Le constat est que certains responsables vivent encore de l'illusion de l'ère matérielle des années 1970, reposent sur politique leur politique sur des modèles périmés, alors que nous sommes à l'ère de l'intelligence artificielle, pouvant conduire le pays droit au mur sans vision stratégique s'adaptant au nouveau monde. Par ailleurs, les organismes chargés de l'investissement et l'emploi agréent un maximum de projets avec de nombreux avantages financiers et fiscaux sans analyser les impacts. Or, il convient de se demander si ces projets s'insèrent dans une vision globale du développement du pays, s'ils concernent des segments porteurs de croissance durable ou ne s'assimilent-ils pas à un replâtrage par la redistribution de la rente pour calmer le font social ? Il existe un lien dialectique entre développement et sécurité car sans un développement durable il y a nécessairement accroissement de l'insécurité qui a un coût croissant Aussi, pour se faire une idée du bilan nécessaire et afin de dépasser l'entropie actuelle, il y a lieu d'évaluer l'impact de la dépense publique : -quel a été le montant du flux de l'investissement direct étranger plus les transferts de capitaux vers l'Algérie. -le seul document opératoire étant la balance de paiement, quel a été le montant des sorties de devises (biens -services souvent oublié entre 10/11 milliards de dollars/an entre 2010/2017, et les transferts légaux de capitaux) devant dresser le bilan de la règle de la règle des 49/51% depuis son instauration en 2009 - analyser sans complaisance l'impact de la mise en œuvre des licences d'importations et de toutes les restrictions à l'importation , qui doivent s'inscrire dans un objectif stratégique de dynamisation du tissu productif national , être transitoires et octroyées dans la plus totale transparence pour éviter des rentes de situation et en respectant les accords internationaux(1). 3.- Pour une nouvelle politique de l'emploi Il existe une loi universelle, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée. L'on ne crée pas des emplois par décret ou volontarisme étatique, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateurs de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Entre 2000/2017, le taux de croissance moyen en Algérie est en moyenne de 3%. Bien que ce taux puisse faire rêver bien des pays européens, il faut relativiser. En volume, selon les données officielles, depuis la crise de l'endettement de 1983 et la chute des prix du pétrole en 1986, la croissance s'est sensiblement ralentie pour se fixer à une moyenne annuelle de 2,4 % entre 1986 et 2010, entre 2011/2016, 2,5% en 2011, 3,2% en 2012, 2,5% en 2013, 3,7% en 2014/2015, 3,3% en 2016. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié lors des réunions de printemps du FMI et du Groupe de la Banque Mondiale, pour ces institutions, en 2017, la croissance a atteint 2%, contre 1,5% projeté en octobre 2017 et tablent sur une croissance de 3% en 2018 contre 0,8% anticipé dans son rapport d'octobre 2017 ; cette cadence sera maintenue en 2019, mais avec une légère baisse à 2,7%. Paradoxalement, du fait de l'allocation sectorielle d'investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualifications comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés, comme le montre l'enquête de l'ONS cité précédemment, ont plus de chance d'être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300 000/400 000 postes de travail par an entre 2018-2020, qui s'ajoutent au taux actuel du chômage, sous-estimé du fait de la pression démographique, de l'entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques, afin de résoudre le lancinant problème du chômage. Que deviendront les 2 millions d'étudiants sortis des universités entre 2018-2020 ? C'est que les réserves de change ne sont qu'un signe monétaire permettant de stabiliser la monnaie par rapport au dollar et à l'euro et non signe de développement. Méditons les expériences du syndrome hollandais (aisance financière et corruption généralisée) et la Roumanie de l'ère communiste avec une dette extérieure égale à zéro mais une économie en ruine. L'inflation et le chômage que l'on comprime artificiellement en Algérie par le canal de la rente des hydrocarbures sont les conséquences de la maladie du corps social, c'est-à-dire des incohérences des politiques socio-économiques. Sans les subventions généralisées, non ciblées, combinées au dérapage du dinar, en cas de non-accroissement de la production et de la productivité réelle, de la baisse des réserves de change qui tiennent la valeur du dinar à 70%, le taux d'inflation pourrait, dans les années à venir, atteindre les deux chiffres avec d'inévitables tensions sociales. Avec la baisse des recettes des hydrocarbures, cette situation des subventions généralisées, des avantages fiscaux et les intérêts bonifiés accordés à maints secteurs sans analyse d'impacts, est intenable. Sans les emplois improductifs et en plus en cas de réduction de la dépense publique, le taux de croissance étant tiré à 70/80% directement et indirectement par la dépense publique via les hydrocarbures, dont le BTPH, avec le risque d'une bulle immobilière, avec la baisse du pouvoir d'achat, le taux de chômage dépasserait largement le taux officiel. 4. Avenir de l'Algérie : d'importantes potentialités, ni sinistrose, ni autosatisfaction Tout en n'ayant pas une vision essentiellement négative, beaucoup de réalisations mais beaucoup d'insuffisances, il y a urgence d'une vision stratégique pour dépasser la situation actuelle en ce monde impitoyable en perpétuel mouvement, un discours de vérité s'imposant loin de la langue de bois. Le constat est que l'Algérie est toujours en ce mois de juin 2018 en transition, une véritable économie de marché concurrentielle productive, ni une économie étatisée expliquant les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu'économique. Durant cette période de transition difficile d'une économie étatisée à une économie de marché concurrentielle et l'Etat de droit est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours que contredisent journellement les pratiques sociales, toujours freinés lors que le cours des hydrocarbures augmente. Les banques, lieu de distribution de la rente, continuent de fonctionner comme des guichets administratifs, et du fait des enjeux des réformes souvent différées s'attaquant plus aux aspects techniques qu'organisationnels, alors qu'elles sont le moteur des réformes ; la privatisation et le partenariat comme moyens d'investissement et de valeur ajoutée piétinent faute de cohérence et de transparence ; la facture alimentaire est élevé malgré le fameux programme agricole (PNDA) dont il conviendra de faire le bilan du fait de plusieurs de milliards de dollars de dépenses et la bureaucratie et la corruption continuent de sévir. Comme conséquence de l'incohérence et du manque de visibilité de la politique socio-économique, pratique de plusieurs décennies et non seulement de la période actuelle, la monnaie étant un rapport social traduisant la confiance entre l'Etat et le citoyen, nous assistons la chute vertigineuse du dinar tant sur le marché officiel que sur le marché parallèle avec le retour à l'inflation que l'on comprime par des subventions généralisées injustes via la rente, alors que le ciblage s'impose, au refuge dans les activités spéculatives, au découragement du savoir et des entreprenants créateur de richesses, à l'extension de la sphère informelle, à des tensions sociales à travers les wilayas ce qui traduit les difficultés du système économique à générer une croissance hors hydrocarbures, seule condition pour faire face à ce malaise social. Evitons le monologue et élargissons le débat à l'ensemble des segments de la société. Car, du fait que la crise multidimensionnelle que traverse la société algérienne est systémique, cela dépasse le cadre strictement économique, renvoyant à des aspects politiques impliquant une gouvernance renouvelée et donc la refondation de l'Etat si l'on veut éviter à terme une implosion sociale aux conséquences désastreuses pour le pays. L'Algérie selon les observateurs internationaux, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. Pour cela, face aux tensions budgétaires inévitables entre 2018/2020, fonction du cours du pétrole gouverner étant de prévoir, il s'agira, en fonction des résultats quantifiés et datés, de mettre en place des stratégies d'adaptation tant sur le plan économique que social et politique solidaires, étant à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale avec de profonds bouleversements géostratégiques. L'Algérie selon les observateurs internationaux ,où j'ai été invité personnellement le 02 novembre 2016 à Alger à un large en tant qu'expert indépendant avec la délégation du Parlement européen (PE) à Alger présidé par M. Antonio Panzeri, Président de la Délégation pour les Relations avec les Pays du Maghreb, a toutes les potentialités, sous réserves de profondes réformes structurelles, pour asseoir une économie diversifiée garante de la création d'emplois durables et donc de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. L'Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d'autrui, se regroupent au sein d'un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute Nation qui n'avance pas recule forcément. (Suite et fin) Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul