Le représentant du ministère public près la cour de Boumerdès a requis, jeudi dernier, des peines allant de trois à vingt ans de prison ferme contre 36 prévenus dans une affaire d'adhésion à des groupes terroristes activant à l'intérieur et à l'extérieur du pays et d'apologie d'actes terroristes. Le représentant du ministère public a requis une peine de 20 ans de prison ferme contre 12 mis en cause, une peine de 10 ans de prison ferme contre 18 autres accusés, une peine de 5 ans d'emprisonnement contre 5 autres prévenus, une peine de trois 3 ans d'emprisonnement contre un 1 autre accusé, ainsi que des amendes. Le tribunal criminel près la cour de Boumerdès avait achevé mercredi très tard dans la soirée l'audition des prévenus dans cette affaire, originaires des wilayas de Boumerdès, de Tizi-Ouzou, d'Oran, de Bejaia et d'Alger, avant d'entendre jeudi plus d'une dizaine de témoins et de faire place au réquisitoire du procureur de la République puis aux plaidoiries des avocats des prévenus. Selon l'arrêt de renvoi, les 44 mis en cause, dont 8 sont en fuite, sont poursuivis pour les chefs «d'adhésion à un groupe terroriste armé activant à l'étranger», «tentative d'adhésion à un groupe terroriste armé activant à l'étranger», «apologie, encouragement et financement d'actes terroristes et de saccage», «apologie à travers la diffusion de brochures et imprimés», «possession d'armes de 4e catégorie sans autorisation», «dissimulation des éléments matériels du crime» et «non-dénonciation». Une cinquantaine d'avocats plaident dans cette affaire dans laquelle l'Etat s'est constitué partie civile. Selon les faits rapportés durant l'audience, l'affaire a été révélée le 15 novembre 2015, lorsque le père d'une jeune étudiante a signalé aux services de police de Boudouaou (Boumerdès) la disparition de sa fille au moment même où la disparition d'une autre femme était signalée par son époux. Suite à ces deux plaintes, les services de sécurité ont déclenché une enquête qui a permis, selon les mêmes faits, de déterminer le lieu où se trouvaient ces deux femmes, en dehors de l'Algérie, plus précisément en Turquie. Ces deux femmes ont été enrôlées par des inconnus en vue de rallier l'une des organisations terroristes en Syrie, selon les griefs retenus contre elles. Le lieu où se trouvaient ces deux femmes a été déterminé, selon les mêmes faits, grâce à la surveillance des réseaux sociaux. Les investigations ont également permis de découvrir d'autres contacts douteux ayant été établis entre un nombre de personnes impliquées dans l'affaire avec d'autres mis en cause, à leur tête le dénommé M. Mohamed, dit Abou Maram, le cerveau du groupe, qui activait au sein de l'organisation terroriste Daech, où l'enquête a abouti à l'arrestation des prévenus cités dans l'affaire. Le mis en cause Abou Maram, qui a laissé 4 filles et sa femme à Alger, répudiée alors qu'elle purgeait sa peine pour non-dénonciation, avait rejoint en 2014 l'organisation terroriste de Daech en Syrie et tentait d'enrôler des Algériens sur la toile par le biais d'intermédiaires en Algérie. Lors de leurs auditions qui se sont déroulées mercredi et jeudi, les prévenus ont nié toutes les accusations retenues contre eux, notamment apologie de l'organisation terroriste Daech sur les réseaux sociaux, diffusion de photos et tracts subversifs, ou établissement de contact avec des suspects pour les besoins d'enrôlement, ou recrutement au sein de l'organisation terroriste Daech, et réception de fonds de la part de la même organisation terroriste par le biais d'intermédiaires en Algérie.