L'ONU a réaffirmé, jeudi à New York, que les territoires sahraouis libérés, Bir Lahlou et Tifariti, ne faisaient pas partie de la zone tampon d'El-Guergarat, tel que faussement prétendu par le Maroc. «Nous pouvons dire que ni la localité de Bir Lahlou ni celle de Tifariti ne se trouvent dans la bande tampon», a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stephane Dujarric, lors de son point de presse quotidien. L'ONU a apporté un démenti cinglant aux prétentions du Maroc qui voulait faire croire que ces deux localités, administrées par le gouvernement sahraoui, font partie de cette zone, sous surveillance des Nations unies. Le Maroc mène, depuis plusieurs jours, une campagne de désinformation sur la réalité existant sur le terrain, en semant la confusion sur les données géographiques de cette zone. Il s'agit du deuxième démenti apporté par l'ONU aux élucubrations de Rabat en l'espace de quelques jours. Début avril, les Nations unies ont démenti la présence d'éléments armés sahraouis dans cette zone démilitarisée. Au cours de ce point presse, le porte-parole du SG de l'ONU a également affirmé que la Minurso et son chef, Colin Stewart, «demeuraient en contact étroit» avec le coordinateur sahraoui, en l'occurrence M. M'hamed Khedad, en indiquant qu'ils se «sont réunis de manière informelle en dehors de la zone de la Mission». Ces allégations non fondées du Maroc sont conçues délibérément pour détourner l'attention du Conseil de sécurité du vrai problème qui est l'actuelle impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, alors que l'émissaire onusien, Horst Köhler, s'active pour lancer un cinquième round des négociations. Mettant le Maroc devant ses responsabilités concernant l'escalade des tensions à El-Guergarat, l'ONU a enjoint ce pays d'accepter l'envoi d'une mission technique pour déterminer avec exactitude la partie qui était à l'origine de la violation des termes de cessez-le-feu dans cette zone sensible. Mais Rabat a opposé un non catégorique à cette mission d'experts qu'elle a jugé, «inopportune et inappropriée», selon les observations du SG de l'ONU, contenues dans son nouveau rapport sur le Sahara occidental. La mission est prévue par le paragraphe 3 de la résolution 2351 (2017) du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Minurso. Plus de 100 universitaires et chercheurs internationaux ont demandé au président Emmanuel Macron de «corriger» la position de la France au bénéfice du droit au Sahara occidental, soulignant que la France a une «lourde» responsabilité dans la non- décolonisation de ce territoire occupé par le Maroc. «Il est peut-être encore temps pour l'Etat français de corriger sa position au bénéfice de l'application du droit au Sahara occidental, en jouant un rôle moteur dans une résolution pacifique du conflit aux côtés des institutions internationales», ont affirmé ces universitaires et chercheurs de plusieurs pays, dont la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse, l'Italie et le Japon, dans une lettre ouverte au président français, transmise mercredi à l'Elysée. «La France soutient chaque année au mois d'avril, au Conseil de sécurité, la position marocaine de refus d'élargissement du mandat de la mission de maintien de la paix des Nations unies (la Minurso) à la surveillance des droits humains, mais aussi de mise en œuvre d'un référendum d'autodétermination, objectif premier du cessez-le-feu de 1991 et, ne l'oublions pas, exigence des Nations unies depuis 1966», ont-ils rappelé, soulignant que cette position «permet à l'Etat marocain, que l'ONU, l'OUA-UA et l'UE continuent de considérer comme occupant ce territoire, de poursuivre son entreprise de colonisation en favorisant, notamment le déplacement de populations en provenance du Maroc, en emprisonnant et en +jugeant+ des prisonniers politiques sahraouis sur le sol marocain, deux motifs flagrants (parmi d'autres) de violation du droit international et du droit humanitaire international». La jugeant «inacceptable», les signataires de cette longue lettre, pleine de rappels et d'arguments historiques et juridiques qui montrent que le Maroc ne jouit d'aucune souveraineté sur le Sahara occidental, ont indiqué que cette colonisation «passe actuellement par une présence massive des forces policières et militaires marocaines dans les principales villes de ce territoire, forces dont la mission est aujourd'hui d'étouffer tout mouvement sahraoui de protestation pacifique».