«La barbarie et la lâcheté ont frappé Paris hier soir», a affirmé le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, au lendemain de l'attentat terroriste perpétré dans la nuit de jeudi à vendredi en plein coeur de Paris. Un homme de trente neuf ans, récidiviste et connu des services de sécurité pour avoir été fiché S, et un complice, arrivés à bord d'un véhicule à hauteur d'un car de police en faction sur l'avenue des Champs-Elysées, ont ouvert le feu tuant un policier, blessant grièvement deux autres agents et une passante, une victime civile collatérale. L'un des assaillants a été abattu et l'autre est en fuite, activement recherché, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Le président de la République, François Hollande, a immédiatement réagi depuis l'Elysée. « Nous serons d'une vigilance absolue pour sécuriser l'élection présidentielle », s'est-il engagé. La fusillade, revendiquée par Daech, est survenue juste au moment où les onze candidats à l'élection présidentielle se livraient à une ultime émission de télévision «15 minutes pour convaincre », un exercice en forme d'entretien individuel sur la chaîne de service public, France 2. Unanimement, les candidats ont apporté leur soutien aux familles des victimes et salué le travail des forces de sécurité. Le renforcement des mesures et le déploiement massif des forces de l'odre pour assurer la sécurité de ces élections, au lendemain de l'arrestation à Marseille de deux présumés terroristes, préparant un attentat « imminent », comme l'avait indiqué alors le ministre de l'Intérieur, s'avèrent sinon inefficace au moins insuffisant. Conjugué à l'opération Sentinelle, le nouveau dispositif de sécurité, n'a pas empêché d'autres réseaux affidés à l'Etat islamique de passer à l'action, mettant à exécution la menace qui planait depuis un moment déjà. Des doutes et surtout des craintes pèsent, pour l'heure, sur la capacité de l'Etat à garantir la sécurité des dizaines de milliers de bureaux de vote. L'irruption du volet sécuritaire dans la campagne va sans nul doute rebattre les cartes. Celui-ci étant une préoccupation publique majeure, les électeurs en feront un argument prépondérant dans le choix de leur futur président. La question est de savoir qui des onze candidats sera perçu comme le meilleur garant de la sécurité des français pour en bénéficier? A travers leurs tout derniers sondages [ dont la date limite d'édition est fixée à vendredi minuit ], tous les instituts d'études d'opinion placent Emmanuel Macron en tête avec 24 % d'intentions favorables, suivi de la candidate du Front national qui a demandé « solennellement à François Hollande le rétablissement des frontières », recule, elle, d'un point à 22,5 %. Enlisé dans les affaires, le candidat de la droite stagne et pointe à 19,5 %, à un point de plus que le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (18,5 %). En tout état de cause, la nouvelle tournure qu'a prise la campagne, reprise en boucle par les chaînes d'information en continu et orientée vers le débat sur les questions sécuritaires, occultant par conséquent les différents épisodes ayant marqué le processus électoral, rend plus que jamais l'issue incertaine et toutes les options demeurent ouvertes à moins de vingt-quatre heures du début du scrutin.