Activité d'appoint pour les agriculteurs, la filière de l'apiculture connaît un regain d'intérêt ces dernières années. Elle reste, cependant, confrontée à des obstacles tels que la faible productivité, la déforestation, les feux de forêts, l'emploi abusif des pesticides, les attaques des insectes nuisibles, la transhumance sauvage, les maladies des abeilles ayant pour cause un aquarien transmissible, le varroa et la loque américaine. Les différents maux qu'enregistrent les apiculteurs sont difficilement pris en charge pour être éradiqués. A l'image de ceux d'Annaba et Tarf où des jeunes des deux sexes ont créé des coopératives apicoles. C'est le cas de la «coopérative apicole de Annaba Filali Salah. Elle est placée sous la conduite de Dahmane Hardi, un apiculteur de longue date. Affirmant qu'Annaba est à même de produire plus que les 2 quintaux enregistrés en 2018, il pointe du doigt les responsables à différents niveaux du ministère de l'Agriculture. Selon lui, mieux maîtrisées, les activités de cette filière pourraient augmenter la production, générer des recettes à l'export et créer des richesses et de l'emploi. Il en a parlé à cœur ouvert non sans se poser la question sur le devenir de la mission composée des membres de la direction de l'agriculture de Annaba, leurs homologues de l'inspection et de la chambre d'agriculture. «Pendant que la demande en produits apicoles, le miel, la cire et la propolis ne cesse de croître, l'offre s'affaiblie chez nous et la qualité, baisse» dira-t-il. D'autres apiculteurs estiment que la situation est aggravée par la transhumance sauvage. Faute de politique nationale de développement, la filière se meurt. Les apiculteurs se débrouillent vaille que vaille pour la faire rayonner. Cela requiert une grande technicité et des moyens conséquents. Ce que confirme Hardi Dahmane, notre interlocuteur et un des principaux acteurs de la filière depuis une trentaine d'années. «L'apiculture, c'est une production naturelle à coût réduit qui aide les gens à sortir de la pauvreté», estime-t-il. Ces dernières années, il s'est consacré à la formation des jeunes apiculteurs dans les deux wilayas voisines Annaba et Tarf. Sept d'entre eux ont créé leur propre coopérative apicole avec le soutien de la CNAC, ANGEM et ANSEJ. C'est, donc, pour impulser une nouvelle dynamique à la filière que Hardi a décidé d'installer six autres coopératives apicoles. Elles regroupent plusieurs jeunes apiculteurs dans la gestion de plusieurs centaines de ruches. Hardi a également pris soin d'encadrer des ruchers installés sur les nombreux sites. Cet apiculteur semble s'être spécialisé dans ce qu'il appelle «l'apiculture spécifique» qui produit plusieurs types de miel avec des arômes et des goûts différents et certainement des vertus diverses dont le miel amère. Il y a aussi les sous-produits apicoles telles que la cire utilisée dans les cosmétiques ou encore la propolis dont les vertus antimicrobiennes sont exaltées et sortent également des ruches. La cire est également commercialisée au niveau de la coopérative des apiculteurs que dirige Hardi. Il reste que ce dernier est passé maître de l'apiculture dans les Collines et les surfaces agrumes, de la formation d'apiculteurs et la création de coopératives d'apiculteurs issues des deux wilayas pour créer le label «miel des plaines» vendre le label «Ruche des Collines» dont fait partie la coopérative Filali Sala de la rue Aux As à Annaba. Ce diplômé en agriculture se bat pour faire connaître le miel de la Plaine de Annaba et Tarf dans toute l'Algérie. Il a investi dans la formation et a apporté sa contribution pour la dotation dans l'équipement des associations d'apiculteurs avec pour objectif d'accroître la production de miel de qualité. En fait, la demande annuelle nationale de miel est importante. Il reste que la production nationale d'à peine 2 quintaux en 2018, est largement en deçà de la demande sur les marchés nationaux et internationaux. Dans la wilaya de Tarf, des milliers d'arbres, d'arbustes et d'herbes qui s'étendent à perte de vue sont des sources de pollen gaspillées. Dans les régions de l'Est en général, Annaba et Tarf en particulier, les plantes sont majoritairement mellifères. L'importance de la filière dans la lutte contre la pauvreté est peu ou mal perçue. En fait, beaucoup de spécialistes du monde agricole estiment que les apiculteurs ignorent les techniques apicoles et/ou manquent de moyens financiers pour s'adonner à l'apiculture. C'est d'ailleurs pourquoi, à chaque fois que l'occasion lui est donné d'en parler, Hardi Dahmane souligne la nécessaire formation des apiculteurs, de leurs équipements, de la distribution des ruches et la construction de miellerie pour développer la production. Toujours est-il que les membres de la coopérative évoquent comme arguments les vols de miel, le vandalisme des ruches, la transhumance sauvage en provenance d'autres régions, de baisse de la production de miel, d'absence de suivi régulier et d'entretien de ruches. Pour l'heure, il est dit que la ruche de Tarf est la vedette comparativement aux autres de la plupart des ruchers dans les régions de l'extrême-Est du pays. Elle permet de piéger et d'apprivoiser les essaims d'abeilles.