Initiative - Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a annoncé, mercredi à Oran, que son département œuvrera à la valorisation et la protection de la production artistique léguée par le défunt Blaoui Houari. Dans une déclaration à la presse, en marge de la cérémonie d'inhumation de la dépouille mortelle de l'icône de la chanson oranaise, M. Mihoubi s'est engagé en tant que ministre de la Culture à valoriser et à préserver les œuvres chantées et musicales d'une grande valeur léguées par le défunt. «Feu Blaoui Houari a composé et interprété de magnifiques textes faisant partie d'un patrimoine qu'il faille préserver par respect à sa personne, à son âme et à son droit» a précisé le ministre. M. Mihoubi a estimé que le décès du défunt chanteur laissera un grand vide dans les milieux artistiques du pays, notamment parmi les chanteurs qui ont bénéficié de son expérience ou modernisé certaines de ses chansons. Blaoui Houari a été une véritable école qui a tant donné durant sept décennies, a souligné le ministre, ajoutant que le défunt a brillamment réussi une expérience alliant entre le patrimoine et la modernité, tout en restant fidèle à son authenticité et à son identité musicale. Au cours de la cérémonie d'inhumation qui s'est déroulée au cimetière d'Aïn El-Beïda, à la sortie ouest d'Oran en présence d'une importante foule d'officiels, de figures du monde des arts et de la culture, de moudjahidine et d'anonymes, nombreux étaient ceux qui avaient apporté leur témoignage sur les qualités et les valeurs intrinsèques de l'artiste de l'homme et son fort attachement à son pays. A l'annonce du décès du défunt Blaoui Houari, le président de la République a adressé un message de condoléances à la famille du disparu dans lequel il a souligné que «l'Algérie et la scène artistique et culturelle perdent en lui une sommité qui a contribué, des décennies durant, au développement du goût national et humain». «Le défunt était une source inépuisable de créativité qui enrichit le répertoire national avec une variété de compositions musicales de différents styles et genres. De même qu'il a formé plusieurs jeunes talents qui ont brillé sur la scène artistique et contribué à la promotion de la musique dans notre pays», a ajouté le Président Bouteflika. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah a, lui aussi, présenté ses condoléances dans un message dans lequel il salue la mémoire d'un «symbole» de l'art algérien. Le défunt Blaoui Houari est décédé, mercredi à 3 heures du matin, à Oran, à l'âge de 91 ans, des suites d'une longue maladie. Né le 23 janvier 1926 à Haï Médina J'dida, à Oran, Blaoui Houari, s'est imprégné des musiques du terroir auprès de Cheikh Semmach avant d'être influencé par les musiques orientales et occidentales au début des années 1950.Il a réarrangé plusieurs textes de la poésie bédouine de Cheikh Hamada et Cheikh Belmadani comme «Bya dak el mour», «Rani m'hayer» et avait également composé et interprété «Zabana», sur un texte écrit par Cherif Hammani, rencontré en prison durant la guerre de Libération.Outre un répertoire riche de plus de 500 chansons, le défunt avait contribué à l'émergence de nombreuses stars de la chanson oranaise et du raï durant les années 80, à l'image de Khaled, qui a repris de nombreux titres de son répertoire, Mami ou encore Houari Benchenet. En avril dernier, Blaoui Houari avait reçu la médaille de l'ordre du mérite national au rang de «Achir», décernée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. R. C. l Artistes et hommes de culture s'inclinent devant la mémoire du chanteur. Très affecté par cette disparition, Cheb Mami, salue, dans une déclaration par téléphone à l'APS, la mémoire de celui qui, dit-il, lui avait «ouvert toutes les portes» dès son arrivée à Oran, au tout début de sa carrière dans la chanson, et l'avait «pris sous son aile», tout comme un grand nombres d'autres chanteurs.Le défunt avait écrit et composé pour Cheb Mami «El Ghalia» et «Mâandi Hadja Fennas», deux de ses plus grands succès. «C'est grâce à Blaoui Houari» que lui et d'autres grands noms de la chanson raï ont pu accéder à une notoriété internationale», a-t-il tenu à témoigner. Contacté par téléphone, le plus illustre élève du défunt, Cheb Khaled, très affecté par cette disparition, regrette la disparition d'«un père, un confident et (son) mentor», tout à la fois. Tout récemment, il s'était rendu au chevet du défunt à son domicile oranais.De son côté, le guitariste emblématique du groupe Ranïa Raï, Lotfi Attar, déplore la perte de celui qui a «fait redécouvrir au public la poésie bédouine et certains instruments (de musique)» et inspiré le groupe dans sa démarche de modernisation du raï.Le trompettiste le plus célèbre du genre raï, Messaoud Bellemou, s'est dit attristé par la disparition d'un «pan de la culture algérienne», saluant, pour sa part, la mémoire d'«un pionnier» de la chanson oranaise moderne.Ami de longue date du défunt, Abdelkader Bendameche, président du Conseil national des arts et des lettres (Cnal), a salué la mémoire de celui qui reste la «référence incontournable pour tous les grands chanteurs oranais».