«Mes origines», une fusion musicale inédite des genres andalou et kabyle visant la mise en valeur du patrimoine culturel algérien, a été présentée vendredi à Alger par la chanteuse Lamia Aït Amara, devant un public nombreux. Accueilli durant une heure et demie de temps au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), le spectacle «traduit la fierté» de l'artiste d' «appartenir à l'Algérie, pays riche par sa pluri-culturalité», a lancé Lamia Ait Amara au public, dès l'entame de sa prestation, déroulée en une vingtaine de chansons. Soutenue par huit musiciens virtuoses, la chanteuse à la voix suave a interprété quelques chansons célèbres du répertoire andalou, alternées avec d'autres pièces reprises, écrites et composées par de grands noms de la chanson algérienne, à l'instar de Slimane Azem (1918-1983), Chérif Kheddam (1927-2012), Maatoub Lounès (1956-1998), Akli Yahiaten, Idir, ou encore Mohammed Lamari. Faisant son entrée par le fond de la salle, au milieu du public, Lamia Ait Amara a donné le ton à son spectacle avec «Algérie, mon beau pays» de Slimane Azem, une complainte sans rythme pleine de nostalgie et d'émotions, chantée uniquement sur un fond harmonique, invitant l'assistance à méditer la beauté et l'amour de l'Algérie. Elégante dans sa tenue verdâtre frappée d'un signe amazigh, la cantatrice a ensuite embarqué l'assistance dans une randonnée onirique, interprétant entre autres grands titres de la chanson andalouse, «Ladda li chourbou el aâchiya», «Ya el werchane», «Harramtou bik nouaâssi» et «Aâchiyatoun», suivis de courts programmes dans les modes «Sika», «Djarka» et «Sehli». Dans des atmosphères de convivialité, la chanteuse a beaucoup échangé avec le public qui a interagi avec elle, reprenant ses refrains dans la délectation, avant de lui lancer une salve d'applaudissements et de youyous nourris. Parmi les chansons algériennes d'expression kabyle brillamment reprises par l'artiste en alternance avec les pièces andalouses, «El Dzair inch'Allah atehlou» de Chérif Kheddam, «Jahegh vezzaf da méziane» de Akli Yahiaten, «Ch'figh» d'Idir et «Yetseggikh wuliw» de Lounès Matoub. S'excusant auprès de son public de ne pouvoir interpréter quelques titres de Lounis Ait Menguellet qu'elle a pourtant programmé, faute de présence d' «idebbalen» (troupe folklorique kabyle) qu'elle avait conviée pour l'accompagner, Lamia Ait Amara a conclu son spectacle avec «Djazaïria» de Mohamed Lamari suivi d'un «Achwiq» (chant féminin berbère libre). Les huit musiciens, parmi lesquels le nayati Mokhtar Choumane, le guitariste Arslène, le contrebassiste Najib Guemmoura, le percussionniste Sofiane Frendi et le clarinettiste Younès Guemmat, ont fait montre de toute l'étendue de leurs talents respectifs, à travers un accompagnement libre, basé sur des arrangements ouverts sur la musique méditerranéenne. A travers la chanson andalouse et kabyle, d'où elle «puise son algérianité», Lamia Aït Amara a voulu apporter un «témoignage», a-t-elle déclaré, sur la «richesse du patrimoine musical algérien». Lamia Aït Amara avait fait ses classes à l'association «Anadil El Djazaîr» (les Rossignoles d'Alger), où elle s'est exercée sur différents instruments avant de se démarquer par sa voix et devenir plus tard la soliste principale de l'association «El Inchirah», dirigée alors, par le maître Smaïl Hini. Investie depuis 2014 dans une carrière solo, Lamia Aït Amara a sorti, «Cham's», son unique album jusqu'à présent.Organisé en collaboration avec le TNA, sous l'égide du ministère de la Culture, le concert «Mes origines» de Lamia Aït Amara, «attend d'être programmé dans d'autres villes d'Algérie», a confié la chanteuse.