Donald Trump vient d'arrêter net l'ambition d'un «pivot asiatique» chère à la diplomatie de Barack Obama. Le président élu républicain a agi ainsi en donnant un coup d'arrêt au projet de l'Administration démocrate d'une nouvelle étape dans la libéralisation du commerce dans la zone Pacifique. C'est un double échec pour le président sortant. Et c'est un succès pour tous ceux qui voient dans le libre-échange l'une des causes principales du malaise économique et social dans nombre de pays. M. Trump a annoncé, hier 21 novembre, dans une vidéo de trois minutes, qu'il renonçait au traité de libre-échange signé, à la fin 2015, entre les Etats-Unis et douze pays du Pacifique à l'exception de la Chine. Il n'y a pas de surprise. Ce renoncement figurait dans son programme. Mais la manière ne relève pas de l'élégance diplomatique la plus sophistiquée. Ce Partenariat transpacifique (TPP) était l'un des piliers, peut-être le principal, de la réorientation de la diplomatie américaine vers une zone Pacifique qui paraît promise à la plus forte croissance pour les générations à venir. L'Amérique d'Obama – né à Hawaï, élevé en partie en Indonésie – entendait s'investir prioritairement loin d'une Europe en proie au marasme économique et aux éternels états d'âme politiques. Le choix était stratégique aussi. Il s'agissait, en resserrant les relations avec ces pays, d'afficher le rôle prépondérant des Etats-Unis en tant que puissance du Pacifique face à une Chine à l'expansionnisme galopant dans la région. La crédibilité de Washington dans le Pacifique en sort amoindrie. Nombre des gouvernements signataires du TPP – dont la ratification au Congrès américain était plus qu'aléatoire – ont pris des risques, face à leurs opinions, en adhérant au projet de Barack Obama. Aux Etats-Unis mêmes, le traité a été victime de l'humeur protectionniste d'une bonne partie des Américains. M. Trump accuse le libre-échange d'être responsable de la désindustrialisation du pays, des malheurs de la classe moyenne, de la stagnation des salaires, bref d'être une machine qui s'est retournée contre l'Amérique. Dans la campagne électorale, le démocrate Bernie Sanders tenait le même discours. Plus timidement, Hillary Clinton lui a emboîté le pas.