Le gouvernement palestinien a appelé hier à une intervention internationale «urgente» pour arrêter l'agression israélienne contre la bande de Ghaza, demandant à la communauté internationale d'intervenir rapidement pour fournir une protection à des personnes sans défense qui sont la cible des bombardements de l'artillerie et de l'aviation de l'occupant israélien. Le porte-parole du gouvernement, Yousef Al-Mahmoud, a appelé «à une intervention internationale urgente pour assurer l'arrêt de l'agression israélienne dangereuse contre notre peuple héroïque dans la bande de Ghaza», a rapporté l'agence de presse palestinienne Wafa. Le porte-parole a affirmé que l'entité israélienne est «entièrement responsable de la détérioration de la situation grave dans notre pays et au premier rang de l'héroïque bande de Ghaza». Il a ajouté que l'occupant israélien est «engagé dans une guerre globale d'escalade contre notre peuple et notre terre, et pousse à plus de risques et de tensions». Le porte-parole a lancé un appel «pressent» à la communauté internationale qui doit, a-t-il souligné, «intervenir rapidement pour mettre fin à l'agression et adopter une démarche rapide et sérieuse pour fournir une protection internationale aux personnes sans défense qui sont la cible des bombardements de l'artillerie et l'aviation israéliennes». Le responsable palestinien a ajouté que «les Palestiniens sont persécutés et forcés à l'exile dans les pires injustices de l'histoire de l'humanité et les violations contre les lois internationales». Sur le terrain, un Palestinien, blessé par balles par l'armée d'occupation israélienne lors des manifestations dans la bande de Ghaza, a succombé à ses blessures hier, a annoncé le ministère palestinien de la Santé. Naji Ghonaim, 23 ans, avait été blessé lors des manifestations il y a quelques jours près de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, selon un communiqué de ce ministère de l'Autorité palestinienne. Réunion du Conseil de sécurité Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir hier pour examiner la situation dans la bande de Ghaza au lendemain de l'agression israélienne menée contre l'enclave palestinienne. Selon des sources diplomatiques, la réunion est prévue à 15h00 heures locales (19h00 GMT) et l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, devait présenter un compte rendu aux membres du Conseil sur la situation en Palestine. Cette réunion du Conseil de sécurité, convoquée par les Etats-Unis, intervient alors que les pays membres du Conseil se préparaient à tenir une réunion prévue pour aujourd'hui afin d'examiner un projet de résolution de l'ONU portant sur les moyens et mesures à mettre en place pour assurer la protection des Palestiniens contre les tueries commises quotidiennement par les forces d'occupation israéliennes. Le Koweït, membre non-permanent au Conseil de sécurité, a diffusé mardi une copie de ce texte espérant gagner le soutien des Etats européens pour le vote sur ce projet de résolution. Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, il était prévu que le Conseil de sécurité votera, ce jeudi, sur le projet de résolution, mais les Etats Unis ont brandi leur menace de bloquer le texte à l'aide de son veto. Le Koweït, qui représente les Etats arabes, espèrerait que le projet de résolution remportera le plus grand nombre de voix au Conseil de sécurité pour montrer à l'opinion internationale que Washington est «isolée en ce qui concerne la question palestinienne». Le projet demande au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de présenter des recommandations en vue d'assurer la protection et la sécurité des palestiniens. Le nouveau texte appelle également à envisager des mesures visant à assurer la sécurité et la protection des palestiniens dans les territoires occupés et dans la bande de Ghaza. Le projet de résolution demande également à M. Guterres de présenter un rapport pendant 60 jours sur les propositions de la protection des Palestiniens. Massacres, barrière maritime et mur de béton à Ghaza : La bénédiction de Washington Nouveaux excès de tensions dans l'enclave palestinienne, Ghaza. Après la mort de plus de 120 palestiniens, tombés sous les balles assassines de l'occupant israélien, et plus de 13.000 autres blessés lors de la marche du retour, Tsahal a bombardé hier l'enclave palestinienne. Les raids de l'armée israélienne ont visé soi-disant des positions du mouvement Hamas et du Jihad islamique. Les zones de séparation établies par l'état hébreu ont connu ainsi la plus sévère tension depuis l'agression de 2014. Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont revendiqué, pour leur part, les tirs de dizaines de roquettes contre Israël, en représailles à cette agression. Ce nouveau chapitre dans la politique de répression israélienne intervient alors que les Ghazaouis s'apprêtaient, mardi, à faire partir de l'enclave côtière deux bateaux visant à briser le blocus israélien. La flottille, surnommée Al-Hurriyeh (Liberté), coïncide avec le huitième anniversaire, le 31 mai 2010, d'un assaut israélien meurtrier contre une «flottille de la paix» dirigée par le navire turc Mavi Marmara pour tenter de ravitailler le territoire palestinien. Israël impose un siège à la bande de Ghaza depuis onze ans, limitant sévèrement le flux de marchandises, notamment la nourriture et les fournitures médicales. Les personnes ayant besoin de soins médicaux à l'extérieur de l'enclave ne peuvent quitter le territoire à cause du blocus. La flottille Al-Hurreyyah aura à son bord des Palestiniens blessés qui ont besoin de soins médicaux urgents et des étudiants qui ne peuvent quitter Ghaza pour suivre leurs études à l'étranger. Plus de 1,9 million de Palestiniens y vivent dans des conditions humanitaires difficiles, où le taux de chômage dépasse les 43%. Outre Al Hurriyeh, une flottille danoise se dirige vers la bande côtière pour également briser le blocus israélien. Barrière maritime et veto américain Lundi, le gouvernement israélien a, pour sa part, annoncé qu'il avait débuté la construction d'une barrière sous-marine à quelques kilomètres au nord de Ghaza, afin de renforcer le siège. La construction de la barrière, qui devrait coûter 833 millions de dollars, devrait être achevée cette année. Selon le journal Haaretz, la barrière sera composée de trois couches : la première sous l'eau, la seconde en pierre et la troisième en fil de fer barbelé. Une clôture supplémentaire entourera la barrière. Dans la bande de Ghaza, Israël contraint les bateaux à évoluer dans un périmètre limité à six milles marins ; les forces navales israéliennes tirent régulièrement sur les pêcheurs palestiniens qui naviguent à l'intérieur de la zone autorisée. Une barrière souterraine est également en construction autour de la zone de séparation. Elle comprendra un mur en béton équipé de capteurs allant de plusieurs dizaines de mètres sous terre à six mètres. Cette asphyxie force des diplomates à affirmer que la situation reste intenable. La réunion du conseil de sécurité de l'Onu demandée par Washington n'apportera rien de nouveau, et le projet de résolution présenté par le Koweït, appelant «à envisager des mesures pour garantir la sécurité et la protection de la population civile palestinienne», se heurtera inévitablement au veto américain malgré que le texte ait été expurgé de la demande faite le 18 mai d'envoyer dans la bande de Ghaza d'une «mission de protection internationale». Cette demande faisait suite aux massacres perpétrés par Israël contre les palestiniens lors de la «grande marche du retour». En attendant le communiqué laconique du conseil de sécurité, Ghaza s'est, au cours de la dernière décennie, transformée en cage — la plus grande cage de la planète.