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Bombardement de Sakiet Sidi-Youcef
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 02 - 2018

En ce samedi 8 février 1958, c'est jour de marché dans la paisible localité de Sakiet Sidi Youcef. Une grande foule se presse autour des étals. La matinée arrive à peine à son milieu lorsqu'un grondement effrayant se fait entendre. Une escadrille de chasseurs volant en rase-mottes mitraille le village. Puis trois vague de bombardiers A26 pilonnent les lieux jusqu'à midi. Les installations anti-aériennes sont neutralisées par les Corsair, alors que les A26 détruisent une mine de plomb désaffectée qui sert de camp pour les moudjahidine de l'ALN.
Ce raid meurtrier détruit sur son passage deux camions de la Croix-Rouge internationale, ainsi que l'école du village remplie d'enfants. Bilan de cette opération : entre 72 et 75 morts et 148 blessés, dont une douzaine d'élèves de l'école et des réfugiés algériens regroupés par la mission de la Croix-Rouge. Pour commettre ce massacre, le commandement de l'armée française a envoyé une escadrille de 25 avions : 6 Corsair, 8 Mistrals et 11 bombardiers A26. Il leur a fallut moins de trois heures pour réduire le village de Sakiet Sidi Youcef en un champ de ruine... et de cadavres.
Cette opération a été décidée en représailles contre la Tunisie qui, un mois auparavant, marquait sa solidarité avec le peuple algérien et qui demandait l'évacuation totale des forces armées coloniales. Par ailleurs, l'ALN avait fait subir plusieurs revers aux généraux français, entre le 12 septembre 1957 et le 7 février 1958 : plus de 30 incursions de l'ALN contre les postes français depuis Sakiet Sidi Youcef. Le 11 janvier précédent, une patrouille française perdait 14 hommes dans une embuscade et la veille du bombardement, un avion touché par la DCA de l'ALN se voit contraint à un atterrissage forcé sur l'aérodrome militaire de Tébessa.
Cette expédition punitive décidée par le général Salan avec l'accord de Robert Lacoste, a été minutieusement préparée avec pour objectif de détruire la base arrière tunisienne de l'ALN.
En réaction au massacre, Bourguiba rappelle son ambassadeur en France et expulse cinq consuls français qui exercent dans les principales villes du pays. Il organise le blocus des casernes françaises et met sur pied une visite organisée du village par la presse internationale. Le conflit est ainsi exposé à la face du monde et devient une affaire internationale puisque la Tunisie porte plainte auprès de l'ONU. Le Conseil de sécurité décide alors une mission de bons offices anglo-américaine.
Par ailleurs, le directeur de la Croix-Rouge internationale fait le déplacement en personne pour constater le massacre. Massacre qui sera condamné par les alliés traditionnels de la France au sein de l'OTAN : les pays scandinaves et les Soviétiques. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne proposent leur médiation dans l'affaire.
Le gouvernement français tente de se disculper et dément catégoriquement le bombardement, avant d'avouer les faits, arguant qu'il s'agit d'un acte de légitime défense.
« A ceux qui n'étaient pas encore convaincus, l'affaire de Sakiet montre sans l'ombre d'un doute que l'armée française ne dépendait de personne au gouvernement. Rejetant tout contrôle civil de l'appareil militaire, l'armée avait acquis la primauté dans les affaires politiques de la France. Incapable de faire obéir ses généraux et dans l'impossibilité de retourner l'opinion mondiale, le gouvernement de la Quatrième république accepta le plan de paix du président Eisenhower qui faisait appel aux «bons offices» de l'Anglais Harold Besley et de l'Américain Robert Murphy pour trouver une solution.
Debré protesta : «plutôt les bons offices de Charles de Gaulle que de l'Américain Murphy !» Et de renouveler ses efforts pour faire déplacer le général Salan, mais il se heurta à la ferme opposition de Guy Mollet et de Robert Lacoste. Désormais, les gaullistes avaient franchi le Rubicon : l'opinion publique évoluait en leur faveur en métropole. » (L'Algérie de de Gaulle et l'armée)
Ce massacre précipitera la chute de la IVe République et accélérera le retour du général de Gaulle au pouvoir.
Sources :
« Dictionnaire encyclopédique de l'Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP 2007
« L'Algérie de de Gaulle et l'armée », par Joseph A. Field et Thomas C. Hudnut. Editions Arnaud, Paris, 1975. (Extrait repris par Achour Cheurfi dans le Dictionnaire encyclopédique de l'Algérie)
« Les trois décennies Bourguiba. Témoignage », par Tahar Belkhodja, Editions Publisud, Paris, 1998


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