Le procureur général de Annaba a le don de lever des lièvres. Le simple fait d'avoir ordonné d'ouvrir grandes les portes des salles d'audience et celles des services sollicités par le public, d'imposer la présence et la disponibilité à leurs postes de travail de ses effectifs y compris les magistrats durant des heures, est qualifié par les citoyens de grande avancée en terme de transparence des activités de la justice. C'est ce qui aurait encouragé le public à se rapprocher davantage du parquet. A l'image de ce citoyen à l'origine de la dénonciation de deux avocates du barreau de Annaba. Elles auraient décidé d'arrondir leurs honoraires en cumulant la fonction de promoteur immobilier. En tout état de cause, cette affaire serait tombée dans les oubliettes si ce responsable de la magistrature locale n'avait pas veillé à ce que la justice suive son cour. Et pour cause, l'implication de ces deux femmes membres du barreau de Annaba, des habituées du prétoire. Elles ont été citées par une victime. Comme tout justiciable, elles auront à répondre des accusations portées à leur encontre. A l'appui, le juge chargé d'instruire le dossier dispose des correspondances qu'elles ont, elles-mêmes, cachetées et signées avant de les remettre à leurs victimes. Il s'agirait de reconnaissance de versement d'importantes sommes d'argent représentant des arrhes sur le prix à l'unité de logements sociaux OPGI. Les deux avocates s'avèrent être des habituées des prétoires des salles d'audience des tribunaux et de la Cour criminelle d'ici et d'ailleurs. Au-delà des implications judiciaires les ciblant directement au même titre qu'un cadre de l'OPGI d'Annaba complice, il n'en demeure pas moins que ce scandale est nauséabond. Il est l'illustration du niveau de décrépitude morale auquel est tombée cette noble profession à Annaba. C'est pourquoi, les premiers éléments du dossier ont mis mal à l'aise tous les avocats. C'est que leurs deux consœurs sont clairement accusées être derrière une escroquerie à l'immobilier. D'où le profil bas adopté par la majorité d'entre-eux à l'écoute des avancées de l'enquête. Il est même dit que le cadre d'échange éventuel d'informations entre les institutions de l'état (police-gendarmerie-justice) et le barreau n'a pas permis la détection précoce des violations des dispositions du code de l'éthique et de déontologie spécifique au barreau. Pour d'autres, l'environnement social et humain dans lequel se meuvent les avocats est propice aux activités illégales et frauduleuses. Celles-ci ont prospéré sous les multiples radars mis en place par les appels des deux avocates à la cession légale de logements sociaux OPGI. Ces appels seraient passés par toutes les voies de communication y compris dans les salles d'audience. Certains médias auraient servi de véhicules pour permettre à ces deux avocates de démarrer leurs activités immobilières et atteindre une cible beaucoup plus large dans la population. La tolérance, sur une période relativement longue, d'une violation aussi flagrante des dispositions régissant la fonction d'avocat par les deux mises en cause suggère que les diverses parties concernées n'ont pas réagi à temps pour y mettre un terme. C'est donc un dossier assez lourd que le parquet de Annaba est appelé à traiter prochainement. L'enquête entamée depuis des jours par les services de la brigade économique de la sûreté de wilaya aurait levé toutes les équivoques. Des avocats figurant sur la liste des victimes sont quotidiennement approchés par leurs consœurs pour leur imposer de retirer leur plainte. En cas de confirmation, il est prévu la saisine de la chambre d'accusation pour la qualification du délit conformément au code de procédures pénales. Cette dernière structure judiciaire locale devrait faire la part des choses au regard de la qualité des auteurs. Un deuxième dossier similaire impliquant un autre avocat pourrait surgir dans les prochains jours. Ce dernier aurait été plus exigeant pour s'impliquer dans une transaction portant sur la cession illégale d'une villa dans la commune chef-lieu de wilaya. Sur la base d'une décision de justice après un long procès, cette villa est devenue la propriété d'une Algérienne installée aux Etats Unis. Par devers la propriétaire légitime, cette villa a été vendue en toute illégalité en contrepartie de cinq milliards de centimes. Pour récupérer son bien, la plaignante s'est adressée au procureur général près la Cour de justice de Annaba. Ce dernier a aussitôt déclenché une enquête qui a permis de déblayer le chemin vers un acte corrosif dont serait l'auteur un homme en noir. ce magistrat a démontré son intransigeance en rejetant les arguments avancés dans une tentative de dédouaner les auteurs. Le problème aujourd'hui réside dans le fait que, solidarité du barreau oblige, tout avocat refuserait de défendre une quelconque partie civile ou même collaborer à l'éclatement de la vérité...