Les Libyens ont continué durant l'année 2017 à rechercher la solution politique définitive sans, toutefois, arriver à une alternative consensuelle à leurs divergences, au moment où une nouvelle initiative onusienne est proposée pour un règlement de la crise, qui frappe leur pays depuis 2011. Deux ans après la formation d'un gouvernement d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Serradj, issu de l'Accord inter-libyen signé en 2015 sous l'égide de l'ONU, les autorités basées à Tobrouk dans l'est du pays (parlement et gouvernement dont le mandat a expiré) s'attachent à s'imposer sur la scène et se dressent comme parties «incontournables» sans céder au GNA, reconnu par la communauté internationale. De l'avis des observateurs, l'année 2017, «devait être celle des décisions» pour aboutir à une solution politique. Mais si sur le plan sécuritaire des progrès ont été enregistrés avec le démantèlement du groupe terroriste «Etat islamique» (Daech/EI) de plusieurs villes -Benghazi et Syrte-, le processus politique en Libye avance à petits pas notamment après l'expiration - le 17 décembre 2017- de l'Accord politique qui marque «un tournant important», selon les observateurs, étant le seul cadre viable pour mettre fin à la crise, en attendant la tenue des élections prévues en 2018. Néanmoins, avec la nomination en juin dernier, d'un nouvel Envoyé spécial de l'ONU, Ghassan Salamé, les efforts onusiens vont bon train et l'espoir de trouver une issue politique à la crise se dessine. Se disant optimiste «quant à l'avenir de la Libye», M. Salamé n'a pas cessé de réaffirmer que «la clé de la stabilité est dans les mise en place des institutions». En septembre, le chef de la mission de l'ONU, avait présenté un plan d'action devant le conseil de sécurité, qui consiste à sortir le pays de la phase transitoire actuelle pour sceller une solution politique bâtie autour d'une Constitution, d'élections (présidentielle et législatives) et d'une réconciliation. Mais ces échéances sont tributaires de la révision de l'Accord politique de 2015. Sous l'impulsion de M. Salamé, deux sessions du Comité de rédaction mixte - composé de membres de la Chambre des représentants (Tobrouk) et du Haut Conseil d'Etat (Tripoli), ont été convoqués à Tunis pour convenir d'une série d'amendements à l'Accord. Après plusieurs tentatives avortées de part et d'autres, une partie de l'amendement a finalement été approuvée, lors d'une session de pourparlers à Tunis, stipulant la formation d'un Conseil présidentiel composé de trois membres et d'un nouveau gouvernement qui devraient exercer la fonction exécutive jusqu'à la tenue des élections législatives et présidentielle. Autre aspect positif, l'état d'avancement des préparatifs de la Conférence nationale prévue en février 2018 en Libye. Une occasion pour les Libyens de s'entendre sur les étapes à suivre pour mettre fin à la transition politique. Constitution, élections et réconciliation en 2018 M. Salamé a fixé trois objectifs pour une sortie, en 2018, de crise politique en Libye. il s'agit de l'»élaboration d'une Constitution, la tenue d'élections libres et juste et arriver à une réconciliation nationale dans une société éclatée». A ce propos, il propose d'abord aux acteurs politiques de constituer un «gouvernement provisoire, indépendant «issu de l'accord politique de 2015, qui aurait pour seule mission d'améliorer les conditions de vie des Libyens dans un pays en proie à une profonde crise économique et institutionnelle, mais aussi l'organisation d'un référendum sur une nouvelle constitution, annonçant une Conférence nationale qui regroupe «tous les acteurs libyens» en février prochain pour l'adoption «d'une Charte nationale». Il sera, également, prévu de tenir des élections générales, conformément au plan d'action de la mission de l'ONU, rappelant que tous les acteurs politiques en Libye s'étaient prononcés en faveur de ces élections y compris Haftar en juillet dernier, à Paris. Le chef de la mission a appelé les Libyens à saisir l'occasion pour organiser des élections en 2018 conformément au plan d'action onusien. En ce sens, une campagne d'inscription aux élections, a déjà été lancée par la Commission électorale libyenne (HNEC), dont l'objectif est d'inscrire au moins un million de nouveaux électeurs qui viendront s'ajouter au 1,5 million de Libyens déjà inscrits pour les législatives de 2014. Fort soutien régional et international Les efforts des pays voisins de la Libye (Algérie, Tunisie, Egypte), n'ont jamais cessé depuis le déclenchement du conflit en 2011. A leur tête l'Algérie, les pays du voisinage avaient réitéré leur attachement à la solution pacifique et leur engagement d'œuvrer au règlement de la crise libyenne, à travers des rencontres tenue en 2017, marquées par leur attachement à la solution politique de la crise et la réconciliation nationale loin de toute ingérence étrangère. La dernière rencontre fut celle organisée à Tunis avec la participation des chefs de diplomaties algérienne, tunisienne et égyptienne pour renouveler leur soutien à l'Accord 2015 -arrivé à terme- comme cadre de la solution politique en Libye. Sur le plan international, un fait saillant, la Russie a prévu de lever l'embargo sur les armes, et coopérer en faveur de la résolution de toutes les questions aux pourparlers entre Tobrouk et Tripoli, pour une normalisation complète de la situation et le rétablissement de l'autorité du gouvernement libyen. En parallèle, les appels continuent à travers le monde, mettant l'accent sur la nécessité de l'application rapide du plan de l'ONU prévoyant un dialogue national et des élections en 2018 pour sortir le pays du chaos.