L'Assemblée populaire de la wilaya d'Aïn Témouchent a organisé, hier, une journée d'étude sous le thème «la lecture et les défis contemporains». En effet, les écrivains Khiat Ahmed, Bouziane Benachour, écrivain-journaliste, Boumediène Bouzid, directeur central au ministère des Affaires religieuses et du Wakfs, et le professeur de lettres Ahmed Abdelkader. Ces hommes de lettres en parfait accord ont affirmé que la population algérienne, lecteurs de livres a fortement diminué comparativement aux précédentes décennies et chacun d'eux a argumenté ce graphe décroissant. Les livres lus sont généralement des livres réligieux, annales du parascolaire, de cuisine et peu scientifique. Pour Bouziane Benachour, en comparant sa génération des années 1970 et l'actuelle il a conféré : «Le temps a changé et les mentalités ont également changé. Il y a des maisons d'éditions qui n'activent au service de la lecture, des bibliothèques communales qui préservent les documents pédagogiques, ...Il faut un projet de lecture». En présentant des statistiques Mr Bouzid Boumediene a dévoilé : «Le livre tafsir el ahlam (interprétation des rêves) a été le best seller en Algérie» suivi de « touhfat el arous » (l'embellissement de la mariée) et « la tahzan(ne te chagrine pas) alors que nous avons besoin de livres porteurs du savoir. Plusieurs ont été interdits d'accès au marché national pour non autorisation, non respect du code commercial. Nous ne sommes pas contre la lecture mais nous voulons des livres qui créent une richesse financière, sociale et humaine ou économique en contribuant au développement. Le nombre d'éditeurs à l'ère de l'embellie financière a chuté de 1 025 à 50. Quant à l'ancien inspecteur de l'enseignement, Khiat Ahmed, a fait remarquer que «les Israéliens lisent beaucoup plus que les Arabes. Ils s'intéressent aux livres écrits en langue arabe ou traduits de l'arabe». Concernant les causes de ce recul des lecteurs, lors du débat, plusieurs intervenants notamment du secteur de l'Education ont fustigé l'actuel système scolaire. Autrefois, la lecture muette, puis à voix haute et l'étude du texte constituent une discipline indispensable dans les écoles primaires. Aujourd'hui elle est délaissée. Il y existe des professeurs qui ne lisent pas et ne stimulent pas les élèves à la lecture. Pis encore, les professeurs demandant des projets en classe, se contentent des comptes rendus « copie/collé » de l'internet que présentent les élèves sans fournir aucun effort intellectuel. Il y a aussi la démission des parents qui n'encouragent pas leurs enfants à la lecture dans leurs maisons. La révolution technologique des moyens de communication et la mondialisation ont également un effet négatif sur l'intéressement à la lecture. La lecture électronique par internet ou un autre support électronique est devenue en vogue à travers le monde. Cette journée d'étude a été dédiée à la mémoire des défunts : les professeurs Chérifi Abdelwahed et Belbachir Mohamed. Leurs familles respectives ont été honorées au même titre que certains écrivains. Elle a été appréciée par l'assistance. Ainsi, le représentant de la commission de lecture de la bibliothèque de lecture publique Malek Bennabi. Mr Reguig Miloud a plaidé pour que les pouvoirs publics s'imbriquent dans le développement de la lecture au niveau de la wilaya et aident cette commission «katib wa kiteb». En conclusion, le président de l'APW Ahmed Belgherras a déclaré que les recommandations de cette journée seront soumises aux parties concernées.