Le Yémen est mis à feu et à sang par une guerre impitoyable. On la surnomme « la guerre oubliée». Elle oppose depuis le 25 mars 2015 une coalition sunnite dominée par l'Arabie saoudite à un mouvement insurrectionnel yéménite qui était parvenu à chasser du pouvoir Abdel Rabo Mansour al Hadi, le président contesté de la République du Yémen. Après onze mois d'opération saoudienne de « pacification », plusieurs ONG internationales s'indignent du degré de violence des Saoudiens. Ce conflit a déjà tué au moins 6 000 personnes. On estime que 82% de la population, soit plus de 21 millions de civils, ont besoin d'assistance humanitaire. Les combats au sol et les bombardements aériens ont fait du Yémen l'une des pires crises humanitaires au monde. Plus de 2 millions de personnes ont dû fuir leur foyer. Les Yéménites de tout le pays luttent pour se nourrir chaque jour et avoir accès à l'eau potable. Les risques de maladie, de malnutrition et de traumatisme psychologique sont extrêmement élevés, surtout pour les enfants. Plus de trois (03) millions d'entre eux n'ont pas accès à l'éducation. Les écoles et les hôpitaux sont en train d'être détruits. En plus de la guerre, le blocus paralyse ce pays, l'un des plus dépendants de l'importation. Il provoque des pénuries de nourriture, de carburant et fournitures médicales, augmentant la vulnérabilité de la population et affectant leurs moyens de subsistance. L'accès à de nombreuses régions du pays est extrêmement restreint en raison des combats au sol, des frappes aériennes et de la rareté du carburant. La guerre au Yémen a du mal à attirer l'attention du monde, car c'est une crise qui dure, dont la montée en puissance est lente et qui est inaccessible aux médias. Cependant la situation de crise perdure et les populations ont fortement besoin d'assistance humanitaire. Cependant aucune indignation mondiale ne se fait entendre. Face à la catastrophe des réfugiés syriens qui fait actuellement la Une des médias, on ne peut qualifier ce silence que d'hypocrisie. De plus, les Etats-Unis soutiennent cette agression de la part de l'Arabie saoudite. Dans cette guerre, comme dans tant d'autres, le principe du droit international de la responsabilité de protéger est dévié en son contraire. Ce principe devrait rendre possible une intervention de la communauté internationale pour empêcher des crimes contre les populations civiles. Mais cette fois, le «gouvernement officiel» du Yémen (c'est-à-dire le président Hadi) fait bombarder son propre pays depuis son lieu d'exil. Ainsi et loin des projecteurs médiatiques, certains observateurs s'interrogent si ce n'est pas le sort du Moyen-Orient qui y est en train de se jouer en prolongement du théâtre de jihad que constituent la Syrie et l'Irak. En effet, cette guerre n'est que le prolongement du « grand jeu » extrêmement complexe qui a lieu dans la région opposant le monde chiite et le sunnite, lui-même divisé entre salafistes-jihadistes, Frères musulmans, wahhabites saoudiens et «modérés».