Plusieurs livres exposés au 21e Salon international du livre d'Alger traitent des questions internationales et de la situation dans les pays arabes à la lumière des tensions que connaissent le Moyen-Orient et certains pays arabes comme l'Irak et la Syrie. Alfred Stephan, enseignant de sciences politiques à l'Université américaine Columbia et directeur du Centre d'étude de la démocratie, de la tolérance et de la religion, a rassemblé dans son livre intitulé Democracies in danger (Démocraties en danger) les recherches réalisées par d'éminents experts en sciences politiques analysant les problèmes qui menacent la démocratie pour tenter de trouver les moyens d'y faire face afin d'aboutir à un «meilleur système démocratique». Alfred Stephan, qui a reçu en 2012 le prix Karl-Deutsch (la plus haute récompense dans les disciplines des sciences politiques et de la politique comparée), a abordé les tensions que connaissent les pays arabes, notamment à la lumière de l'intervention étrangère. Dans son livre Why it's kicking every where: the new global révolutions, le journaliste britannique Paul Mason a donné un aperçu sur «le printemps arabe» dans le monde arabe, de la Tunisie à l'Egypte. Paul Mason a également abordé la situation en Iran et en Turquie et l'avenir des Etats-Unis d'Amérique, concluant que «aucune politique ne dure indéfiniment». Dans ce contexte, le journaliste anglais estime que dans le contexte des relations internationales «il est impératif de revoir les calculs et de redéfinir les intérêts à la lumière des mutations stratégiques au Moyen-Orient. L'Américain Norman Solomon a expliqué dans son livre War made easy comment les présidents et les élites américaines continuent à «tromper l'opinion publique» citant pour exemple «la guerre en Irak». Dans le même sillage, le Jordanien Imad Mohamed Diab Hafidh, qui est membre de l'Union des historiens arabe, a conclu dans son livre Politique de l'occupant que les crimes commis par l'occupant n'ont aucune motivation politique, dévoilant au passage les intentions réelles mis en avant par l'Occident pour l'invasion de l'Irak. De leur côté, les chercheurs Noam Chomsky et Ilan Pappé ont mis en avant dans leur livre Palestine: Etat de siège la logique raciste de l'occupant israélien. Ils ont également présenté une nouvelle vision sur la genèse du conflit israélo-palestinien et sur les différentes solutions qui s'offrent pour le résoudre. Concernant la question du Sahara Occidental, l'Egyptien Oussama Ibrahim a présenté dans son livre Le Sahara Occidental vu par des Egyptiens certains écrits de journalistes égyptiens sur la dernière colonie d'Afrique après la visite qu'ils ont effectuée au Sahara Occidental occupé. L'écrivain et correspondant américain, Stephen Kinzer, a abordé dans son livre Retour au point zéro les partenariats «stratégiques» des USA au Moyen-Orient. Des romanciers partagent leurs expériences littéraires avec le public Les romanciers Roubeï El-Medhoun (Palestine) et français Jean-Noël Pancrazi ont livré, jeudi à Alger, en marge du 21e Salon international du livre d'Alger (Sila), leurs expériences respectives dans le domaine de la littérature. Invités d'«Estrades», un programme présentant les expériences d'écrivains participant au 21e Sila, les deux romanciers, plusieurs fois primés et qui ont en partage une enfance marquée par la guerre, ont évoqué devant un public épars leur approche d'une «littérature (en temps) de crise». Le romancier palestinien Roubeï El-Medhoun a indiqué que l'occupant israélien craignait la littérature palestinienne, «qui offre aujourd'hui une version de l'histoire et du quotidien contredisant les mensonges justifiant l'occupation» israélienne. Lauréat du prix Arab-Booker Price 2015 pour son roman Destinées: le concerto de l'Holocauste et de la Naqba, Roubeï El-Medhoun a expliqué que l'imaginaire collectif israélien se référait à des «croyances confessionnelles et (des) fondements religieux instrumentalisés pour justifier la colonisation». Ce romancier né en Palestine en 1945 dit avoir subi une campagne de dénigrement «orchestrée par des lobbies juifs» qui avaient demandé son «expulsion» du Festival mondial de la littérature à Berlin de 2016 pour l'empêcher de témoigner en tant qu'écrivain. Membre du jury du Prix littéraire français «Renaudot», Jean-Noël Pancrazi a, pour sa part, estimé que l'écriture en temps de crise et de bouleversements était un acte «nécessaire pour apporter la paix et dominer la douleur». Né à Sétif en 1949, l'écrivain qui a vécu à Batna jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962, a expliqué l'influence de son enfance sur ses écrits notamment Madame Arnoul (1995) ou Les quartiers d'hiver (1990), tous deux primés en France : en portant sur «cette période de la guerre de libération» un regard d'enfant, il lui a été possible, affirme-t-il, d'«écrire sans condamner ni porter de jugements». Pour lui, il s'agit de «l'unique moyen d'appréhender les bouleversements vécus sans parti pris». La représentation de la culture dans les médias encore faible La représentation de la culture dans les médias «reste encore faible», ont estimé des universitaires et des journalistes qui ont relevé un impact «minime» des pages culturelles sur le lectorat et la société. Journalistes culturels, universitaires et sociologues ont débattu de la relation entre la culture et l'information lors d'une rencontre intitulée «Culture et information, côte à côte ou face à face ?», une thématique déjà abordée lors des précédentes éditions du Sila. Universitaire et sociologue des médias, Belkacem Mostefaoui a évoqué une «globalisation du produit culturel», imposée par les grandes industries de la culture qui ont, a-t-il dit, créé une «uniformisation» des contenus médiatiques et du produit culturel lui-même. Explicitant cette globalisation, l'universitaire a signalé la démultiplication des «machines à communiquer» sur des produits culturels uniformisés, surtout sur Internet, observe-t-il. Il a également regretté la «pauvreté de la production sur la culture et le patrimoine algérien» dans la presse nationale qui, a-t-il estimé, «peine» à médiatiser la culture et la grande richesse du patrimoine algérien. Cet enseignant à l'Ecole nationale supérieure de journalisme a, dans le même sillage, déploré la «rareté» des pages et des rubriques culturelles dans le paysage médiatique algérien, tout comme le «manque» de journalistes spécialisés et bien formés. Journaliste et écrivain, Saïd Khatibi a relevé de son côté la «très faible compétitivité» des pages culturelles dans les médias, particulièrement dans ceux spécialisés en culture qu'il a jugé «écrasés par les publications sportives». Le journaliste et chroniqueur Sâad Bouakba a pour sa part jugé «quasi inexistant» l'impact des médias algériens, toutes rubriques confondues, sur «l'opinion et les institutions publiques». Pour Sâad Bouakba, les moyens de diffusion actuels (Internet, presse électronique, réseaux de distribution, etc.) et les ponts existant entre les hommes de culture et les médias devraient, pourtant, permettre un «développement du journalisme culturel». Annoncé sur le programme, le poète et journaliste marocain H'ssen Nedjmi n'était pas présent à cette conférence.