Il faudrait changer les mentalités, à commencer par le désengagement de l'Etat de se supposer obligé d'investir dans la dynamique économique, lorsque l'argent par ailleurs peut être fourni par l'investissement privé. Dans la feuille de route du gouvernement Ouyahia, il avait été question dans le cadre de la diversification de l'économie nationale, en cette conjoncture financièrement difficile, de privatiser les entreprises publiques non stratégiques, sur la base de l'ouverture du capital social, en faveur de repreneurs résidents, ou étrangers conformément à un socle juridique stipulant sur le document rendu public à cet effet que les partenariats publics/privés, (PPP) sont tenus de respecter scrupuleusement «la règle 66/34%, alors que les partenaires étrangers se conformeront à la règle chère à Bouteflika dans le processus de la formule «gagnant-gagnant» ; l'association se fera d'après la règle 51/49, quitte à ce que le conseil d'administration soit présidé par la partie minoritaire dans le capital. Cette initiative visant à élever le niveau de production, et de productivité des entreprises privées, ou étatiques, tout en leur procurant les ressources financières nécessaires à assurer une croissance durable de l'outil de production, en compagnie de la possibilité d'élever la formation des ressources humaines, pour les rendre plus compétitives à l'international, semble rencontrer sur sa lancée des croches pieds, avec cette rencontre programmée par le trio représentant l'UGTA, Haddad, et le Secrétaire général du FLN qui vient d'affirmer au quotidien ‘Le Soir d'Algérie' : «que la rencontre n'est dirigée contre personne», ajoutant à son intervieweur qu'il s'est «entretenu longuement à ce sujet avec Sidi Saïd et il est totalement d'accord avec le principe de la protection des entreprises qui constituent un acquis pour la souveraineté de l'économie nationale.» De même, ajoutera Ould- Abbès, écrit Kamel Amarni que «j'ai eu à soulever le problème avec Ali Haddad qui, lui aussi, est favorable au principe d'accorder la priorité aux entreprises nationales (...) J'irai prochainement à la rencontre des parties concernées pour mieux concrétiser ce préalable». Ould Abbès agirait pour préserver «la stabilité, la paix sociale, l'unité du peuple», et son ambition sur le plan économique serait de «contribuer à inscrire notre économie dans l'après pétrole.» La belle affaire. Pourtant, le Premier ministre a veillé dans la rédaction de la Charte relative au PPP à ce que la législation en vigueur soit strictement respectée pour toutes les entreprises publiques, ou privées, pour tous les secteurs d'activité confondus, et quelle que soit la formule retenue par les partenaires économiques. Ouyahia a été très clair, pour mettre en chantier sa rigueur budgétaire et relancer une production atone. Gouvernement-patronat et UGTA ont signé un document limpide concernant l'ouverture du capital social des entités étatiques, y compris pour les prises de participation dans des entreprises tierces existantes. Ouyahia et le gouvernement ont voulu se rétrocéder des entreprises encombrantes pour les contribuables. Aujourd'hui, Ould Abbès veut prendre un train qui a atteint sa vitesse de croisière.