,L'Office national de la statistique (ONS) vient d'annoncer en ce mois d'août 2017, un taux de chômage inquiétant mais qui était prévisible. Le constat est que certains responsables vivent encore l'ère matérielle des années 1970, pouvant conduire le pays droit au mur sans vision stratégique s'adaptant au nouveau monde. Par ailleurs, les organismes chargés de l'investissement et l'emploi agréent un maximum de projets avec de nombreux avantages financiers et fiscaux. Or, il convient de se demander si ces projets s'insèrent dans une vision globale de développement du pays, s'ils concernent des segments porteurs de croissance durable ou ne s'assimilent-ils pas à un replâtrage par la redistribution de la rente pour calmer le Font social ? Il existe un lien dialectique entre développement et, sécurité car sans un développement durable, il y a nécessairement accroissement de l'insécurité qui a un coût croissant. La LFC 2009 dont la règle généralisée des 49/51% est jugée trop protectionnistes par les investisseurs étrangers a freiné l'élan aux IDE notamment des PMI/PME. D'une manière générale, les résultats des organismes chargés de l'emploi (ANDI l'ANSEJ, le CNAC-) en référence aux projets réalisés et non en intention sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. Comme selon certaines sources, plus de 50% des projets réalisés sont abandonnés après avoir bénéficié des avantages accordés et les nombreux litiges auprès des banques de non remboursement l'attestent. Or, avant de lancer dans une opération couteuse à terme pour le pays et sans analyser sa rentabilité en dynamique au vu des nouvelles mutations technologiques et managériales mondiales, un bilan serein implique de répondre à certaines questions et ce d'une manière précise et quantifiée : quel est le bilan de l'ANDI- CNAC- ANSEJ depuis leur existence dans la réalisation effective de ces projets et non de dossiers déposés et le statut juridique ; -quel est le temps imparti pour les projets réalisés entre le moment du dépôt et la réalisation effective le principal défi du XXIème siècle étant la maîtrise du temps ; -pour les projets réalisés combien ont fait faillite selon les règles du code de commerce ; - quelle est la part en devises et en dinars des projets réalisés en dressant la balance devise ; -quel est le niveau d'endettement bancaire des projets réalisés avec le montant des créances douteuses ; - la ventilation des crédits bancaires par projets ; -quel est le montant exact des avantages fiscaux accordés tant pour les projets que ceux réalisés ; -la ventilation des postes de travail avec le niveau de qualification des projets et ceux créés dans la mesure où le développement du XXIème siècle repose sur la valorisation du savoir ; - quelle est la contribution à la valeur ajoutée réelle du pays des projets réalisés ; - ces projet et ceux réalisés s'insèrent –ils dans le cadre des valeurs internationales dans la mesure avec la mondialisation, malgré la crise, nous sommes dans une économie ouverte du fait des engagements internationaux de l'Algérie. Aussi, pour se faire une idée du bilan nécessaire et afin de dépasser l'entropie actuelle, il ya lieu d'évaluer l'impact de la dépense publique : -sur le taux de croissance, le taux de chômage et le pouvoir d'achat des citoyens -réaliser des enquêtes fines mettant en évidence la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales pour déterminer l'indice de concentration en termes réels et non fictifs et selon une vision dynamique à moyen et long terme -la part des marchés octroyés aux nationaux (privé et public), en distinguant également l'autofinancement et les emprunts auprès des banques et surtout leurs capacités de réalisation, -de distinguer au sein des investissements nettement la partie devises et la partie dinars ; -la part des marchés octroyés aux étrangers; ont-ils contribués à l'accumulation du savoir faire organisationnel et technologique ou est ce des contrats clefs en main; quel est leur apport en fonds propres et la part couverte par les banques algériennes ; - quel a été le montant du flux de l'investissement direct étranger plus les transferts de capitaux vers l'Algérie; - le seul document opératoire étant la balance de paiement, quel a été le montant des sorties de devises (biens -services souvent oublié entre 10/12 milliards de dollars/an entre 2010/2016, et les transferts légaux de capitaux) devant dresser le bilan de la règle de la règle des 49/51% depuis son instauration en 2009 et enfin d'analyser sans complaisance l'impact de la mise en œuvre des licences d'importations qui doivent s'inscrire dans un objectif stratégique de dynamisation du tissu productif national , être transitoires et octroyées dans la plus totale transparence pour éviter des rentes de situation et en respectant les accords internationaux. 3.- Pour une nouvelle politique de l'emploi et des salaires Il existe une loi universelle, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée. L'on ne crée pas des emplois par décrets ou volontarisme étatique, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel de 12,3% pour avril 2017 % est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateurs de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement, du fait de l'allocation sectorielle d'investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualifications comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d'être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300 000/400 000 postes de travail par an entre 2017-2020, qui s'ajoutent au taux actuel du chômage, sous-estimé du fait de la pression démographique, de l'entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage. Que deviendront les 2 millions d'étudiants sortis des universités entre 2018-2020 ? D'une manière générale, les réserves de change ne sont qu'un signe monétaire permettant de stabiliser la monnaie par rapport au dollar et à l'euro et non signe de développement. Méditons les expériences du syndrome hollandais (aisance financière et corruption généralisée) et la Roumanie de l'ère communiste avec une dette extérieure égale à zéro mais une économie en ruine. L'inflation et le chômage que l'on comprime artificiellement en Algérie par le canal de la rente des hydrocarbures sont les conséquences de la maladie du corps social, c'est-à-dire des incohérences des politiques socio-économiques. Sans les subventions généralisées, non ciblées, combinées au dérapage du dinar, en cas de non-accroissement de la production et de la productivité réelle, de la baisse des réserves de change qui tiennent la valeur du dinar à 70%, le taux d'inflation pourrait, dans les années à venir, atteindre les deux chiffres avec d'inévitables tensions sociales. Avec la baisse des recettes des hydrocarbures, cette situation des subventions généralisées, des avantages fiscaux et les intérêts bonifiés accordés à maints secteurs sans analyse d'impacts, est intenable. Sans les emplois improductifs et en plus en cas de réduction de la dépense publique, le taux de croissance étant tiré à 70/80% directement et indirectement par la dépense publique via les hydrocarbures, dont le BTPH, avec le risque d'une bulle immobilière, avec la baisse du pouvoir d'achat, le taux de chômage dépasserait largement le taux officiel. Tout en n'ayant pas une vision essentiellement négative, beaucoup de réalisations mais beaucoup d'insuffisances, il y a urgence d'une vision stratégique pour dépasser la situation actuelle en ce monde impitoyable en perpétuel mouvement, un discours de vérité s'imposant loin de la langue de bois. Le constat est que l'Algérie est toujours en 2016 en en transition, une véritable économie de marché concurrentielle productive, ni une économie étatisée expliquant les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu'économique. Durant cette période de transition difficile d'une économie étatisée à une économie de marché concurrentielle et l'Etat de droit est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours que contredisent journellement les pratiques sociales, toujours freinés lors que le cours des hydrocarbures augmente. Les banques, lieu de distribution de la rente, continuent de fonctionner comme des guichets administratifs, et du fait des enjeux des réformes souvent différées s'attaquant plus aux aspects techniques qu'organisationnels, alors qu'elles sont le moteur des réformes ; la privatisation et le partenariat comme moyens d'investissement et de valeur ajoutée piétinent faute de cohérence et de transparence ; la facture alimentaire est élevé malgré le fameux programme agricole (PNDA) dont il conviendra de faire le bilan du fait de plusieurs de milliards de dollars de dépenses et la bureaucratie et la corruption continuent de sévir. Comme conséquence de l'incohérence et du manque de visibilité de la politique socio-économique, pratique de plusieurs décennies et non seulement de la période actuelle, la monnaie étant un rapport social traduisant la confiance entre l'Etat et le citoyen, nous assistons la chute vertigineuse du dinar tant sur le marché officiel que sur le marché parallèle avec le retour à l'inflation que l'on comprime par des subventions généralisées injustes via la rente, alors que le ciblage s'impose, au refuge dans les activités spéculatives, au découragement du savoir et des entreprenants créateur de richesses, à l'extension de la sphère informelle, à des tensions sociales à travers les wilayas ce qui traduit les difficultés du système économique à générer une croissance hors hydrocarbures, seule condition pour faire face à ce malaise social. 4.-En résumé, face aux tensions budgétaires inévitables entre 2017/2020, le cours du pétrole étant à la baisse pendant une longue durée, gouverner étant de prévoir, il s'agira, en fonction des résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d'adaptation tant sur le plan économique que social et politique solidaires, supposant un large front national, tenant compte des différentes sensibilités, des mutations locales et internationales, étant à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale avec de profonds bouleversements géostratégiques(1). Un large front social s'impose pour accélérer les réformes structurelles. L'Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d'autrui, se regroupent au sein d'un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute Nation qui n'avance pas recule forcément. Evitons le monologue et élargissons le débat à l'ensemble des segments de la société. Car, du fait que la crise multidimensionnelle que traverse la société algérienne est systémique, cela dépasse le cadre strictement économique, renvoyant à des aspects politiques impliquant une gouvernance renouvelée et donc la refondation de l'Etat si l'on veut éviter à terme une implosion sociale aux conséquences désastreuses pour le pays. L'Algérie selon les observateurs internationaux, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international