Tant que les guerres continuent et la famine assiège encore, il y aura des migrants ! Cinq mois après le démantèlement en fanfare et au son du tambour battant médiatique de la «jungle», site où étaient parqués dans des conditions inhumaines 8 à 10 000 personnes, la ville de Calais ( Nord de la France ) fait face à nouveau à une autre vague migratoire. Estimés à 400 personnes par les associations d'aide aux migrants, ces réfugiés atterrissent à Calais avant de tenter une traversée périlleuse vers la Grande-Bretagne. Cette fois, la France et le Royaume-Uni ont décidé d'employer les grands moyens pour éviter l'enfer,-et la honte - d'avant démantèlement. Dans un premier temps, la municipalité de Calais a pris, début mars, un arrêté d'interdiction des distributions de repas dans differents endroits que les associations caritatives ont contesté en déposant un recours. Le tribunal administratif de Lille, qui a rendu sa décision, mercredi dernier, a suspendu l'arrêté, estimant que la maire LR de Calais a «porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir». Puis, financée intégralement par les britanniques à hauteur de 2 a 3 millions d'euros, une clôture grillagée de 3 m de haut est en cours d'installation pour éviter des intrusions dans les wagons le long de l'autoroute ferroviaire qui relie Calais à Le Boulou (Perpignan). Après un périple au cours duquel ils ont côtoyé la mort, avec comme seul but : la foi ardente en un destin meilleur, ces nouveaux migrants, en majorité des Soudanais, des Erythréens et des Ethiopiens, affluent continûment vers Calais et s'installent lentement mais sûrement aux abords de la ville. Un seul but : L'eldorado anglais, contre grillage, vents et marées. Sauf que, depuis le départ du dernier locataire de l'enfer calaisien, le Brexit est passé à quelques encablures et la France, [avec une frange franche d'hommes politiques et de citoyens], est à l'ère de la clause Molière; une France en pleine campagne électorale présidentielle confrontée, si le sursaut salvateur n'advient pas, au risque du «français d'abord et avant tout». La politique «tolérance zéro migrant» est la réponse des autorités. Les forces de l'ordre «interpellent et reconduisent» vers le pays d'où sont entrés les voyageurs sans bagages, s'indignent les associatifs. Sur place il n'y a ni squat ni campement officiel. Reconnaissables à leur air chétif et à leur regard torve, parmi eux des mineurs, ces nouveaux arrivants sont disséminés à travers la ville de Calais et ils ne se manifestent que la nuit pour tenter l'ultime étape d'une aventure sans fin. La belle époque du monde civilisé !