La directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou a insisté, lors de la clôture des activités du mois du patrimoine, sur la nécessité de sensibiliser et de capter l'attention du large public et les jeunes générations sur l'importance de notre histoire dans la construction du présent et du futur. «Considérant que le patrimoine culturel constitue le témoin et la mémoire du peuple, notre direction sous le parrainage du ministre de la Culture et sous l'égide de Monsieur le wali, en a toujours fait l'une de ses priorités et demeure engagée pour sa préservation et sa sauvegarde», a indiqué Nabila Gouméziane. Intervenant à l'ouverture des travaux d'une journée d'étude consacrée aux royaumes Berbères de Koukou (Tizi-Ouzou) et des Ath Abbès (Béjaïa) organisée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Nabila Gouméziane a rappelé l'engagement de la direction de la Culture dans le processus de protection et de promotion du patrimoine. «Le patrimoine culturel constitue une richesse dont la protection, la conservation et la mise en valeur imposent, sur le territoire duquel il est situé, des responsabilités afin que ce patrimoine n'apparaisse plus comme un frein au développement mais comme un facteur déterminant de ce développement», a-t-elle dit. La première responsable du secteur de la Culture à Tizi-Ouzou est revenue sur les différentes activités organisées durant ce mois du patrimoine, citant la tenue d'un colloque, à l'ouverture, le 18 février dernier, sous le thème «patrimoine culturel, une approche vers un développement durable», plusieurs expositions au niveau du chef-lieu et des localités, un atelier patrimoine au niveau de la maison kabyle, un autre atelier de calligraphie en Tifinagh et, une caravane en direction des écoliers, à la Maison Abane, la zaouïa Sidi Ali Moussa, la Résidence des Ath Kaci, le site antique d'Azzfoun, l'hôtel de ville de Tizi-Ouzou et, le village traditionnel Ait El Kaid. Pour cette clôture, a poursuivi Nabila Gouméziane, nous avons voulu aborder un thème qui met en exergue notre histoire et notre mémoire collective, en se penchant, a-t-elle dit, sur une figure emblématique historique, Ahmed Oulkadi, fondateur du royaume de Koukou et un véritable guide fédérateur et un guerrier qui a combattu différentes occupations. «Aucun édifice public n'est dédié aux rois de Koukou» Dans une communication intitulée «Le royaume de Koukou, entre histoire et légende», Mohand Boukhtouche, le P/APC de Souamma, à l'est de Tizi-Ouzou, a regretté que «le patrimoine et la résistance» des rois de Koukou soient occultés à l'indépendance du pays. «L'histoire officielle célèbre les corsaires turcs et réduit les rois de Koukou à une légende, lorsqu'ils ne sont pas occultés», a-t-il déploré. Aucun établissement, aucun édifice public n'est dédié à leur patriotisme et à leur résistance, a poursuivi Mohand Boukhtouche. Si bien que, a-t-il fait observer, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ait, durant la campagne présidentielle d'avril 2004, avait, pourtant, promis lors d'un meeting électoral à la salle Atlas d'Alger, de réparer cette injustice. A l'arrivée des frères Barberousse, Aroudj et Khair-Eddine, à Alger en 1512, Ahmed At-Lqadi, a rappelé le conférencier, était déjà un personnage de légende dont l'aura embrassait une grande partie du territoire kabyle. Koukou, un village accroché à flanc de montagne, sur un promontoire dans la tribu des At-Yahia, près d'Aïn-El-Hammam, accueille son camp retranché qui deviendra, quelques années plus tard, la capitale de son royaume. Descendant d'un célèbre juriste originaire d'At-Ghobri, dans la région d'Azazga, les At-Lqadi s'établissent dans la vallée du Sébaou dès la fin du XIVe siècle. Tout en faisant fructifier leur fortune dans la plaine, ils étendent peu à peu leur influence sur les tribus de montagne. Leur pouvoir politique ne commence, cependant, à s'imposer qu'au début du XVIe siècle, lorsque Si Ahmed At-Lqadi, ancien Cadi à la cour des Hafsides de Bougie, est nommé «gouverneur» de la province qui s'étend de Jijel jusqu'à l'oued Sébaou, dans la région de Tizi-Ouzou. Lorsque les Espagnoles s'emparent de Bougie en 1510, la famille régnante des Hafsides est en déroute. Si Ahmed At-Lqadi organise alors la résistance, et réussit à stopper l'offensive ennemie. Son autorité ainsi légitimée par le sabre, il devient, en 1514, le premier souverain du royaume de Koukou, qued ‘aucuns considèrent comme un moment particulier de l'histoire de l'Algérie. Cette dynastie règnera durant plus de deux siècles sur un vaste territoire, qui s'étend de Jijel, à l'est, jusqu'aux portes d'Alger. D'abord allié des Turcs contre les Espagnoles, le souverain kabyle devient très vite l'homme à abattre des représentants de la Sublime Porte qui peinent à lui imposer leur tutelle. En 1520, il repousse les détachements des milices de Khaïr-Eddine qui multipliaient les incursions dans la vallée du Sébaou, contraint le chef turc à fuir pour se réfugier à Djerba en Tunisie, et occupe Alger jusqu'en 1524. En 1546, Si Amar At-Lqadhi succède à son père. Il règnera jusqu'en 1618, date de son assassinat par son frère Mohamed, qui s'empare du Trône. Sa veuve, enceinte, se réfugie chez ses parents, dans la famille royale des Hafsides de Tunisie. La même année, elle donne naissance à un garçon. Surnommé Boukhetouche (l'homme au javelot), Si Ahmed Atounsi, encore adolescent, retourne en Kabylie, à la tête d'une petite armée, renverse l'usurpateur, et reprend le trône de son père. A partir de 1720, Ali Khodja organise le Makhzen des Amraoua, dans la vallée du Sébaou, avant de partir à l'assaut des dernières poches de résistance. En 1730, la dynastie de Koukou est vaincue ; les Turcs commencent à installer des postes avancés dans les plaines de Grande Kabylie. Le 14 juin 1830, un siècle après la chute de Koukou et les premières incursions turques en Kabylie, les troupes françaises débarquent à Sidi Fredj, sur la côte ouest d'Alger.