Le constat est tel que certains responsables vivent encore l'ère matérielle des années 1970, pouvant conduire le pays droit au mur sans vision stratégique s'adaptant au nouveau monde. Par ailleurs, les organismes chargés de l'investissement et de l'emploi agréent un maximum de projets avec de nombreux avantages financiers et fiscaux. Or, il convient de se demander si ces projets s'insèrent dans une vision globale du développement du pays, s'ils concernent des segments porteurs de croissance durable ou ne s'assimilent-ils pas à un replâtrage ? L'Algérie, selon les observateurs internationaux, j'ai été invité personnellement le 2 novembre 2016 à Alger en tant qu'expert indépendant avec la délégation du Parlement européen (PE) à Alger présidé par M. Antonio Panzeri, président de la délégation pour les Relations avec les Pays du Maghreb, à toutes les potentialités, sous réserve de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. 1- Sachant que le secteur industriel représente moins de 5% du Produit intérieur brut(PIB), que sur ces 5% les PMI/PME qui constituent plus de 95% du tissu productif algérien sont en difficulté (bureaucratie, système financier sclérosé, système socio-éducatif non adapté, foncier) en plus de la concurrence de la sphère informelle produit de la bureaucratie qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation, il convient de se demander si les jeunes promoteurs agréés par l'Andi, l'Ansej et d'autres organismes chargés de la promotion de l'emploi, ont la qualification et surtout l'expérience nécessaire pour manager les projets, à l'instar de ce qui se passe partout dans le monde, diriger une entreprise dans un cadre concurrentiel afin d'avoir des prix/coûts compétitifs. Le risque n'est-il pas d'assister à un gaspillage des ressources financières en fait de la rente des hydrocarbures et à terme au recours au Trésor à l'instar de l'assainissement des entreprises publiques ? Comme on le constate actuellement pour la SNVI et El-Hadjar véritable gouffres financiers, dont le collectif réclame la présence du ministre de l'Industrie, malgré ses promesses euphoriques publiques induisant en erreur les plus hautes autorités du pays, qui avait promis la résolution de tous les problèmes entre 2014/2015. Car l'actuelle politique industrielle, sans cohérence se fonde sur l'ère matérielle des années 1970 (fer-ciment) croyant que c'est la solution miracle, oubliant que le monde s'oriente vers de nouvelles technologies économisant le fer et le ciment, segments contrôlés au niveau mondial actuellement par cinq firmes internationales, étant impossible d'exporter surtout en Afrique, sans un partenariat étranger fiable. La trajectoire raisonnable, en attendant une véritable relance des segments hors hydrocarbures, n'aurait-elle pas été l'investissement le plus sûr dans l'acquisition du savoir-faire par une formation additionnelle et des stages pour les préparer sérieusement à l'insertion dans la vie active durablement ? Comment ne pas rappeler que selon les données officielles pour ce qui est de la répartition des projets par secteurs, l'Ansej notamment, c'est celui des transports qui a attiré le plus d'investissements suivi de près par le secteur du bâtiment, des travaux publics, suivi de loin moins 15/20% par le secteur de l'industrie celui de l'agriculture avec un faible Investissement direct étranger IDE hors hydrocarbures au niveau des segments productifs permettant la concurrence internationale, se concentrant essentiellement sur le marché intérieur, nombre insignifiant en comparaison de ce qui est enregistré chez nos voisins et surtout en rapport avec le potentiel national et des efforts gigantesques en investissements publics. Les grandes firmes choisissent de s'installer chez nos voisins et vendre chez nous. La LFC 2009 dont la règle généralisée des 49/51% est jugée trop protectionniste par les investisseurs étrangers a freiné l'élan aux IDE, notamment des PMI/PME. D'une manière générale, les résultats des organismes chargés de l'emploi (Andi, Ansej, Cnac) en référence aux projets réalisés et non en intention sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. Comme selon certaines sources, plus de 50% des projets réalisés sont abandonnés après avoir bénéficié des avantages accordés et de nombreux litiges auprès des banques de non-remboursement l'attestent. 2.- Or, avant de se lancer dans une opération coûteuse à terme pour le pays et sans analyser sa rentabilité en dynamique, au vu des nouvelles mutations technologiques et managériales mondiales, un bilan serein implique de répondre à dix questions et ce, d'une manière précise et quantifiée : - Quel est le bilan de l'Andi- Cnac , Ansej depuis leur existence, dans la réalisation effective de ces projets et non de dossiers déposés et le statut juridique ? - Quel est le temps imparti pour les projets réalisés entre le moment du dépôt et la réalisation effective le principal défi du XXIe siècle étant la maîtrise du temps ? - Pour les projets réalisés combien ont fait faillite selon les règles du code de commerce ? - Quelle est la part en devises et en dinars des projets réalisés en dressant la balance devise ? - Quel est le niveau d'endettement bancaire des projets réalisés avec le montant des créances douteuses ? - La ventilation des crédits bancaires par projets. - Quel est le montant exact des avantages fiscaux accordés tant pour les projets que ceux réalisés ? - La ventilation des postes de travail avec le niveau de qualification des projets et ceux créés dans la mesure où le développement du XXIe siècle repose sur la valorisation du savoir. - Quelle est la contribution à la valeur ajoutée réelle du pays des projets réalisés ? - Ces projets et ceux réalisés s'insèrent-ils dans le cadre des valeurs internationales dans la mesure où avec la mondialisation, malgré la crise, nous sommes dans une économie ouverte du fait des engagements internationaux de l'Algérie ? 3.- Concernant l'aspect macroéconomique global, il existe une loi universelle : le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée. L'on ne crée pas des emplois par décret, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel de 11% est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant de l'administration que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs ( 5 mois non créateur de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement du fait de l'allocation sectorielle d'investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualification comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d'être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300 000/400 000 postes de travail par an entre 2017/2020, qui s'ajoute au taux actuel du chômage, sous-estimé du fait de la pression démographique, de l'entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage ? Et que deviendront les 2 millions d'étudiants sortis des universités entre 2018/2020 ? Dès lors se pose cette question stratégique : cette faiblesse du dépérissement du tissu productif en Algérie n'explique t- elle pas que le taux de croissance n'est pas proportionnel à la dépense ? Doit-on continuer dans cette trajectoire où les dépenses ne sont pas propositionnelles aux impacts ? Aussi, pour se faire une idée du bilan nécessaire et afin de dépasser l'entropie actuelle, il y a lieu d'évaluer l'impact de la dépense publique : - Sur le taux de croissance, le taux de chômage et le pouvoir d'achat des citoyens, - Réaliser des enquêtes fines mettant en évidence la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales pour déterminer l'indice de concentration en termes réels et non-fictifs et selon une vision dynamique à moyen et long terme, - La part des marchés octroyés aux nationaux (privé et public), en distinguant également l'autofinancement et les emprunts auprès des banques et surtout leurs capacités de réalisation, - de distinguer au sein des investissements nettement la partie devises et la partie dinars ; - la part des marchés octroyés aux étrangers (ont-ils contribué à l'accumulation du savoir-faire organisationnel et technologique ou est-ce des contrats clés en main) avec leur apport en fonds propres et la part couverte par les banques algériennes ; - le montant du flux de l'investissement direct étranger plus les transferts de capitaux vers l'Algérie, le seul document opératoire étant la balance de paiement - la sortie de capitaux en dehors de l'Algérie. 4.- Tout en n'ayant pas une vision essentiellement négative, beaucoup de réalisations mais beaucoup d'insuffisances, il y a urgence d'une vision stratégique pour dépasser la situation actuelle en ce monde impitoyable en perpétuel mouvement, un discours de vérité s'imposant loin de la langue de bois. Le constat est que l'Algérie est toujours en 2016 en transition, ni une véritable économie de marché concurrentielle productive, ni une économie étatisée expliquant les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu'économique. Durant cette période de transition difficile d'une économie étatisée à une économie de marché concurrentielle et l'Etat de droit est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours que contredisent journellement les pratiques sociales, toujours freinés lorsque le cours des hydrocarbures augmente. Les banques, lieu de distribution de la rente, continuent de fonctionner comme des guichets administratifs, et du fait des enjeux des réformes souvent différées, s'attaquant plus aux aspects techniques qu'organisationnels, alors qu'elles sont le moteur des réformes ; la privatisation et le partenariat comme moyens d'investissement et de valeur ajoutée piétinent faute de cohérence et de transparence ; la facture alimentaire est élevée malgré le fameux Programme agricole (PNDA), dont il conviendra de faire le bilan du fait de plusieurs milliards de dollars de dépenses et la bureaucratie et la corruption continuent de sévir. Comme conséquence de l'incohérence et du manque de visibilité de la politique socio-économique, pratique de plusieurs décennies et non seulement de la période actuelle, la monnaie étant un rapport social traduisant la confiance entre l'Etat et le citoyen, nous assistons à la chute vertigineuse du dinar tant sur le marché officiel que sur le marché parallèle avec le retour à l'inflation que l'on comprime par des subventions généralisées injustes via la rente, alors que le ciblage s'impose, au refuge dans les activités spéculatives, au découragement du savoir et des entreprenants, à l'extension de la sphère informelle, à des tensions à travers toutes les wilayas, ce qui traduit les difficultés du système économique à générer une croissance hors hydrocarbures, seule condition pour faire face à ce malaise social. Un large front social s'impose pour accélérer les réformes structurelles. L'Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d'autrui, se regroupent au sein d'un même objectif, à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute nation qui n'avance pas recule forcément. Evitons le monologue et élargissons le débat à l'ensemble des segments de la société. Car, du fait que la crise multidimensionnelle que traverse la société algérienne est systémique, cela dépasse le cadre strictement économique, renvoyant à des aspects politiques impliquant une gouvernance renouvelée et donc la refondation de l'Etat, si l'on veut éviter à terme une implosion sociale aux conséquences désastreuses pour le pays. L'Algérie selon les observateurs internationaux, ayant été invité le 2 novembre 2016 à Alger en tant qu'expert indépendant avec la délégation du Parlement européen (PE) à Alger présidé par M. Antonio Panzeri, président de la délégation pour les Relations avec les pays du Maghreb, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la stabilité des régions méditerranéenne et africaine.