L'essoufflement de l'économie algérienne, otage des recettes des hydrocarbures persisterait durant l'année 2019. Un constat alarmant, justifié par la situation actuelle du pays qui traverse une crise politique controversée et sans précédents. Une conjoncture qui a provoqué l'inquiétude des institutions financières internationales, préoccupées par l'évolution négative de l'économie algérienne. Dans sa dernière note, les experts du groupe de la Banque Mondiale (BM) qui a abaissé sa prévision pour la croissance de l'économie algérienne en 2018 à 1,5% contre 2,5% anticipé en octobre dernier. Cette révision intervient à un moment où l'économie nationale est perdue entre les fluctuations des prix du pétrole et l'exploitation anarchique des potentialités industrielles disponibles sur le marché. Depuis plusieurs mois, l'Algérie fait face au ralentissement des investissements hydrocarbures engendrant le recul de la production et la baisse des recettes du secteur. «On estime que cette dernière se situait à 1,5 %, alors que des projections établies en octobre 2018 la plaçaient à 2,5 %, avant que l'ampleur de la baisse de la production d'hydrocarbures ne soit avérée «, précise l'institution de Bretton Woods dans ce rapport publié à la veille des réunions de printemps du FMI et de la BM. L'avènement de la crise politique n'arrange en rien la situation économique et financière du pays si ce n'est de la compliquer davantage. La dépendance dangereuse de l'Algérie à la rente pétrolière a toujours été pointée du doigt par les experts nationaux et internationaux qui ont toujours appelé à l'urgence de réformer le secteur et diversifier l'industrie du pays afin d'augmenter la croissance économique du pays réprimé en un chiffre. Elle peine à décoller. «Malgré une augmentation substantielle du budget de l'Etat et un prix du pétrole plus élevé qu'attendu, le ralentissement marqué de la production d'hydrocarbures (4,2 %) a entravé la reprise de la croissance en 2018», a souligné la banque mondiale dans son bulletin économique semestrielle pour la région Mena. En dépit de leurs prévisions pessimistes, les auteurs de ce rapport de la banque mondiale, croient encore en le redressement de la situation économique de l'Algérie en raison de la reprise des prix du pétrole constatée cette dernière semaine, enregistrant un niveau historique depuis le mois de novembre dernier. Un rebondissement qui pourrait relancer certains investissement dans certains produits stratégiques du pays. Sur ce, la BM précise que «grâce à une demande solide, une croissance robuste a été enregistrée dans l'agriculture (6,9 %), la construction (4,6 %) et les services non gouvernementaux (3,8 %). Le rééquilibrage budgétaire pourra reprendre au second semestre de 2019». Cependant pour maintenir cette évolution et ce trend, les pouvoirs publics devraient intervenir dans l'urgence pour rééquilibrer la participation de chaque secteur au développement de l'économie du pays. Par ailleurs, elle estime qu' «il faut s'attendre à un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l'année 2019, neutralisant une légère augmentation de la production d'hydrocarbures. En conséquence, la croissance du PIB réel est attendue à 1,9 % cette année compte tenu d'un prix du pétrole plus bas, anticipe la BM ». Se basant sur les dernières statistiques et estimations portant sur l'amenuisement des caisses de l'Etat, la BM s'attend à une aggravation des déficits budgétaires et courant qui devraient atteindre respectivement 8,5 et 8,1 % du PIB. L'inflation restera contenue. Samira Takharboucht