En mettant leur veto à la proposition franco-espagnole samedi, les Russes ont bloqué une résolution sur le dossier syrien pour la cinquième fois depuis 2011. C'est un jeu à somme nulle, ou presque, qui s'est tenu samedi 8 octobre à l'ONU au centre duquel la ville d'Alep assiégée, affamée et bientôt pulvérisée continue de payer le prix du sang. Le Conseil de sécurité examinait lors d'une réunion d'urgence deux résolutions distinctes d'inspirations franco-espagnole et russe. Mais, dès avant les votes, Vitaly Tchourkine, le représentant de Moscou à l'ONU, qui préside le Conseil de sécurité pour le mois d'octobre, avait prévenu que tout cela n'était qu'«une vaste mise en scène (...), un spectacle étrange car tout le monde sait pertinemment qu'aucune des deux résolutions ne passera». Les deux textes avaient pour objectif de relancer une cessation des hostilités à Alep. Mais le projet porté par Paris et Madrid réclamait aussi la fin des survols aériens de la seconde ville de Syrie où 250 000 habitants subissent des bombardements incessants des aviations russe et syrienne depuis deux semaines. Une ligne rouge infranchissable pour Moscou qui a mis son veto au texte malgré l'avertissement du président François Hollande. Lors d'un déplacement en Corrèze, il avait prévenu qu'un pays «qui mettrait le veto à cette résolution serait discrédité aux yeux du monde. Il serait responsable de la poursuite des exactions». C'est la cinquième fois que les Russes font obstacle à une résolution sur le dossier syrien depuis 2011. Mais Pékin, qui suivait jusqu'à présent la ligne de Moscou, s'est distingué cette fois-ci en s'abstenant. «C'est la première fois que la Chine se dissocie d'un veto russe sur la Syrie», a noté l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, qui espère «que cette lourde séquence syrienne soit un investissement pour exercer une pression politique maximale sur le régime et Moscou». Onze des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont voté favorablement à la résolution française, qui était par ailleurs parrainée par une cinquantaine de pays. Impassible, Vitaly Tchourkine a mis au vote sa résolution, quasiment identique au texte français, mais sans mention de l'arrêt des bombardements. Neuf pays dont la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont opposés au texte. La Chine, l'Egypte et le Venezuela ont voté favorablement.