L'arrêt des hostilités est le fruit d'un accord conclu sous l'égide de la Russie et de la Turquie. Sur le terrain, seuls quelques accrochages isolés ont été signalés. Le cessez-le-feu entre le régime syrien et les rebelles, entré en vigueur jeudi à minuit, n'a pas empêché quelques accrochages isolés mais était globalement respecté, vendredi 30 décembre au matin. L'arrêt des combats en Syrie a été adopté en vertu d'un accord conclu sous l'égide de la Russie et de la Turquie, sans les Etats-Unis ni l'Organisation des Nations unies (ONU). Il doit par ailleurs amorcer l'ouverture de négociations de paix. L'accord, qui n'implique pas des groupes tels que l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) ou le Front Fatah Al-Cham, a été annoncé jeudi par le président russe, Vladimir Poutine, avant d'être confirmé par l'armée syrienne et la Coalition nationale syrienne (CNS), principale composante de l'opposition en exil. Des positions du régime attaquées Depuis le début de la guerre en mars 2011, plusieurs cessez-le-feu négociés par Washington et Moscou ont rapidement volé en éclats. Cette fois, la trêve semble globalement respectée. Dans la nuit, des accrochages ont seulement été signalés dans la province de Hama, dans le nord de la Syrie. « Le cessez-le-feu est respecté dans la plupart des régions de Syrie (...) mais des factions islamistes ont attaqué des positions du régime près de la ville chrétienne de Mahrada », a rapporté Abdel Rahmane, responsable de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'OSDH et un responsable des insurgés ont aussi fait état d'accrochages isolés dans le sud du pays, dans les régions de Deraa et de Kouneïtra. Dans de nombreux secteurs, toutefois, il semble que les armes se soient tues. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient les rebelles, a qualifié cet accord d'« opportunité historique » pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a lui aussi estimé que le cessez-le-feu offrait une « véritable opportunité » pour trouver « une solution politique » au conflit. Cette guerre, qualifiée de « cancer à l'échelle mondiale » par le futur patron de l'ONU, Antonio Guterres, a fait plus de 310 000 morts et des millions de réfugiés. L'annonce de la trêve survient une semaine après la reprise totale de la ville d'Alep (nord) par le régime du président Bachar Al-Assad, sa plus importante victoire depuis 2011, remportée avec le soutien de ses alliés indéfectibles, Iran et Russie. Pourparlers à Astana et Genève Les Etats-Unis, jusque-là en désaccord continu avec la Russie sur le conflit syrien et qui attendent l'arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, ont été écartés de ces négociations. Ils ont malgré tout salué « une évolution positive ». « Tout effort pour arrêter la violence, épargner des vies et créer les conditions pour une reprise des négociations politiques constructives est le bienvenu », a réagi le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner. En revanche, c'est la première fois que la Turquie parraine pareil accord. Selon le Kremlin, M. Poutine et son homologue turc « se sont prononcés pour un renforcement de la coopération antiterroriste » et ont également « souligné l'importance des efforts en cours pour organiser des négociations à Astana », la capitale du Kazakhstan. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a précisé que ces discussions devraient avoir lieu probablement en janvier. Le Haut Comité des négociations (HCN), regroupant une grande partie de l'opposition syrienne, devrait participer aux prochaines négociations, a assuré depuis Ankara Oussama Abou Zeid, conseiller juridique auprès des rebelles dits « modérés » alliés à la Coalition nationale syrienne.