Quand deux Mustapha se rencontrent pour raconter l'un des épisodes les plus marquants de la guerre de libération, celui-ci ne peut que tenir en haleine les mordus de l'histoire de notre révolution. «Dans les maquis de la liberté » est le titre des Mémoires de Blidi Abdelkader, alias Si Mustapha, membre du célébrissime Commando Ali Khodja, recueillis par l'autre Mustapha, de son vrai nom Aït Mouhoub, journaliste de profession, viscéralement attaché au passé glorieux de notre pays. Parus aux éditions Rafar, ces Mémoires retracent non seulement le parcours combattant de Si Mustapha Blidi mais relatent également l'incroyable épopée d'un commando qui a donné du fil à retordre à la France coloniale. Dans le prologue, le Moudjahid de la wilaya 4 historique, remonte le temps et fait une halte dans la région montagneuse où il a vu le jour en 1935, date de la création du PPA. Un signe prémonitoire et annonciateur d'autant que la dureté de la vie dans cette partie de l'Algérie a forgé sa personnalité. Le village Hamleli (Douar Sidi El-Fodhil), situé sur les hauteurs de la ville de Blida est le berceau de ce Moudjahid, engagé très jeune dans le combat libérateur. Il a connu la misère, travaillé pour aider ses parents mais son destin était écrit et l'a directement mené dans cette coopérative de Boufarik où il fait la connaissance de Souidani Bioudjemaâ, Si Tayeb El Djoughlali, Kaddour El-Maâskri, Si Benyoucef de Soumaâ, Mustapha Benyekhlef et Ali Benkorbane, tous des combattants de novembre. Les débuts du militantisme de Si Mustapha qui allait par la suite connaitre, une vie encore plus dure, celle du maquis. De militant du PPA, il passe à l'action dans une opération périlleuse, dont la ville de Blida était le théâtre. Les choses allaient s'accélérer et avec force détails rapportés dans cet ouvrage, Blidi exécute avec succès cette opération au Palais de Justice de cette ville. Il étrangla un militaire, s'empara de son arme et prend le chemin du maquis. Dans ce maquis allait naître, le commando Ali Khodja. Une unité combattante dont les exploits dépassaient les frontières de la zone 1 de l'algérois et même la wilaya 4 dont elle dépendait. La mort au champ de combat d'Ali Khodja et ses compagnons en 1956 à Fort-de-l'eau a permis à Lakhdra Mokrani, dit Si Lakhdar, de prendre le relais à la tête de cette unité combattante qui allait à tout jamais être connue sous le nom du « Commnado Ali Khodja ». Les accrochages se succédaient à une cadence infernale et cette unité tenait le coup, résistait et menait la vie dure à l'ennemi mais en, comme rapporté dans ce témoignage fort poignant, la bataille de Boulegroune, en mars 1958, allait lui être fatale. Si Lakhdar tombe au champ d'honneur et Mustapha Blidi est gravement atteint. Commence alors une autre péripétie pour ce baroudeur qui le mènera jusqu'au Maroc, pour y subir des soins. Au maquis, Blidi a eu à connaître tous les responsables de la wilaya 4. Il a eu à côtoyer Ouamrane, Sadek Déhiles, M'hamed Bouguerra, Ahmed Benchérif, Le commandant Boudaoud Mansour et Rabah Zerrari, plus connu sous le nom de commandant Azzedine. Tout le monde le donnait pour mort mais le destin en a voulu autrement. Il sera transféré à Tunis où il sera opéré par les docteurs Tedjini Heddam, Bachir Mentouri, Salah Alia, Boudraâ et Une certaine Khodja. Quand il a repris ses forces, il travaillera pour le GPRA et renouera avec les compagnons d'armes et ce jusqu'à l'indépendance. Ce témoignage précieux contribuera certainement à mieux connaître l'époustouflante histoire du commando Ali Khodja, au demeurant très bien écrite par Mustapha Aït Mouhoub.