Les présidents américain et russe ont discuté, samedi dernier, au téléphone, d'une éventuelle « résolution forte » du Conseil de sécurité sur la crise humanitaire en Syrie. Inédit qu'il soit, le résultat ne s'est pas fait attendre : le soir même, l'instance suprême de l'ONU a adopté, à l'unanimité, une résolution non contraignante réclamant la levée du siège de plusieurs villes syriennes. Présentée par l'Australie, le Luxembourg et la Jordanie, et soutenu par Londres, Washington et Paris, le texte appelle toutes les parties au conflit à « lever immédiatement les sièges des zones peuplées ». Les 15 membres du Conseil ont demandé également la fin des attaques contre les civils, « y compris les bombardements aériens et l'utilisation de barils d'explosifs ». La Russie et la Chine, ayant, dans le passé, bloqué trois résolutions successives sur la Syrie, ont voté le texte. L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a estimé que les amendements imposés par Moscou avaient abouti à « un texte équilibré », se basant sur le projet de résolution présenté par le Kremlin. Plus important encore : la résolution ne contient pas de « sanctions automatiques » comme le voulaient les Occidentaux. M. Tchourkine a plaidé pour que le Conseil de sécurité adopte une autre résolution pour dénoncer la montée du terrorisme en Syrie, le leitmotiv de Moscou et de Damas. Dénonçant une politisation du dossier humanitaire, l'ambassadeur syrien Bachar Jaâfari a, quant à lui, assuré que le gouvernement de Damas s'était efforcé « d'améliorer la situation humanitaire ». Sur le terrain, les succès enregistrés par l'armée syrienne dans plusieurs régions du pays n'ont pas laissés l'opposition armée et ses soutiens internationaux et régionaux insensibles. Selon la rébellion syrienne, l'Arabie saoudite, qui tente d'unifier et de renforcer les « rebelles », serait en pourparlers avec le Pakistan pour leur fournir des armes anti-aériennes et antichars capables de renverser l'équilibre sur le terrain. Une décision en porte-à-faux avec la politique des Etats-Unis qui imposent un veto à la fourniture de telles armes par leurs alliés aux rebelles, de crainte qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes. Mais l'échec des négociations de paix de Genève-2 semble pousser, petit à petit, les Américains à changer de position.