Le chantre de la chanson oranaise Blaoui El-Houari est décédé, mercredi matin, à Oran, à l'âge de 91 ans, des suites d'une longue maladie, a-t-on appris de bonne source. Le défunt, l'icône du genre wahrani et l'une des figures marquantes de la chanson algérienne, est décédé, aux premières heures de la matinée, des suites d'une longue maladie qui l'a contraint à s'éloigner des mois durant de la scène artistique locale et nationale. Le défunt a été inhumé dans l'après-midi au cimetière d'Aïn El Beïda d'Oran, en présence d'une foule très nombreuse. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de condoléances à la famille du défunt Blaoui El-Houari, dans lequel il a souligné que «l'Algérie et la scène artistique et culturelle viennent de perdre une sommité qui a contribué, des décennies durant, au développement du goût artistique national et humain». «C'est avec une profonde affliction que j`ai appris la nouvelle du décès du grand chantre Blaoui El-Houari, puisse Dieu lui accorder Sa sainte miséricorde et l'accueillir en son vaste paradis», a écrit le président Bouteflika dans son message». «L'Algérie et la scène artistique et culturelle perdent en lui une sommité qui a contribué, des décennies durant, au développement du goût national et humain. Le défunt était une source inépuisable de créativité qui enrichit le répertoire national avec une variété de compositions musicales de différents styles et genres. De même qu'il a formé plusieurs jeunes talents qui ont brillé sur la scène artistique et contribué à la promotion de la musique dans notre pays. Il fut de cette trempe d'artistes algériens dont les chansons resteront gravées à jamais dans les mémoires», lit-on dans le message. «Blaoui Houari nous quitte aujourd'hui, mais sa musique subtile au rythme raffiné ne cessera de marquer l'histoire de l'art et d'inspirer les créateurs», a ajouté le président Bouteflika. Le chef de l`Etat a adressé ses «condoléances les plus attristées à la famille du défunt, à ses proches, à ses admirateurs ainsi qu'à toute la famille artistique, priant Dieu Tout-Puissant de lui accorder Sa sainte miséricorde, de l`accueillir en Son vaste Paradis et d`assister les siens en cette pénible épreuve». Des artistes et hommes de culture lui rendent hommage Très affecté par cette disparition, Cheb Mami, salue, dans une déclaration par téléphone à l'APS, la mémoire de celui qui, dit-il, lui avait «ouvert toutes les portes" dès son arrivée à Oran», au tout début de sa carrière dans la chanson, et l'avait «pris sous son aile», tout comme un grand nombre d'autres chanteurs. Le chanteur déplore cette «grande perte pour la culture algérienne» et pour la chanson oranaise moderne dont il était l'autre «pilier» avec le grand Ahmed Wahbi, disparu en 1993. Le défunt avait écrit et composé pour Cheb Mami «El Ghalia» et «Mâandi Hadja Fennas», deux de plus grands succès: «c'est grâce à Blaoui El-Houari» que lui et d'autres grands noms de la chanson raï ont pu accéder à une notoriété internationale", a-t-il tenu à témoigner. Contacté par téléphone, le plus illustre élève du défunt, Cheb Khaled, très affecté par cette disparition, regrette la disparition d' «un père, un confident et (son) mentor», toute à la fois. Tout récemment, il s'était rendu au chevet du défunt à son domicile oranais. De son côté, le guitariste emblématique du groupe Ranïa Raï, Lotfi Attar, déplore la perte de celui qui a «fait redécouvrir au public la poésie bédouine et certains instruments (de musique)» et inspiré le groupe dans sa démarche de modernisation du raï. Lotfi Attar s'est incliné devant la mémoire d'un artiste "modeste et discret" qui avait toujours encourager les jeunes à «transgresser les styles musicaux et apporter une touche personnelle». Le trompettiste le plus célèbre du genre raï, Messaoud Bellemou, s'est dit attristé par la disparition d'un «pan de la culture algérienne», saluant, pour sa part, la mémoire d' «un pionnier» de la chanson oranaise moderne. Ami de longue date du défunt, Abdelkader Bendameche, président du Conseil national des arts et des lettres (Cnal), a salué la mémoire de celui qui reste la «référence incontournable pour tous les grands chanteurs oranais». Blaoui El Haouari s'était fait connaître d'abords en tant que «virtuose» de l'accordéon dans les années 1950, a-t-il rappelé. Le président du Cnal a également loué les grandes qualités humaines de l'artiste dont le respect d'autrui, une «vertu qu'il a cultivée» tout au long de sa vie et sa carrière. Né le 23 janvier 1926 à Haï Médina J'dida, à Oran, Blaoui El-Houari, s'est imprégné des musiques du terroir auprès de Cheikh Semmach avant d'être influencé par les musiques orientales et occidentales au début des années 1950. Il a réarrangé plusieurs textes de la poésie bédouine de Cheikh Hamada et Cheikh Belmadani comme «Bya dak el mour», «Rani m'hayer» et avait également composé et interprété «Zabana», sur un texte écrit par Cherif Hammani, rencontré en prison durant la guerre de libération. Outre un répertoire riche de plus de 500 canson, le défunt avait contribué à l'émergence de nombreuses stars de la chanson oranaise et du raï durant les années 80, à l'image de Khaled, qui a repris de nombreux titres de son répertoire, Mami ou encore Houari Benchennat. En avril dernier, Blaoui El-Houari avait reçu la médaille de l'ordre du mérite national au rang de «Achir», décernée par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dès l'annonce du décès de Blaoui Houari, le président de la République a adressé un message de condoléances à la famille du défunt dans lequel il a mis en exergue la place de l'artiste dans le paysage culturel national et sa contribution à l'émergence d'une génération entière de chanteurs. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah a, lui aussi, présenté ses condoléances dans un message dans lequel il salue la mémoire d'un «symbole» de l'art algérien. De son côté le ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, a rendu hommage au défunt, en insistant sur ses qualités d'homme et d'artiste. Le défunt a été inhumé mercredi en fin de journée en présence d'une foule nombreuse d'anonymes et d'officiels.