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Place du secteur privé au sein de l'économie algérienne
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 10 - 2017

Je définis le véritable nationalisme comme celui à quelque niveau de responsabilité qu'il soit, entrepreneurs ou de simples citoyens qui contribuent à l'accroissement de la valeur ajoutée nationale, à la création d'emplois durables et contribuant à travers un impôt juste aux recettes fiscales de l'Etat. Il s'agit de démystifier l'apport du secteur privé productif que certains et la nostalgie du socialisme de la mamelle assimilent à prédateurs.
Pour ma part je suis un défenseur de l'économie de marché concurrentielle, loin de tout monopole, à finalité sociale contre un capitalisme sauvage et ce depuis de longues décennies, pouvant faire cohabiter secteur d'Etat et secteur privé concurrentiel durant cette phase de transition (1)
I.- Les principaux entrepreneurs privés algériens opérant dans la sphère réelle économique sont connus sur la place publique notamment dans l'industrie et le BPTPH. Pour éviter des interprétations byzantines, la liste qui suit est faite en vrac et ne traduit pas forcément le poids réel de chaque groupe.
-1- Nous avons le groupe Cevital,
-2- Le groupe Mehri
-3- Le groupe Kouininef
-4- Le Groupe Haddad
-5- Le groupe Rahim
-6- Le groupe Benamor
-7- Le groupe Othmani
-8-Le groupe Benhamadi
-9-Le groupe Hasnaoui
-10-Le groupe Biopharm
-11- Le groupe SIM
-12- Bien entendu il existe d'autres groupes dont je ne citerai pas sans être exhaustif
-a- la société Hamoud Boualem
-b- Le groupe Attia
-c- Le groupe Eden (Cherif Othmane)
-d- Le groupe Dennouni
-e- Alliances Assurances
-f- Nous avons notamment La Belle
-g- la Sarl CVA Bellat.
Sur le plan organisationnel, nous avons le manque d'unification des organisations patronales privées où sans être exhaustif nous avons : la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) la Confédération générale du patronat (CGP-BTPH), la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA, la Confédération algérienne du patronat (CAP) , le Conseil supérieur du patronat algérien (CSPA), l'Association des femmes chefs d'entreprises (Savoir et vouloir entreprendre-SEVE), le Club des entrepreneurs et des industriels de la Mitidja (CEIMI). Le FCE est considéré comme un Think tank (laboratoire d'idées) et non comme une organisation syndicale.
Le Forum des Chefs d'Entreprises a été créé en octobre 2000 par un groupe de patrons. Il veut contribuer à l'instauration de l'esprit d'entreprise au sein de l'économie algérienne, et défendre les intérêts des entrepreneurs. Omar Ramdane, PDG de Modern Ceramics, en fut le premier président suivi par Issad Rebrab et puis il a cédé son poste à Réda Hamiani, ancien ministre des PME qui cède sa place à Ali Haddad en novembre 2014.
Le FCE pour avoir plus de crédibilité doit éclairer l'opinion publique sur certaines contradictions des données statistiques contenues sur son site. Selon son site en février 2016, le FCE regroupe environ 1800 entreprises avec un chiffre d'affaires global de plus de 30 milliards de dollars et emploient plus de 260 000 salariés. Toujours selon le site du FCE, le Forum regroupe à février 2017 environ 3000 entreprises avec un chiffre d'affaires global de plus de 30 milliards de dollars et emploient plus de 300 000 salariés. Toujours selon le site du FCE, en juillet 2017 nouvelles données : le FCE regrouperait 300 000 employés, 40 milliards de dollars de chiffre d'affaires avec 2 000 membres et 4 000 entreprises.
Contradiction entre le montant du chiffre d'affaires pour 2016 avec un chiffre d'affaires augmenté de 10 milliards de dollars avec le même nombre d'employés. Si l'on prend d 40 milliards de dollars de CA les ratios internationaux donnerait pour le FCE un montant de paiement d'impôt à l'Etat pour ses membres sur les bénéfices entre 4/6 milliards de dollars par an pour les activités en exercice, devant certes tenir compte, le nombre d'employés et le paiement des impôts des membres des avantages des exonérations fiscales prévues par l'es agences d'investissement.
Par ailleurs, il semble que le chiffre d'affaires a été gonflé représentant 25% du PIB global alors que selon les données officielles il représente moins de 3% de la population totale occupée (10 millions) et par rapport au secteur d'économique environ 7 millions que 4,1% de ses effectifs. Les données redressées fiables devraient tourner entre 15/20 milliards de dollars dont 80% de petites PMI/PME soit environ 10% du PIB et moins de 5% pour les grandes entreprises avec dominance du BTPH , signalons que Cevital et le groupe Othmani et d'autres grands entrepreneurs ne sont pas dans cette organisation Cela est confirmé par l'emprunt obligataire initié par le FCE qui a été un semi échec, ayant peu drainé l'épargne de la sphère informelle.
Le bilan à juin 2016 donne un montant de près de 251 milliards de dinars, au cours actuel 2,10 milliards de dollars son lancement selon l'APS, la quasi-majorité de ces souscriptions ayant été enregistrée au niveau des agences bancaires et des compagnies d'assurances, alors que les trésoreries des wilayas ont collecté une part infime de 1%. Bon nombre d'opérateurs du FCE ont retiré leur agent des banques primaires taux d'intérêt bas à environ 2% pour le placer au niveau du trésor selon la durée à un taux variant entre 5 et 5,75%. Celui qui a placé 100 milliards de centimes percevra pendant cinq ans chaque année environ 5 milliards de centimes.
Se pose également cette question qui interpelle la décision de l'impôt sur la fortune : les plus grosses fortunes en Algérie sont-elles forcément dans la sphère réelle en Algérie dont plus de 80% des opérateurs dépendent de la dépense publique et des emprunts des banques et comment comptabiliser l'argent investi ou déposé dans les paradis fiscaux à l'étranger ? Quelles sont les fortunes au niveau de la sphère informelle notamment marchande avec une intermédiation informelle à des taux d'usure.
Cette sphère contrôle au niveau de la sphère réelle 65% des segments des produits de première nécessité : fruits/légumes, marché du poisson, marché de la viande blanche/rouge et à travers des importations informels le textile/cuir, avec une concentration du capital au profit de quelques monopoleurs informels. Cette sphère liée à la logique rentière tisse des liens dialectiques avec certains segments de l'administration expliquant qu'il est plus facile d'importer que de produire localement.
2.-Sur le plan historique depuis l'indépendance politique, le secteur privé algérien s'est développé largement à l'ombre du secteur d'Etat selon le fameux slogan secteur privé facteur complémentaire du secteur d'Etat. Ce qui le freine c'est l'environnement qui bloque la mise en œuvre d'affaires et les initiatives créatrices de valeur ajouté à l'instar, comme l'actuel marché du travail rigide et la politique salariale qui favorise des emplois rentes au lieu du savoir et du travail. Cela explique selon nos enquêtes que bon nombre d'entrepreneurs, face à une concurrence étrangère ont des filières d'importation afin d'équilibrer leur comptes globaux.
Que l'on visite bon nombre d'anciennes zones industrielles (Est- Centre – Ouest ou la zone de Ghardaïa) et l'on constatera que bon nombre d'anciennes usines se sont transformées en aire de stockage expliquant d'ailleurs le dépérissement du tissu productif où l'industrie représente selon l'ONS en 2016, 6,3% du produit intérieur brut.
La raison essentielle sont les contraintes d'environnement : bureaucratie pour plus de 50%, un système financier administré,( plus de 90% des crédits octroyés sont le fait de banques publiques), un système socio-éducatif inadapté et enfin l'épineux problème du foncier. A cela s'ajoute du fait de l'ancienne culturelle, une méfiance vis-à-vis du privé tant local qu'international du fait que les tenants de la rente ont peu de perdre des parcelles de pouvoir. Cela explique d'ailleurs ces alliances entre la sphère bureaucratique et certaines sphères privées spéculatives mues par des gains de court terme via la rente.
3.- Il est utile de mettre en relief quelques indicateurs pour 2016 ( source ONS)
a-chiffre d'affaires :
-total 189 milliards de dollars
-public 65 milliards de dollars
-privé 124 milliards de dollars
-35% public, 65% privé
-Valeur ajoutée 32% public, 68% privé
b-consommations intermédiaires : pour 2016 les consommations intermédiaires (CI) globales représentent 36,20% par rapport au chiffre d'affaires (CA) et par rapport à la valeur ajoutée(VA) 56,70% -Pour le secteur public les CI représentent 40,52% par rapport au CA et 68,15% par rapport à la VA -Pour le secteur privé les CI représentent 33,87% par rapport au CA et 51,21% par rapport à la VA.
c-produit intérieur brut
- PIB 2016 -Industrie 6,1%
- hydrocarbures 18,8%
-agriculture 13,3%
-BTPH 12,9%
-services marchands 30,1%
-services non marchands 18,8%, pour ces deux derniers rubriques 48,9% et en incluant le BTPH qui relève de la dépense publique 61,8%.
d- impôts liés à la production par secteur juridique en 2016 : Le secteur privé ne contribue qu'à hauteur de 32,4% et le public à 67,6%.
e- part du secteur privé dans la valeur ajoutée : Par secteurs le secteur public représente dans les hydrocarbures 89,4%, le secteur privé 10,6%,
- services travaux pétroliers 100% secteur public, étant surtout les partenaires étranger,
- eau énergie 100% secteur public,
- les mines et carrières le secteur public 91,8% et 8,2% le secteur privé,
-les Industries mécaniques, métallurgiques, électriques ISMME noyau du développement industriel, le secteur public représente 93,0% et le secteur privé seulement 7,0%,
- le secteur agriculture- pêche-sylviculture, le secteur privé représente 99,3%
- dans la chimie, plastique-caoutchouc 79,2%,
-dans les matériaux de construction , 46,2% dans l'agro-alimentaire 87,5%,
- 83,1% dans le BTPH,
- 86,4% dans le textile/cuir
-50,2% dans la section bois lièges papiers
- 82,9% dans le transport communication mais dominé par les petits transporteurs et taxis, le chemin de fer, l'aviation relevant du domaine de l'Etat,94,4% dans le commerce, 80,1% dans la section hôtels-café restaurant,68,6% dans les services fournis aux entreprises et 92,2% dans les services fournis aux ménages.
Concernant l'emploi, l'Algérie comptait au 01 janvier 2016 une population active de 11,932 millions de personnes, répartie entre une population occupée de 10,6 millions de travailleurs et un nombre de chômeurs de 1,337 million d'individus, selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). Début 2016, la population occupée se compose de 8,66 millions d'hommes et de 1,934 million de femmes. Le salariat continue à constituer la forme dominante de la population occupée avec un taux de 69,8%.
La catégorie des employeurs et indépendants représente 28,7% de l'ensemble de la population occupée. Quant à la structure de l'emploi selon le secteur d'activité, elle fait ressortir que les services marchands et non marchands absorbent 61,6% de la main d'œuvre totale, suivi par le BTP (16,8%), l'industrie (13%) et l'agriculture (8,7%). En fonction du secteur juridique, l'enquête de l'ONS indique que le secteur privé emploie 58% de l'ensemble des employés, mais avec une disparité hommes-femmes puisque l'emploi féminin se concentre en particulier dans le secteur public avec 64,1% de l'emploi féminin global.
4.-Selon les données quantitatives du recensement économique (RE) effectué par l'Office national des statistiques (ONS) en 2011, le seul réalisé depuis, mais certainement n'ayant pas connu de changement structurel notable entre 2012/2017, le nombre d'entreprises recensées sur le territoire national a atteint 990 496 entités dont plus de 934 250 entités économiques avec la «prédominance» du secteur commercial et le caractère «tertiaire de l'économie nationale plus de 83% du tissu économique global.
Par ailleurs cette enquête a révélé que le tissu économique national est fortement dominé par les personnes physiques à 95% (888.794) alors que les personnes morales (entreprises) représentent seulement 5%, soit 45.456 entités, ce résultat étant révélateur d'une économie basée essentiellement sur des micro- entités peu initiées au mangement stratégique.
Les quelques cas analysées précédemment qui sont d'ailleurs confrontés à de nombreuses contraintes, ne peuvent permettre à eux seuls une dynamisation globale de la production hors hydrocarbures, nécessitant des milliers d'entrepreneurs dynamiques.
Car si le secteur privé réalise 80% de la valeur ajoutée hors hydrocarbures du pays, qui ne représente d'ailleurs que 2/3% du total des exportations contre 97/98% pour Sonatrach, et sur ces 2/3% 60% sont des dérivées d'hydrocarbures relevant du secteur public donc un montant dérisoire de moins 500/600 millions de dollars pour 2016 et sa part dans l'investissement porteur à moyen et long terme global est négligeable.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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