Dans un entretien qu'il a accordé à la Radio française RFI (Radio France Internationale), en marge du Conseil des ministres de l'Union africaine à Addis-Abeba, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, cité par l'APS, a expliqué le sens de l'absence de l'Algérie au G5 Sahel qui est un cadre de coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme et le fléau migratoire, regroupant cinq Etats du Sahel (la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad) et soutenu par la France et quelques pays européens. L'Algérie a sa «propre doctrine en matière de paix et de sécurité surtout qu'il s'agit de notre région», a déclaré Abdelkader Messahel, soulignant que notre pays privilégie, face à l'événement, l'effort national. «Nous avons toujours privilégié l'effort national pour faire face à l'événement. Et cela, c'est partant du vécu, de l'expérience que nous avons vécue», a-t-il fait savoir ajoutant que «nous n'avons compté sur personne pour nous en sortir, après une décennie noire et après 200 000 morts». Pour le chef de la diplomatie algérienne, «compter sur soi est un facteur extrêmement important. On ne peut pas faire face au terrorisme et, par expérience, s'il n'y a pas une véritable mobilisation à l'interne», faisant observer que «ce dont a besoin le Mali, et ce que nous faisons pour le Mali, nous le faisons pour le Niger, il ne faut pas le perdre de vue». «Ce n'est pas parce que nous n'avons pas de troupes. C'est une doctrine. Notre armée a une vocation de défense nationale. C'est constitutionnel, c'est historique, c'est culturel», a-t-il soutenu, soulignant que les enfants de l'Algérie «défendent leur pays». «On ne va pas dans d'autres théâtres, ce n'est pas dans notre doctrine. Par contre, notre devoir de soutien ou d'aide aux pays qui sont confrontés à ce genre de situation, là, on le fait par devoir, mais on le fait parfois dans la grande discrétion», a-t-il ajouté, faisant savoir que l'Algérie a «beaucoup investi» dans la formation d'unités spéciales de lutte contre le terrorisme en territoire saharien. «ça, c'est vraiment la spécialité (...) Nous le faisons par les équipements en termes logistiques. Depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui, il y a plus de 65.000 cadres africains qui ont été formés chez nous. Nous le faisons pour le Mali, nous le faisons pour le Niger, nous le faisons pour d'autres pays de la sous-région». A propos du Mali, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que les Maliens doivent s'approprier le processus de mise en œuvre de l'Accord d'Alger, soulignant que l'Algérie s'est «beaucoup investie dans ce processus». Abdelkader Messahel a réaffirmé la conviction de l'Algérie concernant le Mali, tout comme pour ce qui est de la Libye, que le problème concerne d'abord les Maliens, c'est-à-dire toutes les parties signataires et ils «en ont la capacité», a-t-il ajouté. Il s'est dit «certain que s'il y a une véritable prise en charge du processus, sans interférence, on aura franchi de grandes étapes dans le retour de la paix et la stabilité, dans la préservation de l'unité, la souveraineté de ce pays voisin», avec lequel «nous partageons beaucoup de choses». Donc, s'il y a une volonté partagée de faire avancer les choses, tant mieux. D'ailleurs, nous y travaillons pour cela, a-t-il ajouté, soulignant que tout ce qui va dans le sens de rapprocher les points de vue est une «bonne nouvelle. Aujourd'hui, le Mali est confronté à beaucoup de défis. Des défis sécuritaires, des défis de développement». «Ils ont des échéances nationales. Je pense que s'il y a des gens qui peuvent être rassembleurs quelque part, tant mieux. Tant mieux pour le Mali», a-t-il fait savoir. Au passage, concernant le terroriste malien Yad Ag Ghali, le ministre des Affaires étrangères a tenu à clarifier la position de l'Algérie en soulignant que ce terroriste est «blacklisté» par les Nations unies et que l'Algérie, qui met en œuvre les décisions de l'organisation onusienne, lutte contre ces gens-là, précisant qu'Iyad Ag Ghali était allié au terroriste Belmokhtar et aux autres, quand il y a eu l'enlèvement des diplomates algériens à Gao. Dans cet entretien avec la chaîne de radio française captée à Paris, Abdelkader Messahel a tenu également à faire savoir qu'il a «beaucoup de choses à dire sur Iyad et sur les services qui ont des liens, qui ont eu des liens avec lui».