Les événements s'accélèrent depuis le refus du candidat de la droite à l'élection présidentielle, François Fillon, d'abandonner la course et de maintenir sa candidature, engendrant ainsi un déchirement de la droite qui pense sérieusement à l'alternative Juppé. Les défections au sein de la formation politique de Fillon se multiplient, alors qu'elle avait donné, au lendemain des résultats du second tour de la primaire, l'impression d'une équipe unie et soudée pour aborder avec optimisme l'élection présidentielle qui semblait acquise. Plusieurs analystes s'accordent à dire que le candidat de la droite «va droit au mur» en s'entêtant à continuer sa course pour la présidentielle, malgré sa convocation le 15 mars par la justice au sujet des emplois présumés fictifs en faveur de son épouse et de deux de ses enfants. Après Bruno Le Maire et ses soutiens, plusieurs députés Les Républicains, maintenant c'est au tour des proches d'Alain Juppé, candidat malheureux de la primaire, et Thierry Solère, le porte-parole de François Fillon, qui font défection. Une fracture s'est également déclarée chez «les Jeunes avec Fillon» où une grande partie appelle au retrait du candidat. Selon de nombreux observateurs dans les milieux politico-médiatiques, «rien ne va plus» dans le camp de Fillon qui a annoncé qu'il se résignait à ses électeurs, une manière de dire qu'il reste «insensible» aux défections et aux demandes de se retirer. C'est dans cet esprit qu'une grande manifestation est prévue pour dimanche pour montrer à ses détracteurs de tout bord qu'il compte sur les électeurs de droite. Nombreux en France qui pensent que l'obstination de François Fillon ne sert en fait que la candidate de l'extrême droite, la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen que les sondages placent en pôle position dans la course pour l'Elysée. Cette crainte alimente en effet, relève-t-on, un double objectif : barrer la route au FN et sauver la droite d'une crise aigue et d'un déchirement dont on ne peut pas prévoir ses détours. C'est-là où Alain Juppé se présente, au sein de la droite, comme le messie, même si auparavant il avait toujours refusé de jouer le «bouche-trou». Juppé, rival de Fillon à la primaire, s'il accepte de remplacer le candidat de la droite, arriverait très légèrement en tête au premier tour (avec 26,5 %), devant Emmanuel Macron (25 %) et Marine Le Pen (24 %), a indiqué vendredi un sondage Odoxa-Dentsu Consulting. Alors que si Fillon se maintient dans la course, selon le même sondage, il serait éliminé du premier tour avec 19 %, derrière Emmanuel Macron, en tête avec 27 %, et Marine Le Pen (25,5 %). «Alain Juppé n'est pas un putschiste, il ne poussera jamais Fillon dehors et il n'est à l'initiative d'aucun complot», a indiqué vendredi son entourage laissant entrevoir la possibilité de se présenter comme alternative que si Fillon se retirait de «lui-même» et que s'il obtenait un soutien «unanime» de son parti. Le week-end en France ne sera pas de tout repos au sein de la droite qui doit décider de son avenir. Au moment où le programme du candidat est très chargé, beaucoup de personnalités influentes multiplient des contacts entre elles et se concertent pour approuver une nouvelle feuille de route qui puisse sauver surtout la droite. Les prochaines heures seront déterminantes pour François Fillon.