A la fin du mois de mai quelques heures après avoir été installé à la tête du ministère de l'Industrie et des mines, le nouveau ministre Mahdjoub Bedda décide de mettre à l'écart des cadres centraux incontournables dans la gestion des activités des deux départements «industrie et mines». Ceux-là qui, durant des mois avaient étroitement collaboré avec son prédécesseur Abdeslem Bouchouareb. Ce dernier avait, pourtant, eu droit, à toutes les éloges. Mahdjoub Bedda s'était même engagé à poursuivre la gestion de son prédécesseur pour, dira-t-il, réussir à relancer les activités du secteur. La contradiction était brutale. Elle dénote que Abdeslem Bouchouareb est tombé en disgrâce pour avoir certainement trop parlé. Bon nombre d'observateurs lient sa disgrâce à la déclaration qu'il avait faite le 12 mars 2017. Elle était d'une grande gravité. L'ex-ministre affirmait clairement sur les ondes de la radio : « ...depuis la signature, en 2001, du contrat de partenariat et la cession des actions du capital social de l'entreprise de sidérurgie Sider à hauteur de 70% jusqu'à sa rupture en septembre 2015, le partenaire indien ArcelorMittal pompait mensuellement 20 millions de dollars». Le nettoyage est confirmé avec la récente mise hors circuit des principaux animateurs des secteurs de l'industrie et des mines C'est la première fois depuis des décennies que pareille démarche est engagée. Il faut en effet savoir que Mohamed Tahar Bouarroudj, directeur général des mines, Ali Oumellal et Haddouche directeur général et directeur du secteur public marchand, Bouyahiaoui Sihem inspectrice générale ainsi que Mebarki Mohammed, directeur général au niveau du même ministère sont depuis des années les chevilles ouvrières du ministère de l'Industrie et des mines. C'est dire que Mahdjoub Bedda obéit à des instructions «venues d'en haut». Dans le lot, il y a celle qui englobent également la multiplication des contacts pour une meilleure approche des problèmes et recherche de solutions avec le monde des travailleurs via les syndicats nationaux et les organisations patronales. C'est dire qu'il urge pour le ministère de booster l'Industrie et les Mines à commencer par la production minière, des phosphates-fertilisants, des mines de fer et de l'acier, d'accélérer l'exploitation du gisement de fer de Ghar Djibilet. C'est à croire qu'au niveau de ce même ministère, on est loin de cette grande place de chasteté qu'on semble lui prêter. Des pratiques peu morales y ont cours. Et la gestion gabégique des richesses minières et industrielles a négativement influé sur la situation économique du pays. Telle est, du moins, la conclusion à laquelle sont arrivés des experts au lendemain des confidences de Abdeslem Bouchouareb. Ce dernier avait aussi mis à nu des incongruités que les mêmes experts ont analysées comme étant compromettantes pour le bon fonctionnement de notre économie. Ils avaient souligné qu'une grosse menace pèse sur notre administration du fait de la mauvaise gestion des agents de l'Etat (fonctionnaires ou non fonctionnaires). Certains de ces derniers auraient développé d'immenses frustrations et des découragements dans tous les domaines. D'autres sont d'avis à ce que le bras séculier de l'Etat soit confié à des compétences expérimentées, mais surtout, à de bonnes moralités. Il y a enfin ceux qui estiment que la plupart des directeurs généraux actuels n'ont pas les qualités requises. Et que dans notre pays, l'origine des erreurs de gestion serait la somme définitive d'une gestion nébuleuse, fondée sur la délation, le favoritisme, le trafic d'influence, la magouille, le deal, enfin, des injustices qu'animent des personnages genre Tliba Baha Eddine le député d'Annaba. déplorent-t-ils. «L'on est arrivé, aujourd'hui, à des modes de gestion préjudiciables aux fonctionnaires méritants, coupables seulement, de refuser des pratiques déshonorantes que l'on cherche à leur imposer», a affirmé un directeur général s'exprimant sous le sceau de l'anonymat sur ce qu'il a qualifié être des chamboulements dans tous les domaines dans la gestion du pays. Il a ajouté : «Ces directeurs généraux, avec la complicité de certains cadres occupant des positions stratégiques dans les ministères et directions de services, vous accueilleront sur le terrain et dans les bureaux, avec beaucoup d'habiletés, de ruses et de manipulations, aux fins de maintenir leurs privilèges.»