Pour le cinquième vendredi consécutif, des marches et rassemblements populaires pacifiques ont été organisés à Alger et dans plusieurs autres wilayas du pays, réclamant «le changement du système» et appelant à la «préservation de l'unité du pays», reprenant les mêmes slogans scandés lors des précédentes manifestations analogues. A Alger, la mobilisation n'a pas faibli malgré les mauvaises conditions météorologiques. En famille, entre amis ou seuls, ces citoyens, brandissant des fanions et drapeaux aux couleurs nationales ainsi que des banderoles réclamant notamment le «départ immédiat du système en place», ont sillonné plusieurs quartiers d'Alger. Cela a commencé, dès le matin, par des petits groupes de manifestants puis, au fil de la matinée et en début d'après-midi, ce furent des dizaines de milliers de personnes qui finirent par converger pour se rassembler autour de la Grande-Poste, dans les rues environnantes et Place Maurice Audin, la plupart drapés de l'emblème national, parfois sous des averses de pluie. Encore une fois, ils étaient en majorité des adolescents munis pour la plupart, de leurs smartphones pour immortaliser ces «moments historiques» pour les «partager» ensuite sur les réseaux sociaux. Les slogans scandés ont été repris des précédentes marches populaires dont le changement profond du système, le respect de la Constitution, le rejet de la prolongation du mandat présidentiel, le rejet de toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Algérie, la condamnation de la corruption et le soutien à la cause palestinienne avec l'inévitable «Palestine Echouhada». Inévitables également, les chants des supporters habituellement entendus dans les stades lors des derbys algérois. Les marches ont été également marquées par la présence de plusieurs personnalités politiques nationales et des figures du monde de la culture, ainsi que par une présence remarquée des médias. A la Grande-Poste, où les dizaines de milliers manifestants ont convergé pour le rassemblement central et pour scander leurs différents slogans reflétant le pluralisme d'opinions dans la société algérienne qui est désormais une réalité palpable, mais aussi l'esprit patriotique avec l'inévitable hymne national et le chant des moudjahidine Min Djibalina. Les manifestants ont encore une fois fait preuve d'une grande vigilance et d'une prudence qui leur fait honneur, pour empêcher une éventuelle infiltration insidieuse visant à provoquer le chaos et porter atteinte à la paix et à la stabilité, dont jouit l'Algérie et qu'ils tiennent à tout prix à préserver, le dispositif de police a été levé dès la matinée. «C'est un problème familial» et «non à l'ingérence», ressassaient les manifestants, encadrés par un important dispositif des forces de l'ordre qui veillent à tout dérapage. «Silmiya, Silmiya» (Pacifique, pacifique), scandaient d'autres citoyens qui ont exprimé leur détermination à poursuivre ces marches jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Une forte présence de femmes, notamment de jeunes filles et même de vieilles, a été constatée lors de ces manifestations, ponctuées par des youyous qui fusaient de partout, notamment des balcons décorés de drapeaux aux couleurs nationales. Des chants patriotiques sont repris en chœur par les manifestants. Le côté festif et bruyant était présent avec les derboukas et autres instruments de fête qui ont accompagné les slogans ou les chants de stades. Les manifestants ont visiblement fait preuve d'une grande vigilance et d'une prudence qui leur fait honneur, pour maintenir le caractère pacifique. A la Grande-Poste, comme les vendredis précédents, après la dispersion de la grande partie des manifestants, vers 17h, des petits groupes sont restés bien après pour reprendre les chants des stades, appuyés par les automobilistes amusés, qui n'ont pas lésiné sur les coups de klaxons. Dans les autres wilayas, la mobilisation a été aussi au rendez-vous. Des marches similaires auxquelles ont pris part des milliers de citoyens ont été organisées revendiquant le «départ immédiat du système en place» et appelant au «respect de la volonté du peuple», sous l'œil vigilant d'un dispositif de sécurité déployé pour éviter tout dérapage.