nous en Algérie. Maintenant j'ai une petite expérience avec eux, ils sont malins, les personnes avec qui je me suis entretenues avaient, presque toutes, un double langage. Beaucoup m'avaient promis de donner suite à ma demande, beaucoup avaient laissé en moi un grain d'espoir pour enfin trouver un poste intéressant. En vain. En revanche, je suis certaine que si mon père était quelqu'un d'influent et tissait de bonnes relations avec les employeurs, tout aurait bousculé à mon avantage (elle grimace) «. Les femmes sont-elles moins intransigeantes ? Le phénomène du chômage touche des milliers de jeunes issus de l'Enseignement supérieur et des grandes écoles algériennes. Les statistiques de l'ONS affirment que 21 % des chômeurs en Algérie possèdent un diplôme universitaire, par ailleurs, le rapport indique que «le taux de participation à la force de travail de la population âgée de 15 ans et plus (ou taux d'activité économique) s'établit à 66,8% auprès des hommes et 16,4% chez les femmes». Evidemment, la dominance du sexe masculin est indiscutable mais l'idée que les femmes occupent la plupart des postes, en particulier dans le secteur des services marchands, demeure très répandue auprès de l'opinion public. Younes, un jeune journaliste de 30 ans, partage justement cet avis et croit que le monde du travail se féminise au fil du temps et il en a une explication : «De nos jours, les hommes sont moins présents dans les différents domaines de travail, ils n'ont désormais de place que dans les chantiers et les lieux de travaux forcés. La recrudescence du sexe féminin dans le marché du travail revient à plusieurs causes. A titre d'exemple, la plupart d'entres-elles ne refusent jamais les conditions –désagréables- qu'imposent les responsables. Il y en plusieurs qui acceptent de bosser contre une paie miteuse, pour vu qu'elles ne restent pas chez-elles à la maison. Il ne faut pas négliger aussi le fait que la femme compte se marier à l'avenir et avoir un époux qui subviendra à ses besoins donc automatiquement elle ne va pas réfléchir beaucoup trop sur le salaire. Toute proposition va lui faire les yeux doux». Journaliste qu'il est depuis 6 ans, Younes est actuellement en chômage. Il a décliné plusieurs offres à cause du salaire qu'il juge à chaque fois « indécent » pour un journaliste. L'oisiveté et le vide ont rendu Younes une personne extrêmement marginale et pensive. Il s'inquiète de sa situation actuelle et d'un avenir toujours incertain. « Je ne vous cache pas que la situation ne cesse d'empirer, avoue-t-il d'une voix triste. Quand j'ai quitté mon poste dans une chaîne privée, c'était pour dire non au directeur qui voulait imposer une certaine dictature sans tenir compte des valeurs déontologiques et les vrais principes du travail journalistique. J'avais démissionné avec conviction et si cela se reproduit mille fois, je réagirais de la même manière». Mis sous une terrible pression par sa famille et ses amis proches pour trouver un travail, Younes refuse de céder et ambitionne trouver un poste qui répondrait à ses aspirations sinon, il préfère chômer. « Je refuse d'être exploité par des pseudos-employeurs. Je suis un professionnel, j'ai acquis une formation de haut niveau, un diplôme universitaire, de l'expérience. Alors j'ai le droit, moi aussi, d'être exigeant. D'imposer mes conditions. Je ne suis pas en train de lamenter..", conclut-il. La dur réalité concernant le sujet des "Diplômés chômeurs" constatée à travers plusieurs témoignages fait état d'un sérieux désespoir qui frappe cette frange. Alors que le nombre des nouveaux étudiants qui rejoignent le monde professionnel connais chaque année une sensible augmentation, le secteur de l'emploi peine parallèlement à absorber cette masse et la société se dirige en effet droit vers une crise de main d'oeuvre qualifiée. En outre, les spécialistes et les décideurs dans le pays ne proposent aucune solution concrète à ces jeunes qui se
retrouvent donc contraints de changer leur métier de predilection. Mohamed qui aime beaucoup la psychologie, s'est vu obligé de divorcer avec elle. Cinq ans après sa graduation, il travaille aujourd'hui dans un atelier de fabrication de panneaux publicitaires. Hassiba, elle, n'a pas encore trouvé ce travail au salaire respectable dont elle rêvait, elle a choisi par conséquent de continuer ses études poste-graduations en architecture. Quant à Younes, il n'a plus envie de rejoindre une entreprise médiatique algérienne. Il a retrouvé de la confiance qui l'a motivé à se lancer dans une carrière de journaliste freelance.


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