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La ville «lieu du Soldat», une histoire méconnue
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 06 - 2015

La ville de Sidi-Daoud était connue autrefois sous différentes appellations : «Bois sacré» par déformation de Bou-askri, ou Bou Sikri qui voulait dire le lieu du Soldat. Historiquement il n'a jamais existé une quelconque forêt si ce n'est celle du mont de Sidi Amar Cherif, un wali salah très vénéré et dont une zaouia existe toujours.
La ville a été crée par Adraste Abbo, ancien maire de Castellar dans les Alpes maritimes, près de Menton, venu en Algérie avec une partie de ses administrés ainsi que des familles de colons originaires de Moulinet, de Sosprel et de Breil-sur-Roya. Elle fut érigée en commune de plein exercice en 1879 après avoir été rattachée d'abord à la commune de Dellys dès sa création, puis à la commune mixte des Issers de 1876 à 1878, mais c'est en 1904 qu'elle prend officiellement le nom d'Abbo par décret du président de la République française, contresigné par le président du Conseil, ministre de l'Intérieur, portant que la commune de Bois-sacré (arrondissement de Tizi-Ouzou, département d'Alger) portera à l'avenir le nom d'Abbo, décret du 15 novembre 1908. La commune de Sidi-Daoud (anciennement Abbo), est située à une trentaine de kilometres à l'est du chef- lieu de la wilaya de Boumerdès et à quelques centaines de mètres à vol d'oiseau de la prestigieuse et historique ville de Dellys, semble avoir été oubliée par les autorités publiques, et, ce à tous les niveaux. Une ville dont historiquement Adraste Abbo a donné le nom, lui qui était avant de venir en Algérie en 1870 déjà maire de Castellar, dans les Alpes maritimes, du côté de Menton, il est venu s'installer parce que cette région était très riche dans le domaine agricole et elle le demeure jusqu'à maintenant, comme en témoigne la diversité de la culture du vignoble avec le cardinal (raisin noir) dattier de Beyrouth, gros noir, dabouki (sabene), Alphonse Lavallée, muscat, red globe, hmar bou amar et diverses autres marques de culture du raisin. Et pour cause, cette municipalité n'enregistre aucun signe de développement urbain. En effet, pas de raccordement aux réseaux AEP, défaillance du réseau électrique. La population de cette municipalité se dit livrée à elle-même et délaissée par ses élus locaux et même par les hautes instances, aussi bien de la Wilaya que du Gouvernement. Cette localité est certes très isolée de par sa situation géographique, et le séisme du 21 mai 2003 est venu compléter son isolement car c'est la commune la moins bien lotie en matière d'aménagement urbain et d'infrastructures publiques. C'est une région qui a beaucoup souffert du terrorisme. « On est marginalisé par l'Etat », dira un citoyen, commerçant de son état. Avant d'ajouter sur un air dépité : «Quand je vois d'autres communes de Boumerdès et que je les compare à la nôtre, je me dis qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ! Voyez vous-même, la population de Sidi-Daoud vit dans le dénuement et la précarité la plus totale ! Certes, le terrorisme a tout gâché, le séisme est venu compléter le reste, un anéantissement total. Mais sincèrement, ce qui désole la population, c'est qu'elle ne comprend nullement les raisons de son isolement et les négligences des autorités pour faire sortir la commune de son enclavement. De même aucune prise en charge n'existe sur le terrain pour résoudre ce problème d'ouverture dans le cadre socioculturel, socioéconomique, socio-sportif qui a tant duré et ce, malgré les réclamations des habitants. Sommes- nous condamnés à vivre de la sorte, coupés du monde? Effectivement Sidi-Daoud est une ville pas comme les autres. Elle relève de la daïra de Dellys, c'était un agrégat d'anciennes maisons coloniales dont l'implantation remonte bien avant 1870. Le séisme du 21 mai 2003 a touché de plein fouet toutes les bâtisses, déjà marquées par un état de vétusté avancé. La localité a été totalement rayée de la carte et les responsables locaux ont été dépassés par ce phénomène qui avait coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, endeuillant des familles entières. Cette région est un vrai paradis sur terre et la couleur verte l'emporte dans chaque coin et recoin du paysage. L'oued Sebaou ajoute de sa splendeur pour aller se jeter dans son embouchure au Sahel Bouberak, formant un site paradisiaque, vu du côté de la mer. Elle n'a rien à envier aux régions à vocation touristique, où son agriculture est reine. La ville de Sidi-Daoud mérite plus d'égards et plus de considération, surtout sa jeunesse qui souffre le martyre. Ce qui a fait dire : « Notre ville n'a jamais été visitée par un ministre, et d'ailleurs ils ne savent pas (les ministres) ou Sidi-Daoud est située. Elle reçoit de la visite des wilayas limitrophes lorsque son raisin arrive à maturité...

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