«C'est le grand classique. Il y a une telle pression économique sur les clubs que les dirigeants veulent tout faire pour atteindre leurs objectifs initiaux. L'entraîneur est le fusible parfait et le président, c'est l'intouchable. Il n'a qu'à appuyer sur le siège éjectable pour que l'entraîneur s'efface», faisait observer un expert. Voici quelques réactions d'entraîneurs et de médias recueillis : «Le président m'a dit que le message ne passait plus avec les joueurs. Je suis obligé d'accepter, c'est mon employeur. Mais je suis déçu de ne pas finir ce que j'ai commencé. J'ai subi tous les problèmes de la saison entre l'interdiction de recrutement et le comportement de quelques joueurs» ou encore : «On pouvait m'en parler fin janvier ou début février. D'ailleurs, à ce moment-là, je me suis douté qu'il se tramait quelque chose derrière mon dos. Lorsque les autres entraîneurs me demandaient si je restais, lors des pots après les matches, je répondais oui. Mais les dirigeants disaient : «On va réfléchir avec le bureau. À partir de là, c'est difficile d'avoir confiance. Et mon remplaçant, est venu nous voir jouer presque toute la saison. Je pense que la décision était prise depuis longtemps». Les joueurs indisciplinés profitent d'une complicité avec la direction pour s'imposer et lorsqu'ils ne sont pas sélectionnés ils deviennent tes ennemis et obtiennent gain de cause... La balade de nos présidents de clubs semble ne pas s'arrêter. Ils sont partout, à la recherche d'un entraîneur de «marque» mais ... souvent de passage puisqu'«un entraîneur ne pose jamais tous ses bagages quand il arrive. Il vient avec seulement un pantalon et une chemise.» C'est le conseil de base pour les entraîneurs... Le cas de la JSK en fait partie de cette situation. Hannachi vient d'ouvrir ses portes à un Tunisien après avoir fait éjecter Mouassa. On s'amuse bien, on veut bien faire croire que la faute incombe à l'entraîneur qui n'arrive toujours pas à trouver le meilleur code pour faire défoncer les buts adversaires par ses poulains. Le jeu n'est certes pas tellement facile mais il suffit simplement de connaître ses règles. Il y a d'abord cette Lune de miel, quand les patrons de clubs n'envisagent à aucun moment de remercier leurs entraîneurs lesquels devront réussir le pari. Le second tour c'est la stabilisation des résultats que garantira l'entraîneur. Eviter une fatidique série de cinq mauvais matchs. Le risque est gros, les dirigeants, soucieux de maximiser le résultat de l'équipe, se séparent du technicien en oubliant la bonne dynamique passée souvent au sein du club. Raymond Domenech disait récemment : «En général, si on regarde bien, ceux qui critiquent durement les entraîneurs ne se sont jamais assis sur un banc. Ils pensent savoir tout ce qu'il faut faire, comment il faut faire et ils donne des leçons aux autres, alors qu'ils n'y sont pas allés», notre confrère du Soir d'Algérie s'est déjà interrogé sur les missions d'un entraîneur. «L'entraîneur assume tout seul dans l'adversité et devient souvent le bouc émissaire qu'on désigne à la vindicte populaire. Haï et adulé, il est à la fois celui par qui le mal arrive dans l'échec et celui par qui arrive le bien dans l'euphorie.» Le comble dans cette valse à mille temps, on oublie que les joueurs stagnent, n'évoluent pas. Rares sont ceux qui se détachent du lot pour afficher leur excellent niveau de technicité, les autres par faute de formation affichent un niveau de jeu loin de satisfaire la galerie et c'est l'entraîneur qui paie la facture. Un observateur nous dira : «Au lieu de se séparer de son entraîneur, le président du club gagnerait plutôt à réaliser son centre de formation pour ses joueurs, ce qui contribuerait à faire stabiliser le club et a s'assurer de très bons résultats. Combien sont-ils aujourd'hui ces clubs qui disposent d'un cantre de formation ? Combien de joueurs se distinguent par leur jeu ? Le niveau est bas il est à un stade où l'inquiétude fragilise notre football. Etre entraîneur, c'est comme vivre sur un volcan : chaque jour peut être le dernier», résume Arsène Wenger, qui s'occupe d'Arsenal depuis 1996. En Europe, dit-on, la durée de vie moyenne d'un entraîneur à la tête d'un club européen est tombée à deux ans dans le sport professionnel. Sans qu'on sache si une telle instabilité porte ses fruits... sauf pour les bookmakers. Chez nous elle peut être de 48h comme il peut toucher la barre des 3 mois, rarement une à trois années. En 2014 Gianni Infantino, alors secrétaire général de l'UEFA déclarait : «En Europe toujours, tout le monde veut gagner dans le football...Mais quand on regarde les trois dernières années et qu'on voit près de 2 000 changements d'entraîneurs et des pertes combinées de plus de 4 milliards d'euros, il est clair que la famille du football a besoin de plus de stabilité, d'une vision moins court-termite, et d'une meilleure durabilité financière.» Chez nous, en janvier 2016, 30 entraîneurs ont été consommés au niveau de ces deux championnats, 14 en Ligue 1 et 16 en Ligue 2, soit un entraîneur par journée de compétition. Les entraîneurs sont les fusibles tout désignés après chaque mauvais résultat. Les présidents de clubs changent de coach comme ils changent de chemise. Et pourtant la FAF pensait avoir trouvé la parade pour freiner cette folle valse des entraîneurs, en limitant le nombre de licences à deux par saison pour chaque technicien, mais rien n'est fait. Aujourd'hui il serait plutôt juste. Au lieu d'engager des directeurs sportifs, les clubs feraient bien de chercher des psys, qui seraient bien plus utiles. C'est une fonction qui a un avenir certain, compte tenu des cas qui méritent d'être gérés. Aujourd'hui, le foot a besoin de communiquer, seulement avec des gestionnaires qui veulent faire développer ce sport au profit de tous.