La mise en place de deux conseils de transition dont l'un sera dirigé par des militaires et l'autre par des civils pour la gestion de la période précédant l'organisation à terme d'une présidentielle démocratique au Soudan, est pour les médiateurs la meilleure solution pour dépasser l'impasse dans les pourparlers entre les deux parties. «Elle est même la seule option à même de satisfaire les deux parties divergeant essentiellement sur la composante du Conseil de transition", affirme-t-on. "Le conseil dirigé par les militaires sera en charge des questions concernant les aspects sécuritaires du pays, tandis que celui dirigé par les civils sera chargé de la gestion des affaires courantes", selon Omar Al-Digeir, membre de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) cité par des médias, ajoutant que les prérogatives exactes des deux conseils ne sont pas encore arrêtées. Les pourparlers entre les deux parties ont été suspendus en raison de refus du Conseil militaire de la mise en place d'une autorité composée à membre égal avec les civils et la volonté de ce dernier de présider ladite autorité. Les deux préalables de l'armée ont poussé les meneurs de la contestation à renouer avec les manifestations et la mobilisation. Jeudi dernier, les rues de Khartoum ont vu se dérouler une marche "millionnaire" à l'appel du mouvement de contestation. "Nous appelons à une marche d'un million (de manifestants) le 2 mai pour affirmer notre principale revendication, qui est celle d'un pouvoir civil", a déclaré dans un communiqué l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), groupe en première ligne de la contestation. Les pourparlers avec le Conseil militaire ne peuvent aboutir à rien, selon les contestataires. «Le conseil militaire n'est que le prolongement du régime d'el-Bachir avec qui il est impossible de négocier ou de se mettre d'accord sur quoi que ce soit», avait déclaré Ahmed al-Rabia, figure de l'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation au Soudan. La proposition des médiateurs est la deuxième qui se présente au soudan au cours de ces derniers jours. Elle intervient après l'appel qu'a lancé mercredi dernier par Sadek al-Mahdi, un des leaders de l'opposition au Soudan et ex-Premier ministre à l'endroit des Soudanais, leur demandant de faire prévaloir la sagesse et la non-provocation des militaires lesquels, a-t-il dit, finiront par abdiquer et céder le pouvoir pacifiquement. «Nous ne devrions pas provoquer le Conseil militaire (de transition) en essayant de priver (les militaires) de leur légitimité et du rôle positif qu'ils ont joué dans la révolution», a déclaré Sadek al-Mahdi. «Il ne faudrait pas en arriver à un point où il deviendrait nécessaire à leurs yeux d'affirmer (leur autorité) autrement», a ajouté ce vétéran de la politique soudanaise. La gestion de la transition par des civils est, pour rappel, un préalable pour les Soudanais qui continuant à se rassembler au quotidien devant les alentours du quarter général de l'armée depuis l'éviction du président Omar el-Bachir du pouvoir le 11 avril dernier.