Jamais au grand jamais, la zaouia d'El Alama de Sidi-Amar Chérif n'a reçu la visite d'un haut responsable de l'Etat, le wali Essalah de Sidi-Daoud dont l'histoire dépasse les frontières a vu la visite du wali de Boumerdès, Madani Fouatih Abderahmane, en compagnie d'une importante délégation composée de membres de l'APW, de plusieurs directeurs de l'exécutif de wilaya, d'élus et des autorités locales. Il a eu à déplorer l'abandon de cette zaouia et a tenu à lancer aux présents : « Sidi-Amar Cherif a consacré toute sa vie à l'apprentissage de l'Islam qui sont nos valeurs, il a construit cette zaouia pour le bien- être de tous, une école où le Saint Coran doit être appris par tous.» «La wilaya a consacré un budget pour l'agrandissement de cette zaouia alors pourquoi ce retard ?» s'est-il adressé aux responsables. La ville lieu du Soldat de Sidi-Daoud est une histoire méconnue car autrefois elle était connue sous différentes appellations : Bois sacré par déformation de Bou-Aaskri, ou Bou-Sikri qui voulait dire le lieu du Soldat. Historiquement parlant, il n'a jamais existé une quelconque forêt si ce n'est celle du mont de Sidi-Amar Chérif, un wali salah très vénéré et dont une zaouia existe toujours. La ville a été créée par Adraste Abbo, ancien maire de Castellar dans les alpes maritimes, près de Menton, il est venu en Algérie durant la période coloniale avec une partie de ses administrés ainsi que des familles de colons originaires de Moulinet, de Sosprel et de Breilsur Roya. Sidi-Daoud (autrefois Abbo) fut érigée en commune de plein exercice en 1879 après avoir été rattachée d'abord à la commune de Dellys dès sa création, puis à la commune mixte des Issers de 1876-1878, mais c'est en 1904 qu'elle prend officiellement le nom d'Abbo par décret du Président du Conseil, minsitre de l'Intérieur à cette époque, portant que la commune de Bois sacré (arrondissement de Tizi-Ouzou, département d'Alger) portera à l'avenir le nom d'Abbo, décret du 15 novembre 1908. Pour ceux qui ne le savent pas, la localité de Sidi-Daoud a été gâtée par dame nature sur le plan agriculture, sur le plan verdure, sur le plan montagne, mais sa situation géographique la quelque peu isolée puisqu'elle se situe dans un entonnoir entre les villes de Ouled Ameur, Sahel Bouberak, Dellys, Baghlia, Benchoud, un itinéraire pas du tout facile pour rejoindre cette charmante ville réputée pour son vignoble, son élevage de bovins, de moutons, et autres. Ce qui a fait dire aux citoyens présents : «Notre ville n'a jamais été visitée par un ministre et d'ailleurs ils ne savent pas où se situe Sidi-Daoud, d'ailleurs la visite de Madani Fouatih Abderahmane, wali de Boumerdès, leur a fait beaucoup de bien. La commune de Sidi-Daoud (anciennement Abbo) est située à plus d'une trentaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya de Boumerdès et à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de la prestigieuse et historique ville de Dellys, semble avoir été oubliée par les autorités publiques, et ce, à tous les niveaux. Une localité dont historiquement Adraste Abbo a donné le nom, lui qui était avant de venir en Algérie en 1870, qui déjà auparavant était maire de Castellar, du côté de Menton. Il est venu s'installer parce que cette région était très riche dans le domaine agricole et elle le demeure jusqu'à maintenant, comme en témoigne la diversité de la culture du vignoble avec le cardinal (raisin noir), le dattier de Beyrouth, celui que l'on surnomme le gros noir, le dabouki (sabéne), l'Alphonse lavallée, le Muscat, le Red globe, Hmar bou Amar et diverses d'autres marques de culture de raisin. Cette municipalité n'a enregistré aucun signe de développement urbain car en effet, il n'a pas eu de raccordement au réseau d'AEP, défaillance du réseau électrique. La population de cette municipalité se dit livrée à elle-même et délaissée par ses élus locaux et même par les hautes instances, aussi bien de la wilaya, que des instances gouvernementales. Cette localité est certes très isolée de par sa situation géographique et qui en plus du séisme du 21 mai de 2003 qui est venu accentuer son isolement car c'est la commune la moins lotie en matière d'aménagement urbain et d'infrastructures publiques. Ajoutez à cela le terrorisme étant donné que c'est une région qui a beaucoup souffert de ce phénomène. «On est marginalisé par l'Etat», dira un citoyen, commerçant de son état, avant d'ajouter sur un air dépité : «Quand je vois d'autres communes de la wilaya de Boumerdès et que je les compare à la nôtre, je me dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ! Voyez-vous, la population de Sidi-Daoud vit dans le dénuement total. Certes le terrorisme a tout gâché, le séisme, est venu compléter le reste, un anéantissement total. Mais sincèrement, ce qui désole la population, c'est qu'elle ne comprend nullement les raisons de son isolement et les négligences des autorités pour faire sortir la commune de son enclavement, de même aucune prise en charge n'existe sur le terrain pour résoudre ce problème d'ouverture dans le cadre socio-culturel, socio-économique, socio-sportif qui a tant duré, et ce, malgré les réclamations des habitants. Sommes-nous condamnés à vivre de la sorte, coupés du monde ? Effectivement, Sidi-Daoud est une localité pas comme les autres. Elle relève de la daïra de Dellys, c'était un agrégat d'anciennes maisons coloniales dont l'implantation remonte bien avant 1870. Le tremblement de terre de 2003 a touché de plein fouet toutes les batisses, déjà marquées par un état de vétusté avancé, la localité a totalement été rayée de la carte et les responsables locaux ont été dépassés par ce phénomène naturel qui avait coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, endeuillant des familles toutes entières. Cette région est un véritable paradis sur terre et la couleur verte l'emporte dans chaque coin et recoin du paysage, l'oued Sebaou ajoute de sa splendeur pour aller se jeter dans l'embouchure du Sahel Bouberak (autrefois paternoo) formant un site paradisiaque, vu du côté de la mer. Elle n'a rien à envier aux régions à vocation touristique ou son agriculture est reine et dont veille Sidi Amar chérif. Sidi-Daoud mérite plus d'égards et de considération, surtout que sa jeunesse souffre le martyr. Le wali saura-t-il ramener le changement ?