La victimologie doit être enseignée et reconnue comme module, pour une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences, a insisté hier à Alger, la présidente de l'association Avife/RéseauWassila, Wahiba Mammeri Oussedik. «La victimologie n'a pas son module dans l'enseignement et sa spécificité, étant la science de la victime, n'est pas bien prise en charge», a précisé Mme Oussedik, à l'occasion d'une Journée d'étude à la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, organisée sous le thème : «Plaidoyer pour la reconnaissance de la victimologie». Elle a souligné que cette spécialité pourrait grandement contribuer à une meilleure prise en charge des femmes violentées, et à mieux lutter contre le fléau de violence envers la femme. Mme Oussedik a relevé, d'autre part, que «de grandes avancées ont été enregistrées en matière d'égalité entre l'homme et la femme, un volet consacré, notamment, par la Constitution. Mais sur le terrain, on ne trouve pas la même connotation, à cause, notamment, des comportements et des mentalités qui caractérisent la société algérienne», a-t-elle fait observer, soutenant qu' «il y a encore beaucoup de travail à faire pour changer les choses». Elle a mis, à cet égard, l'accent sur le rôle de «la communication pour aller de l'avant, à travers un débat constructif des principaux acteurs concernés comme la justice, la santé, l'enseignement et la solidarité, et aussi en matière d'éducation et d'information». Pour l'association Avife/Réseau Wassila, les violences à l'encontre des femmes, «véritable urgence sociale, méritent un traitement et une prévention différents, coordonnés, inscrits dans une politique d'aide aux victimes visant par exemple à l'élaboration et l'application de protocoles nationaux de prises en charge spécifiques des victimes (viol entre autres)». A ce propos, «il est temps que la victimologie sorte de l'improvisation, de la dispersion et d'un suivi à court terme et qu'elle sorte aussi du champ exclusif de l'action humanitaire. Elle doit être institutionnalisée, enseignée, structurée, la victime, sujet de droit étant au centre d'actions pluridisciplinaires concertées». L'objectif de cette journée d'étude est de «poser les bases d'une collaboration dans la durée avec l'espoir d'apporter des réponses concrètes aux besoins multiples des femmes victimes», souligne l'association. Plusieurs thèmes sont débattus à l'occasion de cette rencontre, parmi lesquels «l'Autodéfense féministe : un autre regard sur la victime», «Historique de la victimologie en Algérie et expérience du Réseau/Avife», «L'accompagnement juridique : la clé pour la reconnaissance de la victime par la justice», et «La victimologie : expériences algériennes». Les travaux portent également sur «La victimologie : échange de pratiques», «La victime de violences: les fondamentaux pour sa prise en charge globale d'après l'expérience du légiste», l' «Evolution et perspectives de la victimologie et de l'aide aux victimes». Il faut rappeler que la semaine précédente, lors du Forum de la sûreté nationale à l'occasion de la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre) et de la Journée internationale des droits de l'enfant (20 novembre), la commissaire de Police, chef du Bureau national de protection des catégories vulnérables, Khouas Yasmine avait donné des statistiques sur les victimes de la violence en Algérie. Elle avait affirmé que «les cas de violence faite aux femmes ont connu une baisse lors des neuf premiers mois de 2018 par rapport à la même période de 2017», précisant que «les cas de violence, toutes formes confondues, recensés lors des neuf premiers mois de 2018 s'élevaient à 7061 cas, contre 7 586 en 2017, soit une différence de -3.56%». Expliquant que les femmes sont victimes de différents types de violences, l'intervenante avait relevé que «la violence physique est la forme la plus pratiquée contre les femmes au cours des neuf premiers mois de 2018, avec 5 150 femmes victimes contre 5 272 cas enregistrés en 2017». Les services de police ont recensé, d'autres types de violence, a ajouté Mme. Khouas soutenant que le nombre d'agressions sexuelles s'élevait à 105 cas, contre 193 durant la même période de 2017.