L'essayiste et romancier britannique s'est éteint à l'âge de 92 ans à Oxford. Auteur de la série de science-fiction Helliconia, sa nouvelle Super Toys Last All Summer fut adaptée au cinéma par Steven Spielberg sous le titre Intelligence artificielle, en 2001. C'était le plus intellectuel des auteurs de science-fiction britannique. Le plus facétieux et le plus drôle aussi. Brian Aldiss, auteur de la trilogie Helliconia, est mort le 19 août, à l'âge de 92 ans, à Oxford (Royaume-Uni). Auteur prolifique d'une centaine de romans, essayiste, et nouvelliste, il fut aussi scénariste pour le cinéma. Né le 18 août 1925 à Dereham dans le comté de Norfolk, mobilisé en 1943, Aldiss est envoyé en Birmanie pour combattre le Japon. Hiroshima et Nagasaki mettront fin à son engagement militaire. De retour à Oxford en 1947, il se fait engager dans une librairie. Son premier livre, Le Monde Vert (Hothouse), est publié en 1962. Suivront Croisière sans escale, un space opera luxuriant en 1958, mettant en scène une arche stellaire peuplée de terriens qui errent dans la galaxie depuis tant de générations qu'ils ont oublié le pourquoi de leur quête. Les problématiques écologiques le passionnent. À la même époque qu'Harry Harrison, l'auteur de Soleil Vert (Soylent Green), il publie La Tour des damnés (1968) où il décrit les tourments des habitants d'une tour futuriste confrontée à la surpopulation. Aldiss aura également été un précieux théoricien de la science-fiction notamment avec la publication en 1973 de The Billion Year Spree: An History of Science-Fiction, dans lequel, il avait voulu démontrer que le vrai leitmotiv de la SF, c'est le pouvoir, et non la science. Le choc de la découverte du «Nouveau roman» «À la parution de cet ouvrage iconoclaste, les fans et les initiés m'ont immédiatement mis à l'index aux Etats-Unis, avait-il confié lors d'un entretien au Figaro en 1999. Ils avaient détesté ce livre, car il était très «anti-establishment». Mon livre établissait que le genre n'était certainement pas né avec Jules Verne, H.G. Wells ou même Hugo Gernsbach, mais avec Mary Shelley et son Frankenstein, où le savant Victor Frankenstein extirpe à Dieu un de ses pouvoirs fondateurs, celui qui consiste à donner la vie.» En réalité, l'auteur d'A l'Est de la vie aura ainsi passé son existence à déranger l'univers policé des fanas de science-fiction. Dans les années 60, avec Michael Moorcock, Thomas Dish et James Ballard, Aldiss n'hésita pas à rebaptiser le genre sous l'astucieuse dénomination de «Speculative-fiction», ou «Spic-fic». Proche des idées et thématiques de Philip K.Dick (1928-1982), Aldiss découvre le «nouveau roman» français, d'Alain Robbe-Grillet à Michel Butor en passant par le film d'Alain Resnais L'Année dernière à Marienbad. «Ce film aura été un véritable choc, avait-il reconnu toujours lors du même entretien. L'antiroman était également quelque chose qui m'avait immédiatement séduit. En Angleterre, nous n'avions pas l'habitude d'établir des théories sur la littérature. J'ai adoré cette idée d'écrire un roman sans trame narrative, sans dénouement ni intrigue définie. Probabilité A est né de cet enthousiasme.» Avec la parution de sa trilogie Helliconia entre 1982 et 1985, Aldiss marque le genre d'une pierre blanche. Mais c'est avec sa nouvelle Super Toys Last All Summer qu'il entrera dans la légende. Son émouvant texte contant la rencontre entre un jeune garçon et une intelligence artificielle touche Stanley Kubrick qui veut l'adapter sur grand écran. «L'histoire tournait autour d'un enfant qui, quoi qu'il fasse, ne peut jamais satisfaire sa mère et ne parvient pas à gagner son amour, résumait lui-même Brian Aldiss. L'aspect émotionnel est plus important dans cette nouvelle que la dimension de science-fiction. L'androïde David est sans doute une projection de moi-même. Et j'imagine que Kubrick aussi a été un petit garçon comme ça. Il faut une raison profonde pour qu'il ait travaillé dix ans là-dessus.» En 1999, après la mort de Kubrick, Steven Spielberg reprendra le flambeau de l'auteur d'Orange Mécanique et réalisera A. I. (Artificial Intelligence) qui sort en 2001 avec Jude Law et le jeune Haley Joel Osment. Aldiss, avait déclaré au Figaro à l'époque qu'il y avait «beaucoup de bonnes choses, intelligentes dans le film de Steven Spielberg».