Horreur et incompréhension... Ce sont là deux mots rudes, pour qualifier le calvaire vécu par près de cinquante familles menacées d'une procédure d'expulsion de leurs domiciles. Ces locataires ne sont pas des squatteurs venus récemment occuper les lieux. Il s'agit de familles qui habitent ces lieux depuis plus de trente années. Depuis la construction de cette cité et la cession de ces logements par l'ex-ENSI au bénéfice de ces mêmes locataires. La procédure d'expulsion fait suite à une bataille juridique qui dure depuis près d'une trentaine d'années. En 1983, l'ex-ENSI décide de construire des logements de fonction à Mohammadia afin d'y héberger ses cadres, logements dont la construction fut achevée quatre années plus tard, soit en 1987. Ces appartements étaient situés au niveau de cinq bâtiments de la cité des 618 logements, à Mohammadia, sur les hauteurs d'El-Harrach. En 1989, conforment à la Loi 88-01, le Conseil d'administration de l'ex-ENSI a signé une résolution de cession de ces logements au bénéfice des occupants. Or, quelques années plus tard, l'ex-ENSI est frappée par la restructuration et absorbée par le CETIC, qui se référant aux décisions portant régularisation du patrimoine de l'ex-ENSI, décida de dresser rapidement des avis d'expulsion transmis par huissier de justice. Les occupants se retrouvant donc menacés d'expulsion ont vite fait de prévaloir leurs droits devant le Tribunal d'El-Harrach qui trancha en leur faveur. Le CETIC ne s'arrêta pas là, puisque les responsables ont décidé de faire appel auprès du Tribunal d'Alger et, de nouveau, une des chambres décide d'invalider l'ensemble des actes administratifs et judiciaires, alors que les autres chambres qui se sont vues confier les autres appels, ont, purement et simplement, invalidé les demandes d'expulsion du CETIC. Malgré cela, ce sont les cinquante familles qui vivent sous la menace d'une expulsion. La balle est maintenant dans le camp des hautes autorités qui doivent trancher, afin de rendre justice à ces familles qui considèrent être victimes d'une administration qui refuse de respecter des engagements, et de reconnaître la résolution d'un Conseil d'administration. Ces pères de famille, anciens cadres de l'ex-ENSI, ont activement participé à l'essor de l'économie nationale, en mettant en place des programmes d'informatisation des entreprises publiques et ont concrétisé ces projets. Au lieu d'être honorés et recevoir les reconnaissances, en guise de remerciements, on les menace d'expulsion, une expulsion qui devra prendre effet à compter de la fin du mois de décembre 2016. Devant ce qu'ils considèrent comme une injustice, les occupants se sont constitués en collectif d'ex-cadres de l'ENSI qui défendent leurs droits et envisagent de saisir le président de la République pour dénoncer, purement et simplement, une «hogra». Il y a quelques jours, le président de l'APC d'El-Mohammadia s'est déplacé sur les lieux, accompagné des autorités civiles, afin de discuter avec les familles qui avaient décidé de passer à la phase de protestation en bloquant la route pour attirer l'attention de ces autorités sur leur cas désespéré, et qui mérite une attention particulière. Les occupants ne souhaitent pas un traitement de faveur, ils désirent tout simplement que justice leur soit rendue.