En Afghanistan, pendant que Vladimirovitch est au Kirghizstan et se félicite des avancées de l'Union Economique Eurasienne (que la Moldavie désormais pro-russe rejoint en tant que membre observateur), Washington a, sous les caméras et flash du monde entier, largué sa «mère de toutes les bombes» sur quelques types en pyjama dans les montagnes afghanes. De manière amusante, ont été vraisemblablement détruits les tunnels construits par ces mêmes Américains dans les années 80 pour aider leurs alliés moudjahidines contre l'URSS. On n'est jamais mieux servi que par soi-même... Est-ce que cet exercice changera quoi que ce soit au conflit ? Strictement rien. Tonton Sam a perdu la guerre depuis longtemps au royaume de l'insolence où les Talibans occupent peu ou prou la moitié du pays. D'ailleurs, chose intéressante, cette bombe était destinée, non aux Talibans, mais à l'EI. Les observateurs n'ont évidemment pas manqué d'y voir un avertissement caché à Kim III. Justement, en Corée, ça chauffe au Pays du matin calme, même s'il faut se méfier de plusieurs fausses informations qui ont fleuri ces derniers jours (par exemple celle où la Chine menaçait de bombarder des sites nord-coréens). Ce qui est sûr, c'est que la guerre des mots entre Donald et Kim inquiète Pékin et Moscou qui voient un possible dérapage incontrôlable et sermonnent les deux garnements pour qu'ils retrouvent leur calme. Devant la détérioration de la situation, Air China suspend ses vols en direction de Pyongyang tandis que Kim menace les Etats-Unis d'une « réponse sans merci » en cas de frappe préventive des navires de guerre US stationnés en mer du Japon. A Séoul et Tokyo, on ne doit pas en mener bien large... Dans l'absolu, la disparition du régime nord-coréen serait une bénédiction pour la Chine et la Russie car cela ôterait le prétexte dont use et abuse l'empire pour conserver ses bases dans la zone. D'après les analystes, Washington utilise donc habilement un conflit ancien et réel (crise coréenne : 1er niveau) pour placer ses pions sur l'échiquier (Grand jeu : 2nd niveau). Contrairement à ce que serinent souvent les bisounours de l'info, il ne s'agit évidemment pas pour les Américains de faire pression sur la Chine pour qu'elle ramène à la raison son encombrant allié nord-coréen ; il s'agit au contraire d'utiliser la déraison nord-coréenne pour contenir la Chine, donc l'Eurasie. Le but de l'empire est de maintenir un conflit de basse intensité en Asie orientale, suffisamment sérieux toutefois pour conserver les bases US. Mais par son impulsivité, le Donald pourrait bien mettre à mal cette fine stratégie. Qu'un conflit à grande échelle éclate, que le régime nord-coréen tombe et il entraînera dans sa chute le prétexte à la présence militaire américaine qui endigue l'est du Heartland. (Suite et fin)