Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, 25 ans, doctorant en mathématiques à l'université d'Alger, membre du Parti communiste algérien, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, à son domicile, par les parachutistes avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu. Torturé et assassiné par l'armée française qui a fait disparaître son corps, il est déclaré «évadé» par les autorités militaires. Toute sa vie, Josette Audin, épaulée par son fils, Pierre, et un comité présidé par Pierre Mansat, s'est battue pour faire reconnaître la vérité. En février 2018, un témoignage d'un appelé de contingent, qui pense avoir enterré le corps de Maurice Audin, relançait l'exigence de vérité sur ce crime. «Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin», avait confié au journaliste de l'Humanité ce témoin des atrocités qu'avait fait subir l'armée française aux Algériens durant la guerre de libération et qui a voulu garder l'anonymat en se tenant à la disposition de la famille Audin. Il a raconté que les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis el-Khechna) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient «deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille». «J'ai d'abord l'impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon», a-t-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l'assassin de Maurice Audin qui racontait «fièrement» avoir passé les deux victimes à la «lampe à souder» (...) pour éviter qu'on puisse les identifier». Dans la déclaration remise à la veuve Josette Audin, le président Emmanuel Macron a appelé à l'approfondissement du travail de vérité lié à la guerre d'Algérie. Il a indiqué qu'une dérogation générale, dont les contours seront précisés par arrêtés ministériels après identification des sources disponibles, «ouvrira à la libre consultation tous les fonds d'archives de l'Etat qui concernent ce sujet», appelant ceux qui auraient des documents ou des témoignages à livrer à «se tourner vers les archives nationales pour participer à cet effort de vérité historique». Le fils de Maurice Audin, Pierre, a également appelé les témoins de la guerre de libération nationale à «dire la vérité» et à «transmettre les documents» sur l'assassinat de son père par l'armée française, survenu il y a 61 ans. «Désormais, il faut dire la vérité et transmettre les documents qui permettront de savoir, pour mon père et pour des milliers d'autres, ce qui est arrivé précisément», a-t-il soutenu.