Une centaine de personnes seulement ont répondu présents hier à l'appel à manifester lancé il y a quelques jours par le mouvement Mowanata via le réseau social «Facebook». Organisé à la place Maurice Audin sise à la capitale Alger, le rassemblement a été surveillé de près par les forces de l'ordre qui ont occupé les lieux, tôt le matin avant même le début de la manifestation. Arrivé avec quelques minutes d'avance, Sofiane Djilali, président du parti politique «Djil Djadid» n'a pas perdu de temps. Il a déjà improvisé, sur place, une conférence de presse, tentant ainsi d'attirer la foule et l'attention des passants pour les inciter à rejoindre la manifestation. En même temps, les deux autres membres fondatrices de ce mouvement «disant démocratique», à savoir Zoubida Assoul, l'ancienne porte-parole de Mowatana et la fervente militante pour les droits de l'Homme et la liberté en Algérie, Amira Bouraoui se sont rapprochées des citoyens pour leur exposer l'objectif de ce rassemblement qui est de «poursuivre le mouvement des manifestations pacifiques mené par les Algériens à travers tout le territoire national pour réclamer au «président- candidat Abdelaziz Bouteflika de renoncer au cinquième mandat». Ces deux activistes indépendantes en l'occurence Mme Assoul et Bouraoui se sont engagées dans ce nouveau mouvement, baptisé Mowatana au côté d'autres partis de l'opposition et même de journalistes. Une organisation qui rappelle le mouvement «Barakat» créé en 2014 pour contester le 4ème mandat. Scandant ainsi «l'Algérie est libre et démocratique», «la seule voix est celle du peuple qui doit élire librement et dignement son prochain président». Des slogans… Ce qui a attiré la curiosité de certains passants qui ont même rejoint le mouvement dans leur marche, entamée de la place Maurice Audin et orientée vers la Rue Didouche Mourad dans l'intention de rejoindre le boulevard Sacré cœur, situé à quelques kilomètres d'El Mouradia où siège la Présidence, et ce, avant que le mouvement ne soit bloqué par les forces de l'ordre. Ces derniers ont belle et bien encadré la marche en empêchant les manifestants de gagner la Présidence par un dispositif adéquat. Les policiers ont recouru à une riposte proportionnelle, en faisant usage de bombes lacrymogène pour disperser la foule. Des interpellations dans les rangs du mouvement Mowatana et même des manifestants ont été constatées. L'action menée hier par le mouvement Mowatana a suscité, toutefois, des interrogations auprès des citoyens rencontrés sur place. Approchés, en marge de cette marche, certains témoins estiment que «l'appel à manifester du mouvement Mouwatana, organisé après celui du mouvement populaire qui a investi les rues des grandes villes algériennes, se présente comme un test de popularité de Mowatana, plutôt qu'une action politique». Cette action déterminera, également, la capacité de ce mouvement à influencer et à rassembler les foules. Ce qui ne semble pas satisfaisant vu le nombre mitigé de personnes qui ont pris part à la manifestation. «Les Algériens aujourd'hui n'ont pas besoin d'une organisation politique pour réclamer haut et fort leurs droits», commente Nadia, une passante qui n'a pas daigné entrer dans le mouvement, expliquant que «le caractère pacifique qui a accompagné les manifestations de vendredi dernier a témoigné et affirmé le degré de conscience et de maturité du peuple algérien pour réclamer et négocier dans le calme, sans recours à la violence». D'autres témoins ont, toutefois, déploré le recours des forces de l'ordre mobilisés depuis ce matin pour encadrer ce mouvement aux interpellations. «J'aurai voulu que cette manifestation se termine dans le calme et sans incidents», s'exclame Nazim, qui filmait avec son téléphone le déroulement de la manifestation. Audin commençait à se vider. Il ne restait que quelques petits groupes sur place, qui continuaient à protester. Ils s'étaient massés sur les trottoirs. Même les petits rassemblements formés dans les petites ruelles se sont dispersés rapidement. La manifestation a touché à sa fin. La circulation automobile est rétablie après une demi-journée de blocage.