Un collectif marocain, d'acteurs civils et politiques, ont dénoncé dans un communiqué la politique de répression de l'exécutif face aux mouvements sociaux au Maroc, soulignant que les récentes manifestations populaires au Royaume et les formes diverses qu'elles ont revêtu constituent une protestation légitime contre l'état général du pays. «Nous, actrices et acteurs civils et politiques interpellés par les divers mouvements de protestation sociale de nos concitoyennes et concitoyens dans les diverses régions du pays, dont le dernier en date est la campagne actuelle de boycott de divers produits, déclarons que les manifestations populaires de ces dernières années et les formes diverses qu'elles ont revêtu constituent une protestation légitime contre l'état général du pays», a mentionné ce collectif dans son document publié mercredi. Ce collectif, constitué de chercheurs, d'économistes et d'enseignants entre autres, souligne qu' «après l'élan d'espoir de 2011, le capital de confiance s'est graduellement érodé, du fait des déceptions successives, dues en particulier à l'abandon des promesses de lutte contre la corruption et le système de rentes, à la dégradation des secteurs sociaux et au maintien en veilleuse des institutions de gouvernance. C'est ce qui a conduit à des mouvements sociaux dans plusieurs régions du pays». «L'Etat y a répondu à chaque fois de la même manière : il commence par faire la sourde oreille, puis il passe à l'intimidation et aux accusations de trahison, puis revient aux tentatives de dialogue, avant de recourir aux menaces qui finissent en répression souvent disproportionnée», s'indigne ce collectif, rappelant que «depuis 2011 la réponse de l'Etat aux mouvements de protestation s'est systématiquement caractérisée par l'indifférence, la répression et l'éviction». Ces acteurs civils et politiques marocains ont tenu à expliquer dans leur texte que cette réponse violente a été «le cas à l'égard du mouvement du 20 Février, des divers mouvements politiques d'opposition, des activistes de la société civile, des jeunes du Hirak du Rif, de Jerada, de Zagora et d'autres régions, et de la presse indépendante», s'alarmant que «cette politique a exacerbé chez nombre de ses victimes et de leurs consorts la disposition à appuyer toute contestation gênante pour l'Etat, à fortiori lorsqu'elle peut se faire sans prise de risque». La campagne de boycott révèle l'incapacité du gouvernement à gérer les incidences de ce mouvement Abordant la campagne de boycott de produits dans la monarchie, le collectif a souligné que ce dernière représente «un mouvement de protestation de masse sans précédent», affirmant que «pour la première fois, le boycott s'impose sans équivoque sur les scènes politique, économique, sociale et culturelle». «Le boycott présente en outre l'avantage ultime de ne pas donner prise à la répression que l'Etat mobilise régulièrement contre les protestataires», a-t-on soutenu, indiquant toutefois que «la décrédibilisation des mass média a privé le pays d'un moyen efficace et nécessaire du débat démocratique». «Les médias publics se contentent d'une couverture superficielle, et refusent de donner la parole aux analystes et aux intervenants de tous bords pour un débat profond et contradictoire à propos de la crise actuelle», a-t-on expliqué dans le texte. Ils on indiqué également que la campagne de boycott a révélé l'«incapacité totale du gouvernement à gérer les incidences de ce mouvement de protestation/revendication», estimant dans ce sens que «les sorties irresponsables de certains de ses membres, son silence radio total au début de la campagne, sa rétention de l'information, l'ont réduit à un rôle de défense des entreprises concernées». «La politique de la sourde oreille suivie par les autorités publiques vise à l'évidence à laisser le mouvement populaire s'essouffler, plutôt que de travailler à corriger les causes du malaise et traiter les revendications et les attentes légitimes des citoyens», ont-ils dénoncé.