Le film documentaire «Molenbeek, génération radicale?» coréalisé par l'Algérien Chergui Kharroubi et le Belge José-Lui Penafuerte, explorant la violence et la radicalisation de la jeunesse dans cette commune de Belgique, a été projeté samedi à Alger. D'une durée de 65mn, cette oeuvre a inauguré la compétition documentaire du 8e Festival international du film d'Alger (Fica) dédié au film engagé qui a été inauguré vendredi. Tourné dans cette localité (Molenbeek) dont sont issus plusieurs terroristes, ayant perpétré des attentats depuis une dizaine d'années, et qui affiche un taux élevé de chômage et de pauvreté, ce documentaire cherche des réponses aux causes qui ont conduit à une telle radicalisation et montre les dégâts de la stigmatisation sur la population locale. En premier lieu les cinéastes pointent du doigt la misère sociale, la baisse du niveau de l'éducation, les coupes budgétaires dans l'enseignement et la culture mais aussi un grand nombre de «prêcheurs violents et extrémistes qui officiaient dans des mosquées de cette commune au vu et au su des autorités», comme en témoigne des policiers dans le film. En milieu associatif le documentaire montre les retombées sur la population musulmane de Molenbeek qui a vu réduit à néant le combat d'un demi-siècle pour des «mosquées et des boucheries halal» et pour concrétiser le vivre ensemble. Ces mêmes associations oeuvre aujourd'hui contre la «radicalisation de la jeunesse», le "repli sur soi" et pour pousser la population à «braver la peur». «Molenbeek, génération radicale?» s'intéresse particulièrement à l'école, où le spectateur découvre l'incompréhension des enfants devant autant de violence et la stigmatisation de leur commune. Plusieurs débats entre élèves, psychologues, théologiens et éducateurs ont montré des enfants conscients de l'incompatibilité de la violence avec l'islam ou avec toute autre religion, s'interrogeant sur les motivations des terroristes, sur la valeur de la vie humaine et surtout sur leur propre avenir. Le documentaire s'intéresse également aux efforts de la société civile pour canaliser la jeunesse de Molenbeek et lui offrir une alternative à la violence et des modèles de réussite à suivre. Ces associations organisent une multitude d'ateliers artistiques (photographie, vidéo, musique, dessin,...), des visites de musées, des tournois sportifs ou encore des débats afin de «sauver cette génération et ne plus revivre les mêmes drames». «Molenbeek, génération radicale?» a été présenté au jury de la section documentaire présidé par l'écrivain et réalisateur malien Manthia Diawara et qui compte entre autres membres l'universitaire Naget Khadda et le plasticien Mustapha Nedjai. Inauguré vendredi, le 8e Fica se poursuit jusqu'au 8 décembre à la salle El Mouggar avec au programme des documentaires comme «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans» de l'Algérienne Fatima Sissani, «Kemtiyu Cheikh Anta» du Franco-sénégalais Ousmane William Mbaye ou encore «Maman colonelle» du Congolais Dieudonné Hamadi. Toutes les oeuvres projetées sont rediffusées le lendemain à la salle de la cinémathèque d'Alger.