Dans un hadith authentique, le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit : «Les êtres les plus exposés aux épreuves sont les Prophètes, puis les pieux ; puis viennent ceux qui sont les plus exemplaires et ainsi de suite. L'homme est éprouvé selon son degré de dévotion. S'il est ferme dans sa religion, son épreuve augmente.» Les épreuves de Job, sur lui le salut, n'ont fait qu'augmenter sa patience. Espérant la récompense de Dieu, il persista dans sa reconnaissance et ses louanges à Dieu. Au demeurant, il est devenu un exemple de patience devant les épreuves. Mujâhid a dit que Job, sur lui le salut, fut le premier homme à souffrir de la gale. Les exégètes ont divergé sur la période que dura sa maladie. Pour Wahb, elle fut de trois ans, ni plus ni moins. Pour Anas, elle fut de sept ans et quelques mois, durant lesquels il fut abandonné dans un lieu où les gens jetaient leurs ordures. Il y resta jusqu'au moment où Dieu le soulagea de sa maladie, augmenta sa récompense et loua sa patience. Humayd a dit que son épreuve persista pendant dix-huit ans, tandis qu'as-Suddî a dit que sa chair était tombée en lambeaux à tel point qu'apparaissaient ses os et ses veines. Son épouse lui apportait des cendres qu'elle étendait sous son dos. Lorsque cette épreuve se prolongea, elle lui dit : « Ô Job, si tu demandais au Seigneur de te délivrer de ces malheurs ? » Il répondit : « J'ai vécu en bonne santé durant soixante-dix ans, et si je patiente soixante-dix ans pour Dieu, ce serait peu en comparaison de ce qu'il m'a donné». Son épouse travaillait chez les gens et, avec ce qu'elle gagnait, elle pourvoyait à la subsistance de son mari. Mais les gens finirent par ne plus vouloir de ses services de peur qu'elle ne leur transmette la maladie de son époux. Ne trouvant plus de quoi subvenir aux besoins de son époux, elle vendit un jour une de ses belles tresses à une femme de la noblesse juive en contrepartie d'une bonne nourriture. Elle apporta cette nourriture à Job qui lui demanda d'où elle se l'est procurée ; elle lui répondit qu'elle avait travaillé chez certaines personnes qui l'ont bien payée. Le lendemain, elle ne trouva rien à lui donner et fut obligée de vendre l'autre tresse pour le nourrir, mais Job refusa de manger tant qu'elle ne lui dirait pas d'où prove¬nait la nourriture. Elle enleva alors son voile découvrant ainsi ses cheveux coupés. C'est alors que Job invoqua Dieu en ces termes : « Le mal m'a touché. Mais Toi, Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux » (21, 83). Ibn Abu Hâtim a rapporté d'après 'Abdullâh Ibn 'Ubayd Ibn 'Umayr : « Job avait des frères. Un jour, ceux-ci lui rendi¬rent visite et ne purent s'approcher de lui en raison de l'odeur qui se dégageait de lui. L'un d'eux dit à l'autre : "Si Dieu avait vu en Job quelque bien, Il ne l'aurait pas éprouvé ainsi". Job qui les avait entendus, en fut très triste et révolté comme jamais auparavant. Il s'adressa alors à Dieu en ces termes : "Mon Dieu, si Tu sais que je n'ai jamais passé la nuit rassasié en sachant où trouver un affamé que je puisse nourrir, approuve-Moi !" Une voix se fit entendre du ciel qui approuva Job alors que ses frères entendaient. Il ajouta ensuite : "Mon Dieu, si Tu sais que je n'ai jamais eu deux chemises alors que je connaissais où trouver un homme nu pour que je le revête, approuve-Moi !" et de nouveau la voix du ciel l'approuva et ses frères l'entendirent. Il dit ensuite : "Mon Dieu, par Ta puissance !" et il se prosterna face contre terre en disant : "Par Ta Puissance, je ne lèverai ma tête que lorsque Tu m'auras soulagé !" Son mal disparut alors et il retrouva sa santé ». Ibn Abu Hâtim et Ibn Jarîr ont rapporté d'après Anas Ibn Mâlik que le Prophète, sur lui la grâce et la paix, a dit : «Le Prophète de Dieu, Job, demeura dans l'épreuve pendant dix-huit ans, rejeté aussi bien par les proches que par les étrangers, sauf par deux de ses compagnons les plus intimes, qui lui rendaient visite matin et soir. Un jour, l'un d'eux dit à l'autre : "Par Dieu ! Job a dû commettre un péché que jamais aucun homme n'a commis". Son compagnon lui dit : "Et qu'est-ce qui te fait penser cela ?" Il dit : "Cela fait dix-huit ans qu'il souffre sans que son Seigneur lui fasse miséricorde et le soulage de sa maladie". En arrivant chez lui, l'un d'eux le mit au courant de ce qu'avait dit l'autre. Job leur dit alors : "Je ne sais pas ce que vous dites, mais Dieu, qu'il soit glorifié, sait que chaque fois que je passais par deux hommes qui se disputaient puis mentionnaient Dieu, je retournais chez moi, et demandais le pardon de Dieu pour eux de peur que le nom de Dieu ne soit mentionné en dehors du bon droit" »l II a ajouté : « Il sortait pour faire ses besoins et, lorsqu'il terminait, sa femme le prenait par la main pour le ramener chez lui. Or, un jour, elle tarda à venir l'aider, et Dieu lui révéla : "Frappe (la terre) de ton pied : voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire" (38,42). En revenant auprès de lui, elle ne le reconnut pas, et lui dit ; "Que Dieu te bénisse, n'as-tu pas vu le Prophète de Dieu cet homme que Dieu a éprouvé ? Par Dieu, je n'ai jamais vu homme qui lui ressemble autant que toi lorsqu'il était bien portant." Il lui répondit : "Je suis Job !" » Toujours selon lui, il avait deux silos, l'un pour le blé et l'autre pour l'orge ; Dieu envoya deux nuages qui déversèrent, l'un, de l'or dans le silo de blé, jusqu'à ce qu'il en débordât, et l'autre, de l'argent dans le silo d'orge, jusqu'à ce qu'il en débordât". C'est la version d'Ibn Jarîr. Ibn Abu Hâtim a aussi rapporté, d'après Ibn 'Abbâs : « Dieu a vêtu Job d'un habit du Paradis ; puis celui-ci changea de place avant que sa femme ne revienne. À son retour, elle ne le reconnut pas et lui dit : "Ô serviteur de Dieu, où est passé l'éprouvé qui se trouvait là ! Peut-être a-t-il été dévoré par les chiens ou les loups ?" Et elle lui parla pendant un long moment avant qu'il ne lui dise : "Malheur à toi ! Je suis Job !" Elle lui répondit : "Tu te moques de moi ô serviteur de Dieu ?" Il dit : "Malheur à toi ! Je suis bien Job ! Dieu m'a redonné ma santé." » Ibn 'Abbâs ajoute : « Dieu lui redonna en double ses biens et ses enfants». Wahb Ibn Munabbih a dit, quant à lui : «Dieu lui a révélé : "Je t'ai rendu ta famille et tes biens que J'ai rendue deux fois plus nombreuse. Lave-toi dans cette eau car s'y trouve ta guérison. Fais une offrande en faveur de tes compagnons et invoque pour eux Mon pardon, car ils M'ont désobéi en te désobéissant.» Ibn Abu Hâtim a rapporté, d'après Abu Hurayra : «Lorsque Dieu rendit à Job sa santé, Il fit déverser sur lui des criquets en or. Job se mit à en prendre à pleines mains et à en mettre dans sa robe. Dieu lui dit alors : "Ô Job ! N'es-tu pas encore rassasié ?" Il répondit : "Et qui peut, ô Seigneur, se rassasier de Ta miséricorde ?" » L'imam Ahmad a rapporté, d'après Abu Hurayra : « L'Envoyé de Dieu, sur lui la grâce et la paix, a dit : "Tandis que Job se lavait, nu, des criquets en or tombèrent sur lui. Il se mit à en prendre à pleines mains et à en mettre dans ses habits, lorsque son Seigneur l'interpella et lui dit : "Ô Job ! Ne t'ai-Je pas enrichi au point que tu te passes de cela ?" Il dit : "Certes oui, Seigneur, mais je ne puis me passer de Tes bénédictions."»Quant à cette parole de Dieu ; « Frappe de ton pied », cela veut dire : frappe la terre d'où jaillira une source d'eau fraîche. Dieu lui ordonna ensuite de se laver avec son eau et d'en boire, ce qui le soulagea de ses maladies et de ses souf-frances aussi bien apparentes que cachées. Le Seigneur lui fit recouvrir sa santé, lui redonna la beauté physique qu'il avait avant sa maladie, de même qu'il lui conféra beaucoup de biens au point qu'une pluie de criquets en or tomba du ciel. Il lui rendit aussi sa famille et ses enfants ainsi que le confirme ce verset : « Nous lui rendîmes les siens et autant qu'eux avec eux ». On rapporte que Dieu les a fait revivre ; selon une autre version Dieu l'a récompensé pour les morts de sa famille et lui a donné une nouvelle progéniture, et dans l'au-delà il sera rejoint par tous les siens. Cette parole de Dieu : « Par miséricorde de Notre part », veut dire : Nous l'avons soulagé de ses souffrances et mis fin à son épreuve. « Nous enlevâmes le mal qu'il avait », par miséricorde et compassion de Notre part. « Et en tant que rappel aux adorateurs » : tous ceux qui sont éprouvés dans leur corps, leurs biens ou leurs enfants ont un bel exemple dans le Prophète Job. Ce dernier fut éprouvé par Dieu à l'extrême, mais il patienta et endura jusqu'à ce que Dieu l'en délivrât. Job vécut à la suite de cela quelque soixante-dix ans en terre romaine, professant le pur monothéisme, mais après sa mort, les gens de son peuple se détournent de la religion d'Abraham. « Et prends dans ta main un faisceau de brindilles, puis frappe avec cela î Et ne viole pas ton serment. Oui, Nous l'avons trouvé vraiment endurant. Quel bon servi-teur ! Sans cesse il se repentait. » (38,44) À travers ces paroles, Dieu autorisa Son serviteur et Messager Job, sur lui le salut, à honorer le serment qu'il avait fait de donner à sa femme cent coups de fouet. Concernant les raisons de ce serment, on rapporte que ce fut pour punir sa femme d'avoir vendu ses tresses. On rapporte aussi que le diable était venu vers elle en prenant l'aspect d'un médecin et lui avait prescrit un traitement pour son époux. Lorsqu'elle informa Job de cela, il sut que c'était le diable qui s'était montré à elle ; il jura, alors, de lui donner cent coups de fouet, s'il venait à guérir. Une fois guéri, Dieu l'autorisa à honorer son serment, mais pour ne pas faire de mal à son épouse vertueuse, Dieu lui dit de la frapper avec un faisceau de cent brindilles et de lui donner un seul coup, qui sera considéré comme l'équivalent de cent coups ; ainsi ne commettrait-il pas de parjure. Dieu lui a ainsi aménagé une issue, car il Le craignait et Lui obéissait, Job a pu de cette manière éviter de faire du mal à son épouse endurante et bienfaisante. Ibn Jarîr ainsi que d'autres historiens ont rapporté que Job avait quatre-vingt-treize ans lorsqu'il mourut. On rapporte aussi qu'il avait vécu plus que cela. Al-Layth a rapporté d'après Mujâhid, que Dieu a érigé en modèle : Salomon aux riches, Joseph aux esclaves, et Job aux éprouvés". On rapporte aussi qu'il fit des recommandations à son fils Hûmel et que ce fut son fils Bishr qui lui succéda. C'est ce dernier que beaucoup de gens confondent avec Dhûl-Kifl. Et Dieu est le plus Savant. Son fils Bishr, qui était aussi Prophète, comme le pré-tendent d'aucuns, est mort à l'âge de soixante-quinze ans. Nous allons raconter, ci-après, l'histoire de Dhûl-Kifl, que beaucoup de gens confondent avec le fils de Job. L'histoire de Dhûl-Kifl, sur lui le salut Dieu dit, après avoir mentionné le récit de Job, dans la sourate 21 Les Prophètes : « [...] Et Ismaël, Idriss et Dhûl-Kifl qui étaient tous endurants ; que nous fîmes entrer en Notre miséricorde car ils étaient vraiment du nombre des gens de bien » (21, 85-86). Dieu dit aussi, après avoir mentionné le récit de Job, dans la sourate 38, Sâd : « Et rappelle-toi Abraham, Isaac et Jacob, Nos serviteurs puissants et clairvoyants. Nous avons fait d'eux l'objet d'une distinction particulière : le rappel de l'au-delà. Ils sont auprès de Nous, certes, parmi les meilleurs élus. Et rappelle-toi Ismaël et Elisée, et Dhûl-Kifl, chacun d'eux parmi les meilleurs. » (38, 45-48). Le fait que Dhûl-Kifl soit mentionné à côté des autres nobles Prophètes est une preuve de son titre de Prophète, sur lui le salut. Et c'est là l'opinion la plus reconnue même si d'aucuns ont prétendu qu'il n'était pas Prophète, mais simplement un homme saint et vertueux et un juge juste et équitable. Mais Dieu est plus Savant. Ibn Jarîr ainsi que Ibn Abu Najîh ont rapporté, d'après Mujâhid,- qu'il n'était pas un Prophète, mais un homme vertueux qui avait accepté de rendre justice au nom d'un Prophète de son peuple et l'avait fait de façon juste. C'est pour cela qu'il fut appelé Dhûl-Kifl : l'homme qui s'est acquitté d'une mission en toute fidélité. Par ailleurs, Ibn Jarîr ainsi qu'Ibn Abu Hâtim ont rapporté par la voie de Dâwûd Ibn Abu Hind, d'après Mujâhid : « Lorsque Elisée devint âgé, il s'est dit : "Si je pouvais charger quelqu'un de juger entre les gens et voir comment il se comporterait !" Il fit réunir les gens de son peuple et leur dit : "Celui qui réunit ces trois conditions, j'en ferai mon représentant ; jeûner le jour, veiller la nuit en prières et ne pas se mettre en colère". Un homme dédaigné par ses concitoyens se leva alors et lui dit : "Moi !" Elisée lui dit : "Jeûnes-tu le jour, veilles-tu la nuit en prières et ne te mets-tu jamais en colère ?" L'homme lui répondit : "Oui !" Trois fois, Elisée fit réunir les gens et leur tint les mêmes propos, et à chaque fois ce fut le même homme qui lui répondait. Il le nomma alors juge. Mais, le diable se mit à dire à ses suppôts : "Occupez-vous d'untel (Dhûl-Kifl)" ; cependant les suppôts du diable ne purent rien faire pour égarer le représentant du Prophète Elisée. Le diable leur dit alors : "Je vais m'en occuper moi-même". Il prit alors la forme d'un vieillard pauvre, et frappa à sa porte, alors qu'il s'apprêtait à faire sa sieste. Il se présenta à lui comme un pauvre vieillard. Il prétendit que ses proches qui l'avaient spolié d'un droit, et il resta auprès de lui jusqu'à la fin de l'après-midi. Dhûl-Kifl lui promit de prendre en considération sa requête et lui demanda de venir le retrouver plus tard dans son conseil, mais le vieillard ne s'y montra point. Le lendemain matin, alors qu'il se trouvait dans son conseil, il ne le vit pas non plus. À l'heure de la sieste, il entendit de nouveau frapper à sa porte. Il alla ouvrir et se trouva en face du vieillard qui se plaignait de l'injustice de ses proches. Il lui dit : "Ne t'ai-je pas demandé de venir me voir lorsque je serais dans mon conseil ?" Il lui répondit : "Ces gens sont très fourbes ; si tu leur ordonnes, en plein conseil, de me donner mon droit, ils diront "oui" ; mais une fois que tu ne seras plus là, ils renieront mon droit". Il lui dit : "Lorsque je serai dans mon conseil, viens me voir". Ce jour-là, il ne put s'endormir durant l'heure de la sieste et il se rendit alors à son conseil, mais il attendit vainement le vieillard. Il retourna alors chez lui et, voulant dormir, il ordonna à ses proches de ne laisser entrer personne pendant son sommeil. Or, tandis qu'il dor¬mait, le vieillard vint chez lui et demanda à le voir. Mais les proches de Dhûl-Kifl refusèrent de le laisser entrer, malgré son insistance. Voyant alors une petite lucarne dans le mur de la maison, le vieillard ou, plutôt le diable, s'y glissa et entra dans la maison. En le voyant devant lui, et s'étant assuré que la porte était restée fermée, Dhûl-Kifl comprit qu'il avait affaire au diable ; il lui dit : "Serais-tu l'ennemi de Dieu ?" Il répondit : "Oui ! J'ai recouru avec toi à toutes les ruses, vai¬nement, c'est pourquoi j'ai fait cela pour te mettre en colère". Dieu le nomma alors Dhûl-Kifl, car il était chargé d'une mission et l'avait menée à bien.» Ibn Abu Hâtim a rapporté le même récit d'après Ibn 'Abbâs. De même 'Abdullâh Ibn al-Hârith, Muhammad Ibn Qays et d'autres savants parmi les anciens ont rapporté à peu près la même chose. L'histoire de Jonas (Yûnus), sur lui le salut Dieu dit dans la sourate 10, dite de Jonas ; « Si seulement il y avait, à part le peuple de Jonas, une cité qui ait cru et à qui sa croyance eût ensuite profité ! Lorsqu'ils eurent cru, Nous leur enlevâmes le châtiment d'ignominie dans la vie présente et leur donnâmes jouissance pour un certain temps. » (10, 98).« Et Dhû an-Nûn (Jonas) quand il partit, irrité. Il pensa que Nous n'allions pas l'éprouver. Puis il fit, dans les ténèbres, l'appel que voici : "Pas de divinité à part Toi ! Pureté à Toi ! J'ai été vraiment du nombre des injustes". Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c'est ainsi que Nous sauvons les croyants. » (21, 87-88). « Jonas était certes, du nombre des Messagers. Quand il s'enfuit vers le bateau comble, il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté (à la mer). Le poisson l'avala alors qu'il était blâmable. S'il n'avait pas été parmi ceux qui glorifient Dieu, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où les gens seront ressuscites. Nous le jetâmes sur la terre nue, indisposé qu'il était. Et Nous fîmes pousser au-dessus de lui un plant de courge, et l'envoyâmes ensuite (comme prophète) vers cent mille hommes ou plus. Ils crurent, et Nous leur donnâmes jouissance de la vie pour un temps. » (37,139-148). « Endure avec patience la sentence de ton Seigneur, et ne sois pas comme l'homme au poisson (Jonas) qui appela (Dieu) dans sa grande angoisse. Si un bienfait de son Seigneur ne l'avait pas atteint, il aurait été rej'eté, honni sur une terre déserte. Puis son Seigneur l'élut et le désigna au nombre des gens de bien. » (68, 48-50). Les exégètes ont dit que Dieu a envoyé Jonas (Yûnus), sur lui le salut, aux habitants de Ninive, dans la région de Mossoul. Il les appela à Dieu mais ces derniers refusèrent de l'écouter et rejetèrent son Message, ce qui l'irrita et l'amena à les quitter en leur promettant un châtiment divin après trois jours. Ibn Mas'ûd, Mujâhid, Sa'îd Ibn Jubayr, Qatâda et d'autres tant parmi les anciens que les contemporains ont dit : « Lorsque Jonas quitta les habitants de Ninive, et qu'ils furent convaincus de l'imminence du châtiment, Dieu plaça dans leurs cœurs la résipiscence. Ils mirent alors des frocs, séparè¬rent chaque bête de ses petits, puis recoururent à Dieu qu'ils invoquèrent en pleurant et en criant dans l'espoir que le châtiment ne s'abatte par sur eux. Ils se lamentèrent, tous, hommes, femmes, enfants ; même les bêtes y allèrent de leurs cris ; ce furent des moments émouvants. Dieu finit par les épargner par Sa puissance et Sa force mais aussi par Sa miséricorde, Sa clé¬mence et Sa compassion et détourna d'eux le châtiment qui était imminent. » C'est pour cela que Dieu dit : « Si seulement il y avait, à part le peuple de Jonas, une cité qui ait cru et à qui sa croyance eût ensuite profité ! » (10, 98) ; c'est-à-dire, as-tu vu parmi les peuples qui sont passés, une cité qui ait cru dans sa totalité ? Ce qui prouve que cela ne s'est jamais produit. Bien au contraire, ceux qui croyaient ont toujours représenté une minorité comme le dit Dieu : « Et Nous n'avons envoyé aucun avertisseur dans une cité sans que ses gens aisés aient dit : "Nous ne croyons pas au Message avec lequel vous êtes envoyés. » (34, 34) ;«[.,.] à part le peuple de Jonas, une cité qui ait cru et à qui sa croyance eut ensuite profité ! Lorsqu'ils eurent cru, Nous leur enle¬vâmes le châtiment d'ignominie dans la vie présente et leur donnâmes jouissance pour un certain temps. » (10, 98) ; c'est-à-dire qu'ils tous ont cru. Les exégètes ont divergé sur le fait de savoir si leur foi et leur repentir leur seront utiles le jour de la Résurrection et s'ils pourront les mettre à l'abri du châtiment de l'au-delà comme ils les ont sauvés du châtiment dans ce bas monde. Deux avis se dégagent dont le plus plausible est celui affirmant que leur repentir leur sera utile si Dieu le veut et Dieu est le plus Savant. N'est-ce pas Lui qui dit : « Lorsqu'ils eurent cru [...] » ? Il dit aussi : « Nous l'envoyâmes ensuite (comme prophète) vers cent mille hommes ou plus. Ils crurent, et Nous leur donnâmes jouissance de la vie pour un temps. » (37, 147-148) Cela laisse entendre qu'il est possible que les gens du peuple de Jonas soient épargnés dans l'au-delà et qu'ils n'y subissent aucun châtiment, et Dieu est plus Savant. Ils étaient incontestablement cent mille au minimum ; mais les exégètes ont divergé sur le nombre qui est au-delà de ces cent mille. Ainsi pour Makhûl, il y avait dix mille de plus ; de leur côté, at-Tirmidhî, Ibn Jarîr et Ibn Abu Hâtim ont rap¬porté que Ubayy Ibn Ka'b a interrogé l'Envoyé de Dieu, sur lui la grâce et la paix, sur cette parole de Dieu : « Et Nous l'envoyâmes ensuite (comme prophète) vers cent mille hommes ou plus », et qu'il lui a répondu : « ils étaient en tout cent vingt mille ». Pour sa part, Ibn 'Abbâs a dit : « Ils étaient cent trente mille » et, selon une autre version, « cent trente sept mille ». Quant à Sa'îd Ibn Jubayr, il a dit qu'ils étaient «cent quarante mille ». En tout état de cause, lorsque Jonas quitta son peuple, il embarqua sur un bateau et prit la mer. Quelques heures après, une tempête se leva et secoua violemment le bateau très chargé qui faillit couler à plusieurs reprises. Les exégètes disent que les voyageurs se concertèrent entre eux et décidèrent de tirer au sort celui qui sera jeté à la mer pour alléger le poids du bateau. Ils firent la première tentative et Jonas fut désigné par le tirage. Ne voulant pas le jeter à la mer, ils firent une deuxième tentative, mais ce fut une nouvelle fois lui qui fut désigné. Il s'apprêta alors à enlever ses vêtements pour sauter, mais ils l'en empêchèrent et refirent l'opération une troisième fois. Mais cette fois- encore, ce fut lui qui fut désigné par le sort, pour un but voulu par Dieu. Dieu dit : « Jonas était certes du nombre des Messagers. Quand il s'enfuit vers le bateau comble. Il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté (à la mer). Le poisson l'avala alors qu'il était blâmable. » (A suivre)