Il y aurait une réelle connexion entre les hausses de prix que nos concitoyens attribueraient à de la spéculation pure et simple, et les chaleurs caniculaires qui en principe devraient favoriser un effondrement des prix en raison des risques de mortalité élevés du poulet de chair en période estivale. S'il n'est pas discutable que la demande augmente en cette période de vacances, cela n'explique pas pour autant que les prix cassent le plafonnier de la mercuriale, au point où l'une de nos associations de protection des consommateurs ait, il y a quelques jours, retenue la décision de lancer une contre-offensive par le boycott du poulet de chair. L'Apoce en l'occurrence par l'intermédiaire des relais que représentent les réseaux sociaux et les canaux de la presse classique ont donc lancé une campagne en direction des ménages pour les inciter à ne pas garnir leurs tables de chair blanche. Laisser les produits aux vendeurs par la clientèle, est une initiative révolutionnaire et une primeur en matière d'initiatives qui va faire des émulations pour contrer le libertinage des circuits commerciaux de gros, comme de détail dans une société, où les intermédiaires règnent sur le marché des viandes rouges et blanches. Le diktat du marché a, depuis belle lurette, pris le pas sur les autorités de régulation du marché. Un ministre du Commerce a même confirmé dans un point de presse «que le marché en Algérie était libre», alors que dans les pays aux économies libérales, s'il y a un marché sévèrement contrôlé par les services chargés de la qualité et des prix, c'est bien celui de la vente au détail, et des prestations de service en corrélation directe avec les consommateurs. «Khalih y rabi errich» est une action qui est loin d'être superficielle. Les premières retombées du bannissement du poulet de chair par les ménages, commencent à porter leurs conséquences par la constatation, par nos soins, d'un recul des ventes chez les volaillers. Ce que le gouvernement n'a pas réussi a faire, pour protéger les citoyens aux revenus modestes, l'association Apoce l'a fait avec un apparent premier succès, puisque le poulet qui avait atteint la barre inacceptable des 500 dinars est revenu à 39,9 dinars, sans pour autant intéresser les acheteurs ; des acheteurs en apparence qui se sont pleinement impliqués pour soutenir l'appel de l'Apoce, qui, pour rappel, avait sommé les aviculteurs de baisser leurs prix à des niveaux raisonnables par son ultimatum. Face à la surdité des éleveurs qui avaient comme principales excuses d'imposer leurs tarifs, la cherté du poussin, ce qui ne justifie en rien, mais absolument en rien, des hausses aussi rocambolesques, ainsi qu'une mortalité élevée non prouvée officiellement, auprès des services compétents, ne restait que le bras de fer entre les producteurs et les consommateurs. Un bras de fer qui semble pour l'instant faire pencher la balance en faveur des consommateurs.